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The Dears : Lovers Rock, finally…

La cinquième aura finalement été la bonne pour The Dears dont le concert au Botanique était prévu en… avril 2020. Quatre reports nous auront donc été imposés avant de découvrir sur scène “Lovers Rock”, un album publié en pleine pandémie mondiale.

Si le support initial avait été réservé à Perfect Son, c’est bien Tom McClung aka Francis Lung qui les accompagne sur cette tournée européenne. Cela tombe bien, la Rotonde est justement la seule salle du complexe manquante à son tableau de chasse. Il a en effet joué à l’Orangerie en 2012 au sein de WU LYF et sous son propre pseudo au Witloof Bar en 2019. Ce soir, il va se produire en solitaire et tout de blanc vêtu devant un public plus que respectueux, ce qui le changera d’une chaotique expérience la veille au Rotown de Rotterdam.

S’exprimant dans un français impeccable (il habite désormais dans la campagne Nantaise), cet attachant personnage va convertir avec un enthousiasme non dissimulé les spectateurs présents via sa guitare et ses comptines aux arrangements délicieusement désuets. On pense à Belle And Sebastian par exemple, mais également à du Radiohead ou du I Like Trains dépouillé. Des versions acoustiques, certes, mais auxquelles il est compliqué de résister, d’autant qu’il déclame distinctement ses textes. La plupart sont extraites de son tout nouvel EP, “Short Stories”, dont le succulent “2p Machine” où il met en avant non sans humour les lunaparks de Blackpool. Notre soirée était déjà réussie…

Plus de cinq ans après leur dernier passage en Belgique (c’était dans cette même salle en février 2017), les Canadiens de The Dears reprennent donc des couleurs après deux années particulièrement compliquées. Deux années qui les ont vus désespérément cantonnés dans leur pays d’origine et pendant lesquelles ils n’ont jamais pu défendre sur scène “Lovers Rock”, leur dernier album en date publié en mai 2020. Inutile de vous dire qu’ils étaient particulièrement chauds au moment de monter sur scène.

Et c’est précisément avec un extrait de celui-ci, “We’ll Go Into Hiding”, que les choses se mettront en place. Un titre intense tout en crescendo dont ils ont le secret et qui démontre qu’ils n’ont rien perdu de leur pouvoir créatif. Il s’agira curieusement d’un fait presqu’isolé car mis à part un orchestral “Instant Nightmare!” en fin de set, ils se concentreront plutôt sur leur back catalogue.

Comme à sa bonne habitude, l’impressionnant Murray Lightburn entretient l’élégance qui le caractérise. Complet costume sombre et lunettes de soleil indéboulonnables, il monopolise l’attention à défaut de transcender les morceaux au moyen de sa guitare. Une balance hasardeuse mettra ainsi davantage l’accent sur la batterie (et plus particulièrement la caisse claire), reléguant les autres instruments au second plan tout en générant une frustration palpable au sein du public.

Positionnée à sa droite, la claviériste Natalia Yanchak fait sensation avec ses chaussures à paillettes. Mais à ce moment, sa moitié tant sur scène que dans la vie fait preuve d’une certaine discrétion, à l’exception dans un premier temps de quelques chœurs, notamment sur “Who Are You, Defenders Of The Universe”. Tiré de l’excellent “No Cities Left” qui les as révélés au yeux du monde indie au milieu des années 2000, il confirme notre flair de l’époque.

S’il reste la pierre angulaire de leur discographie, il ne faut pas sous-estimer le suivant, “Gang Of Losers”, publié en 2006. Moins accessible, il recèle pourtant de perles dont la set-list sera jalonnée ce soir. On pense ainsi à l’enlevé “Hate Then Love” sur lequel le leader suivra la rythmique au tambourin et au sautillant “Whites Only Party” au terme duquel il laissera tomber la veste, révélant un pull à col roulé blanc immaculé.

Au rayon des incontournables de la soirée, pointons un “5 Chords” digne des meilleurs moments de leurs compatriotes Arcade Fire et “Here’s To The Death Of All The Romance” un rien trop pop que pour se ranger dans la même catégorie. En revanche, “Onward And Downward” sonne comme si Lenny Kravitz avait demandé à Dido de chanter “I Belong To You”. Ceci dit, la seconde voix signée Natalia sur “Of Fisticuffs” rattrapera bien vite la sauce, rehaussé d’un solo de guitare enfin audible et parfaitement mis en avant. Dans la foulée, c’est même elle qui domptera d’impeccable manière le précité “Instant Nightmare!” en y posant élégamment sa griffe.

La fin du set sera quant à elle plus classique, constituée tout d’abord de deux bombes issues de “No Cities Left” : le troublant et parfaitement dosé “The Second Part” suivi de l’incontournable “Lost In The Plot” à l’efficacité toujours aussi redoutable. Très taiseux jusque-là, le leader deviendra tout d’un coup prolixe, tout en réaccordant sa guitare au moment d’entamer les rappels seul sur scène et de nous gratifier d’un “There Goes My Outfit” acoustique non mentionné sur la set-list. Le reste du groupe le rejoindra ensuite pour un “You And I Are A Gang Of Losers” sans grand éclat, au contraire d’un intense “22: The Death Of All The Romance” empreint de sonorités sixties, boosté par une interaction optimale entre Murray et Natalia. (20)22: The Dears sont toujours bel et bien là…

SET-LIST
WE’LL GO INTO HIDING
WHO ARE YOU, DEFENDERS OF THE UNIVERSE
HATE THEN LOVE
WHITES ONLY PARTY
5 CHORDS
DISCLAIMER
HERE’S TO THE DEATH OF ALL THE ROMANCE
ONWARD AND DOWNWARD
OF FISTICUFFS
INSTANT NIGHTMARE!
THE SECOND PART
LOST IN THE PLOT

THERE GOES MY OUTFIT
YOU AND I ARE A GANG OF LOSERS
22: THE DEATH OF ALL THE ROMANCE

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