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Dour Festival 2022 (part 1) : It’s good to be back !

Au terme de trente-six mois d’une attente interminable, le Dour Festival est revenu plus grand et… plus long que jamais. En tout cas pour les campeurs qui ont eu la possibilité d’entamer leur périple dès le lundi midi au son de soundsystems exclusifs, entre deux activités récréatives spécialement sélectionnées pour eux.

Un premier CampFest réussi, pierre initiale d’un bilan global particulièrement positif. En termes de fréquentation et d’espace tout d’abord avec 223.000 festivaliers cumulés qui ne se sont jamais bousculés (en dehors des pogos) sur un site frôlant désormais les 170 hectares. En termes de sécurité et de bienveillance ensuite via la présence d’équipes de vigiles et de premiers soins proactives. Sans oublier une météo estivale qui, tout aléatoire soit-elle, participe grandement au ressenti de l’événement.

Le seul point d’attention à nos yeux concerne la propreté du site en deuxième partie de soirée. Autant des bénévoles vêtus de vert s’activent minutieusement pendant la journée, autant les détritus s’accumulent pendant que les poubelles débordent dès leur service terminé. Mais on a déjà connu des expériences bien pires à l’époque, il convient donc de relativiser. Autre amélioration notoire, le nombre d’urinoirs revu à la hausse, épargnant du même coup les bâches désormais moins souillées.

Au rayon des nouveautés, on a craqué sur le Square, nouvel endroit à la philosophie rappelant feu le bar du petit bois sur le site de la machine à feu. Un espace intimiste rafraîchi par des brumisateurs au sein duquel des émissions de radio, des rencontres et des DJ sets se succèdent. Des tables et des transats le transforment par ailleurs en une oasis de détente à l’abri des décibels de la Last Arena toute proche.

Reste l’affiche à la direction sensiblement plus électronique et urbaine que par le passé. Un choix délibéré qui, s’il a tendance à perturber les habitués du festival, a le mérité de les emmener hors de leur zone de confort. Voici donc, dans l’ordre chronologique, nos moments marquants de la première partie du festival.

Star Feminine Band (La Petite Maison dans la Prairie)
Les sept jeunes Béninoises ont eu l’honneur d’ouvrir les festivités et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elles l’ont fait avec un sourire et un cœur grands comme ça. Signées sur le célèbre label parisien Born Bad Records, elles mélangent avec bonheur des instruments traditionnels (surtout basés sur des percussions) et ceux d’un groupe de rock. Fières de leurs racines comme le montre leurs robes et leurs pas de danse, elles mettent en avant harmonies vocales, chorégraphies et même jongleries. Le tout avec un enthousiasme communicatif et une musique ensoleillée qui ne donne qu’une seule envie : celle de bouger le popotin.

 

Echt! (La Petite Maison dans la Prairie)
Après quelques prestations sans faille (notamment en support de Glass Museum aux Nuits du Bota version Covid en 2020), le collectif bruxellois nous avait laissés sur notre faim l’an dernier au Micro Festival. Leurs influences electro-jazzy semblaient en effet s’être dissipées au profit d’une vibe davantage hip-hop. Un sentiment amendé ce soir grâce à la présence ponctuelle d’une section de cuivres mais aussi par le flow, sur deux titres, d’Ashley Morgan. Une association pour le moins réussie qui pourrait leur ouvrir de nouveaux horizons. En tout cas, le dancefloor était le dénominateur commun d’une fin de set lorgnant par moments vers une techno retenue mais diablement efficace.

 

Charlotte Adigéry & Bolis Pupul (La Petite Maison dans la Prairie)
Récemment, Rough Trade a publié son classement intermédiaire des meilleurs albums de l’année. Et parmi cette liste se trouve “Topical Dancer”, le premier effort commun de Charlotte et Bolis, sorti chez Deewee, le label de Soulwax. Loin d’être des inconnus (elle ouvre, avec “The Best Thing”, la BO du film Belgica, il fait partie de Hong Kong Dong aux côtés de sa sœur Sara et de Geoffrey Burton), ils se retrouvent propulsés sur le devant de la scène presque comme par enchantement. Leurs compositions aux irrésistibles contours electro-pop prennent une dimension club en live, calibrées par les beats incendiaires et les lignes de basse de l’ami Bolis alors que la présence et la voix de Charlotte (à l’impressionnante coiffure afro) fait le reste. À deux, c’est parfois mieux.

 

Parcels (La Petite Maison dans la Prairie)
L’écoute du dernier (double) album des Australiens basés à Berlin a de quoi surprendre. “Day/Night” ne reflète en effet en rien la performance incendiaire dont ils ont récemment gratifié Rock Werchter. Sur disque, leurs compostions langoureuses aux contours salaces pourraient presqu’illustrer les scènes d’un film érotique des années 70. Mais en live, c’est autre chose. Ils n’hésitent pas à lâcher la sauce et à en mettre plein les tympans de spectateurs au bord de l’extase via des interprétations tout aussi malsaines, puisant autant à la disco qu’au math rock futuriste et déstructuré de Foals. Une impression accentuée par la voix de Jules Crommelin, étrangement proche de celle de Yannis Philippakis. Quand on vous dit que Dour, c’est l’amour…

 

Jacques (La Petite Maison dans la Prairie)
Jacques Auberger cultive ce petit brin de folie qui fait mouche. Et on ne parle pas seulement de sa légendaire coiffure que tout commitard qui se respecte rêverait d’imposer à son bleu. Entamée dos au public devant une console digne d’un laboratoire de la NASA, sa prestation le verra ainsi tout d’abord se plonger dans un trip expérimental autant instrumental que visuel via le maniement d’objets usuels (en vidéo) dont le bruitage se fond dans la composition. Entre cutter, glace pillée, fléchette, allumette et chasse d’eau, ses délires sont infinis. Lorsqu’il prend le micro par la suite, il est rejoint par deux claviéristes et, plus tard, par un batteur qui installera lui-même son kit sur scène avant de se mettre en action. Très Katerine tant dans sa manière de chanter que dans son humour déjanté, il mettra le feu à la Petite Maison dans la Prairie. Le triomphe décalé du jeudi…

 

Bothlane (Le Labo)
Dans le style one man band instrumental basé sur des percussions, peu d’artistes arrivent à la cheville d’Alain Deval. Connu pour battre la mesure au sein de The Brums et de Ginger Bamboo notamment, il s’épanouit dans un projet solo qui lui va comme un gant. Contrairement à Vaague qui bourre son set de gadgets visuels, le Liégeois incorpore simplement des influences disparates à son jeu et jongle sans peine de l’electro à la techno en passant par la drum’n’bass. Le tout agrémenté d’une lumière aveuglante et, sur deux titres, par la présence d’une danseuse éprise d’une crise d’épilepsie. S’il était toujours parmi nous, Maurice Béjart aurait sans doute demandé à Bothlane de composer la musique de son ballet.

 

Black Country, New Road (La Petite Maison dans la Prairie)
Quatre jours à peine avant la sortie d’“Ants From Up There”, un deuxième album (paru un an jour pour jour après le premier), le leader Isaac Wood a annoncé son départ (momentané ?) du collectif britannique pour soigner sa santé mentale. Une tuile lorsque l’on connaît le charisme du gaillard et sa présence essentielle du côté gauche de la scène. Ceux qui ont assisté à leur excellent concert à l’Orangerie l’an dernier s’en souviennent encore. Mais plutôt que de choisir la facilité et de se séparer, le groupe a décidé de poursuivre d’une manière pour le moins originale. Non seulement ils se partagent désormais les vocaux (la bassiste Tyler Hyde en prenant tout de même une large part) mais ils ne jouent aucun morceau enregistré avec lui. Résultat, c’est à un set inédit et complètement déstabilisant qu’il nous a été donné d’assister. Avec des moments inégaux, certes, mais d’autres qui laissent entrevoir un avenir à six, au cas où sa décision s’avérerait définitive. Le tout sans mettre de côté la riche face orchestrale (flûte traversière, accordéon…) qui fait leur renommée. Après y avoir joué en 2019, ils seront, avec Low et Gilla Band, les curateurs de la prochaine édition du festival Sonic City.

 

The Haunted Youth (Le Labo)
Depuis leur triomphe à De Nieuwe Lichting, les Limbourgeois squattent les hautes sphères du Afrekening de Studio Brussel à chacune de leurs sorties. Il faut dire que Joachim Liebens n’a pas son pareil pour composer des titres catchy qui font mouche dès la première écoute, un genre de Tame Impala mixé à du M83 en version électro-dark wave, à l’instar de l’imparable “Teen Rebel”. Sur scène, ils prennent un malin plaisir à faire monter la tension et allonger leurs titres sans jamais lasser, dans une pénombre délibérée que des flashes stroboscopiques viennent régulièrement trancher. Leur premier album arrive chez Mayway cet automne et la release party à l’AB le 15 novembre sera à n’en point douter un moment-clé dans la carrière du groupe.

À suivre…

Photos © 2022 Olivier Bourgi

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