Jessica93 vs Covid-19
On ne le savait pas encore mais le concert de Jessica93 à la Rotonde était l’un des derniers au Botanique. En tout cas jusqu’à la fin du lockdown imposé par les autorités en vue d’éradiquer la progression du Coronavirus.
Un virus qui n’hésiterait pas à faire demi-tour devant les compositions nerveuses et punky de Warm Exit. Les représentants de l’écurie Rockerill étaient en effet programmés en prélude de la soirée et n’ont pas laissé passer l’occasion d’en balancer plein la figure aux spectateurs arrivés bien à l’heure.
Outre une voix saturée qui leur donne un aspect crasseux, la rythmique infernale caractérise des titres que l’on dirait sortis tout droit d’une compilation Nuggets. Ajoutez-y une sporadique seconde voix féminine légèrement noyée, des claviers vintage et des effets stroboscopiques soutenus pour un résultat énergique. Dommage qu’après une dizaine de minutes, l’impression de tourner en rond ne nous quitte pas.
“Guilty Species”, le dernier album en date de Geoffroy Laporte alias Jessica93 date déjà de 2017. L’année suivante, on l’a notamment vu chez Madame Moustache et au PacRock. Des prestations pendant lesquelles il se produisait seul, ce qui avait pour conséquence de ne pas rendre justice à ses excellents albums. Ce soir, pourtant, une batterie trône sur scène et cela va tout changer.
En effet, le musicien généreusement moustachu qui s’installera derrière les fûts justifiera directement son salaire en complémentant de façon très carrée son Boss. Celui-ci, longue chevelure au vent et entouré de retours, alternera guitare et basse en utilisant abondamment la technologie des loops dont il est devenu un expert au fil des tournées en solitaire.
Le son de Jessica93, ce sont des riffs tranchants au service d’un environnement noisy délicieusement glacial, un groove hypnotique et des beats métronomiques bourrés d’effets. Sans oublier une voix rocailleuse délibérément mise en retrait et des parties instrumentales captivantes. On pense ainsi autant à la vague grunge (“Bed Bugs”) que cold wave à tendance gothique (“Asylum” fait très Sisters Of Mercy sans les fumigènes).
Le tout agressif dans le bon sens du terme, à l’instar de l’excellent “Away” qui schématisera parfaitement ce condensé d’influences. Mais à raison de seulement sept morceaux en un peu moins d’une heure, on restera quelque peu sur notre faim. D’autant que des concerts, dans la situation actuelle, on n’est pas près de s’en remettre sous la dent…