QUICKSILVER MESSENGER SERVICE – Live at the Old Mill Tavern, March 29 1970
Quicksilver Messenger Service est, avec Grateful Dead, Jefferson Airplane et Big brother & The Holding Company l’un des quatre piliers fondamentaux de la scène psychédélique et acid rock de San Francisco des années 1965-70. L’une des raisons principales de l’importance capitale qu’a revêtue ce groupe dans l’histoire du rock psychédélique est le talent surhumain du guitariste John Cipollina (1943-1989). Cipollina n’était pas un rapide, il ne dévalait pas le manche à la façon d’un Hendrix ou d’un Jeff Beck. Mais il posait sur ses cordes un doigté qui faisait jaillir des notes brisées, aigrelettes, fragiles, participant à la construction d’ambiances aériennes semblant n’exister que par un souffle bancal et mourant.
Un amateur de rock digne de ce nom ne peut se regarder dans une glace s’il ne possède pas dans sa discothèque l’album live « Happy Trails », sommité enregistrée au cours de passages de Quicksilver Messenger Service aux Fillmore East et West de New York et San Francisco. Dans ce disque majeur, le groupe se livre à une déclinaison en 25 minutes du fameux « Who do you love » de Bo Diddley, résumant en un seul exercice toutes les tables de la loi en matière de blues-rock psychédélique. Et John Cipollina s’y révèle divin, aux côtés de ses camarades David Freiberg (basse, claviers et chant), Greg Elmore (batterie et chant) et Gary Duncan (guitare et chant).
Le quatuor s’est parfois étendu à d’autres musiciens au cours de la carrière de Quicksilver, dont la discographie historique se résume à huit albums : « Quicksilver Messenger Service » (1968), « Happy trails » (1969), « Shady grove » (1969), « Just for love » (1970), « What about me » (1970), « Quicksilver » (1971), « Comin’ thru » (1972) et « Solid silver » (1975). On voit ainsi passer Dino Valente à la guitare entre 1971 et 1975, ainsi que le légendaire pianiste anglais Nicky Hopkins de 1969 à 1971.
La drogue a semé le désordre chez Quicksilver Messenger Service, qui a connu des hauts et des bas dans son histoire. John Cipollina est absent pour l’album « Comin’ thru », qui confirme en 1972 que le groupe est en perte d’inspiration. L’histoire de Quicksilver se termine en 1975 et la Faucheuse a fait valoir ses droits en emportant Cipollina, Valente et Hopkins. Depuis, Gary Duncan et David Freiberg animent des résurrections plus ou moins temporaires du groupe, qui est redevenu permanent à partir de 2006.
Quicksilver Messenger Service, c’était aussi des prestations live extraordinaires, laissant la place à de longues improvisations bluesy où tous les musiciens mettaient en exergue leurs extraordinaires talents. De nombreux concerts posthumes ont ainsi vu le jour et ce « Live at the Old Mill Tavern » vient s’ajouter à la liste. C’est un concert capté en mars 1970, soit entre les albums « Shady grove » et « Just for love ». On s’attend donc à trouver des titres de ces albums, voire des précédents, mais la chose étonnante est que Quicksilver joue ici de nombreux morceaux qui sortiront sur les ultérieurs « What about me » et « Quicksilver ». On trouve quand même « Mona », autre reprise de Bo Diddley qui figurait aussi sur « Happy trails ».
Il est donc intéressant d’écouter des titres peu courants du Service, comme « Subway », « The truth », « Baby baby » ou « Rain », en plus d’une version de huit minutes de « Mona » et deux jams blues qui s’étendent ensemble sur plus de vingt minutes. On ne peut donc que remercier le label Cleopatra Records qui sort ce petit joyau des couloirs du temps. Mais il y a quand même un sérieux reproche à faire, du fait d’un son indigne, étouffé et plat. Le truc a sans doute été sorti d’une bande pirate mais aurait incontestablement gagné à être nettoyé et remastérisé dans les règles de l’art. Bon, ceci dit, ça reste écoutable mais le fan de Quicksilver que je suis a sans doute été déçu en raison des grandes attentes générées par un live de John Cippolina et ses sbires. Je donne néanmoins une note acceptable du fait de la performance remarquable du groupe lors de ce concert (et le joli livret documenté du CD), mais cette note aurait pu être maximale si le son avait été à la hauteur.
Pays: US
Cleopatra Records
Sortie: 2013/08/27