VOICES OF THE COSMOS – De Revolutionibus MMXXIII
Un ami qui m’est cher m’a fait remarquer que si je n’appréciais pas la musique électronique expérimentale, c’est parce que je n’en connaissais pas les codes et les clés. Il est vrai que j’ai plus souvent tendance à considérer l’exercice comme un bidouillage technique pour amateurs de sons que comme un véritable effort artistique destiné aux amoureux de la musique et je m’en excuse auprès de celles et ceux d’entre vous qui apprécient la chose. Mais comme on ne peut pas tout aimer (ni tout comprendre), j’évite autant que je le peux d’émettre des avis sur les plaques du genre qui sont déposées dans la boite aux lettres de notre magazine par les artistes/techniciens, aussi talentueux soient-ils.
J’ai quand même envie de faire une exception et de vous présenter « De Revolutionibus MMXXIII« , le cinquième album studio du duo polonais Voices Of The Cosmos, paru chez Gusstaff Records le 9 février 2024. N’allez pas imaginer que j’ai enfin découvert les codes et les clés permettant d’ouvrir l’accès au royaume de la musique électronique. Je trouve seulement que l’idée qui se cache ce projet est aussi intéressante qu’originale.
« De Revolutionibus MMXXIII » est le fruit d’une collaboration entre le duo de compositeurs Rafał Iwański et Wojciech Zięba et deux artistes/ingénieurs du son : Piotr Żuralski (membre du duo Kompozyt) et Szymon Szwarc (connu en Pologne pour ses projets Rozwód et Ski). Tous sont originaires de la ville de Toruń, célèbre dans le monde entier pour son passé historique, puisqu’elle fut, en 1473, le lieu de naissance de l’astronome Nicolas Copernic, ardent défenseur de la théorie de l’héliocentrisme (NDR : selon laquelle la Terre tourne autour du Soleil). Et c’est donc dans le but de célébrer dignement le 550e anniversaire de la naissance de leur célèbre compatriote que les quatre artistes ont uni leurs talents aux compétences scientifiques d’un astronome local appelé Sebastian Soberski (du planétarium et de l’observatoire astronomique de Grudziądz et de l’institut d’astronomie de l’université Nicolaus Copernicus de Piwnice, près de Toruń), pour créer 45 minutes d’une musique ambiante électronique et électro-acoustique très originale, puisqu’elle utilise, en plus des manipulation artificielles inhérentes au style, toute une série de véritables signaux sonores extraterrestres provenant de pulsars, de la magnetosphère des planètes, du système solaire, de la collision de trous noirs, d’aurores boréales, etc., captés à l’aide d’un radiotélescope (comprenant une antenne satellite d’un diamètre de 32 mètres).
Le résultat, on s’en doute, est à la fois étrange et merveilleux. Ambiant, planant, cosmique mais aussi reposant et merveilleux, il devrait autant enchanter les amateurs de curiosités sonores, que les scientifiques en herbe et ceux qui rêvent de grands espaces intersidéraux.
Notons, pour terminer que sous ses dehors de bande son pour le prochain épisode de la guerre des étoiles, le projet est plutôt sérieux puisqu’il a été cofinancé par la ville de Toruń, qu’il a bénéficié d’une bourse du ministère de la culture et qu’il a été présenté dans de nombreuses institutions scientifiques ainsi que dans des festivals musicaux sous la forme de concerts audio-visuels.
Une intéressante découverte donc pour celles et ceux d’entre vous qui possèdent les codes de la musique électronique et pour ceux qui, comme moi, ont un petit vaisseau spatial dans la tête !
- « Ylem » (03:14)
- « De Revolutionibus » (03:00)
- « Electromagnetic Pulse » (08:11)
- « Cosmic Structures » (05:58)
- « Degeneres Res » (03:45)
- « Planet Zero » (05:41)
- « Gravitational Collapse » (06:30)
- « Apeiron » (04:56)
- « Cold Dark Matter » (03:38)
Pays: PL
Gusstaff Records GRAM2405
Sortie: 2024/02/09