L'évaluation des lecteurs
Comme j’avais eu l’occasion de l’écrire dans mon compte rendu du concert de Delain à la Rockhal de Luxembourg, la formation de Martijn Westerholt a profité de la tournée «Masters Of Destiny» (qui reprend d’ailleurs début février avec 4 dates au Royaume-Uni) pour tester en live plusieurs morceaux de son nouvel opus, «Apocalypse & Chill» qui sort ce vendredi 7 février 2020. Il s’agit du 6e album de la formation batave (en 14 ans de carrière), qui succède à l’excellent «Moonbathers» de 2016. Reste à savoir si cet album très attendu par les fans répond à toutes les attentes.
L’album démarre en puissance avec un morceau bâti sur une rythmique solide: «One Second» où Timo brille non seulement par son talent guitaristique, mais aussi par ses talents vocaux puisqu’il partage ici le micro avec Charlotte d’égal à égal. Preuve sans doute de la place de plus en plus grande qu’il prend au sein du groupe. Et c’est d’ailleurs plus que mérité.
«We Had Everything» et «Chemical Redemption» sont des titres dans le plus pur style delainien, qui surfent sur le mode « dansant ». L’orchestration endiablée est très présente et la voix de Charlotte sous-utilisée. Très accrocheurs, ces titres vous donnent l’impression de les (re)connaître dès la première écoute. Preuve s’il en est que Delain a le sens de la mélodie catchy, dans un style très personnel à la croisée du métal et de la pop, avec des connotations parfois électro et dance comme ici. Mais malgré une production impeccable, il y a un petit côté « déjà entendu »… Si ces deux morceaux s’écoutent sans déplaisir, ils sont un peu plus « passe-partout » que le reste.
«Burning Bridges» est toujours dans le registre dansant, mais est animé par un arrangement musical énergique. La voix de Charlotte est ici beaucoup mieux mise en évidence. Quand on a sous la main un joyau tel que la voix de Charlotte, il lui faut un écrin magistral comme ce superbe morceau accompagné d’un chœur qui lui donne une dimension encore plus grandiose.
«Vengeance» ouvre sur une très belle nappe de synthé sur laquelle viennent ensuite se greffer les autres instruments pour raconter la fin d’une relation de couple. La voix masculine est celle de Yannis Papadopoulos de Beast In Black. Sans doute un futur classique du groupe.
«To Live Is To Die» se démarque par son orchestration grandiose et l’intervention de chœurs qui donnent une dimension plus ample à l’ensemble. «Let’s Dance» est un autre de ces titres delainiens où le son électro est très présent et où la rythmique est telle que les morceaux semblent surtout conçus pour faire danser le public. Tout est dit dans le titre du morceau!
«Creatures» marque un point de basculement vers des titres plus profonds et plus propices aussi à mettre en valeur la voix de la sirène d’Utrecht. Le choeur est présent ici aussi, magnifiant l’effet de cet excellent titre. Charlotte lâche enfin sa voix et nous fait profiter de ces magnifiques envolées dont elle a le secret.
«Ghost House Heart» est un autre petit bijou, sans doute un des meilleurs titres de l’album. Démarrant sur un piano doux et la voix de Charlotte, ce morceau nous plonge dans une ambiance comme teintée d’une nostalgie belle et envoûtante. Sa construction est presque cinématographique, le violon venant épouser de ses accents mélodiques les lignes vocales de l’artiste. Un morceau court que j’avoue avoir réécouté en boucle, tant je trouve son univers sonore magnifique.
Arrive ensuite ce qui est peut-être un des trois meilleurs morceaux de la discographie du groupe, sinon le meilleur. Je veux parler de l’incroyable «Masters Of Destiny» et de l’hallucinante montée en puissance de la voix de Charlotte. Celle-ci libère sa voix telle une déesse de la nature libérant le déchaînement des éléments… Filmé en Islande dans des décors naturels somptueux qui ajoutent encore à la magie de ce morceau, le clip enregistre déjà 2,6 millions de vues sur YouTube. Que dire devant une telle perfection, une telle puissance, un tel tsunami mélodique.
La qualité exceptionnelle de ce titre est indéniablement lié à la place prépondérante qui est accordée aux prouesses vocales de Charlotte. Cette dernière prouve ainsi une fois de plus qu’elle compte parmi les plus grandes artistes du genre.
Pas facile d’embrayer là-dessus. Pourtant, «Legions Of The Lost» relève le défi avec succès. Un riff de guitare très acéré en guise d’intro cède ensuite la place à une rythmique et un son qui fait penser un court instant au cultissime «Sever» du premier album. L’arrivée du choeur dirige ensuite le morceau vers sa mélodie propre. Un morceau étincelant comme Delain sait en produire. Contrairement à certains titres de la première moitié de l’album, l’équilibre est ici parfait entre le côté métal et le côté plus pop.
Martijn est un grand pianiste, comme nous le rappelle encore la magnifique intro de «The Greatest Escape». Bien vite les autres instruments arrivent à la rescousse pour nous proposer un titre estampillé 100% Delain qui utilise la voix de Charlotte comme instrument à part entière. Très jolie composition, dont les contours sont à nouveau mis en valeur par un violon tout en finesse.
Assez étonnamment, l’album s’achève sur un instrumental «Combustion» qui permet à Timo de nous faire savourer sa virtuosité à la guitare. Après un début plutôt calme, le rythme s’accélère et devient plus haché, presque comme dans la musique prog. Assez inhabituel chez Delain.
En résumé, un album magnifiquement produit qui exploite les deux grandes facettes de la musique du groupe: le côté dansant (dans la première moitié) et le côté vocal (dans la seconde moitié). La première moitié de l’album me semble globalement un peu moins inspirée, à l’exception notable de titres comme «One Second», «Burning Bridges» et «Vengeance». Il faut dire que la seconde moitié de «Apocalypse & Chill» est d’un tel niveau de réussite, qu’il éclipse fatalement certains titres de la première partie (ceux où la voix de Charlotte est ensevelie sous les instruments). Les compositions sont pour la plupart de véritables pièces d’orfèvrerie, comme en témoigne le souci du détail apporté aux arrangements musicaux de chaque morceau. Notons aussi la présence d’un chœur qui amène un souffle épique sur plusieurs titres. Et la voix de la toujours aussi charmante Charlotte qui continue de monter en puissance, pour le plus grand bonheur de tous les fans!
Le groupe :
- Charlotte Wessels (chant)
- Martijn Westerholt (claviers)
- Otto Schimmelpenninck van der Oije (basse)
- Joey Marin de Boer (batterie)
- Timo Somers (guitares)
Les titres de l’album :
- One Second (3:37)
- We Had Everything (4:08)
- Chemical Redemption (4:39)
- Burning Bridges (4:14)
- Vengeance (4:52)
- To Live Is To Die (3:47)
- Let’s Dance (4:07)
- Creatures (3:39)
- Ghost House Heart (2:59)
- Masters Of Destiny (4:53)
- Legions Of The Lost (5:17)
- The Greatest Escape (4:26)
- Combustion (5:25)
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Napalm Records
Pays: NL
Label: Napalm Records
Sortie: 2020/02/07
Lu: 231
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