DE PROFUNDIS – The corruption of virtue
Sortez les pelles et les pioches, on va creuser quelques nouveaux trous dans le cimetière du death metal afin d’y faire des appels aux morts. Et pour cela, rien de mieux qu’un petit album de De Profundis pour nous donner du courage. Ce groupe signe ici son sixième album et se pose encore une fois comme une valeur sûre du death anglais. Le nom vient apparemment d’une chanson d’Abruptum, mythologique combo suédois du début des années 1990 mais il faut aussi se souvenir que le De Profundis est tout simplement la prière des morts que l’on retrouve dans le psaume 129 de l’ancien Testament (ʺDe profundis clamavi ad te, Domine; Domine, exaudi vocem meam. Fiant aures tuae intendentes in vocem deprecationis meaeʺ, etc, n’importe quel bon catholique connaît tout ça par cœur).
On ne sait pas si Craig Land a fait sa communion solennelle mais toujours est-il qu’il est le patron de De Profundis depuis 2005, après avoir servi les intérêts funestes de Malignant Saviour, un trio death metal sud-africain ayant commis son unique album en 1997. Car en effet, Craig Land est d’origine sud-africaine et il conclue un jour que le death metal à plus d’avenir à Londres qu’au pays des Zoulous, d’où sa migration vers la capitale anglaise.
De Profundis va voir passer du monde dans ses rangs. Une première formation composée de Craig Land (chant), Joel Wheeler (basse), Paul Westwood (batterie), Roman Subottin (guitare) et Charles Allin (guitare) est rapidement dispersée avant même la sortie du premier album ʺBeyond redemptionʺ en 2007. De la formation ayant sévi sur cet album, seul le guitariste Soikot Sengupta est encore présent dans De Profundis aujourd’hui. On trouve aussi Soikot Sengupta dans les rangs de Monument Of Misanthropy, un groupe ayant sorti récemment son deuxième album ʺUnterwegerʺ et qui comprend aussi Paul Nazarkardeh, guitariste présent chez De Profundis depuis 2013.
Au fil des albums ʺA bleak reflectionʺ (2010), ʺThe Emptiness withinʺ (2012), ʺKingdom of the blindʺ (2015), ʺThe blinding light of faithʺ (2018) et le nouveau ʺThe corruption of virtueʺ (2022), les postes de bassiste et surtout de batteur ont bien valsé. Si les bassistes Aleksej Obradović (2006-2009) et Arran McSporran (2009-2020) ont pu assurer une certaine stabilité, on dénombre pas moins de cinq batteurs ayant survolé la groupe jusqu’à l’arrivée de Tom Atherton en 2014. Enfin, cette année, c’est Steve Woodcock (également dans Linear Sphere) qui a hérité de la quatre-cordes.
Et il faut dire que ce choix est très pertinent car c’est la basse que l’on distingue tout de suite des autres instruments quand on s’attaque à ʺThe corruption of virtueʺ, nouvelle livraison particulièrement brutale ayant trouvé refuge chez le label Transcending Obscurity. Steve Woodcock manipule effectivement ce qu’on appelle un Chapman Stick, une guitare qui ne ressemble qu’à un long manche et qui possède dix cordes, une moitié en mélodique et une autre moitié en basse. Cela donne des effets stupéfiants en rapidité et en fluidité, idéal pour tenir le rythme particulièrement nerveux des chansons de De Profundis. Le groupe livre en effet un death metal couillu dénonçant principalement les méchancetés du totalitarisme et des religions organisées. Des morceaux comme lé poétique ʺRitual cannibalismʺ, ʺReligious cancerʺ ou le final ʺThe sword versesʺ sont particulièrement efficaces. Sous les aspects rugueux du chant, on profite en fait d’une belle technicité des instruments car les guitares et la batterie rivalisent de doigté avec la basse.
ʺThe corruption of virtueʺ est le deuxième album à sortir sur le label Transcending Obscurity, après l’excellent ʺThe blinding light of faithʺ. C’est un joli doublé qui permet de reconnaître en De Profundis un groupe qui a désormais trouvé ses marques dans un death metal tout aussi brutal que technique.
Le groupe :
Craig Land (chant)
Soikot Sengupta (guitare)
Paul Nazarkardeh (guitare)
Tom Atherton (batterie)
Steve Woodcock (basse)
L’album :
ʺRitual Cannibalismʺ (03:34)
ʺSectarian Warfareʺ (04:09)
ʺRelentless Marchʺ (04:47)
ʺWeaponised Rapeʺ (04:08)
ʺEmbrace Dystopiaʺ (04:35)
ʺDesecrating Innocenceʺ (04:55)
ʺReligious Cancerʺ (03:20)
ʺScapegoatʺ (04:03)
ʺThe Sword Versesʺ (04:59)
https://deprofundisband.bandcamp.com/
https://www.facebook.com/deprofundistheband/
Pays: GB
Transcending Obscurity
Sortie: 2022/10/07