Service minimum pour TOKYO POLICE CLUB à la Rotonde
Les soirées se suivent mais ne se ressemblent pas à la Rotonde du Botanique puisqu’au lendemain de la magistrale prestation de Villagers, c’est un changement radical de style qui nous attendait avec Tokyo Police Club, le quatuor canadien dont le deuxième album, « Champ », est sorti au début de l’été. Un album plus travaillé que l’on était assez curieux de découvrir sur scène…
Le groupe qu’ils ont emmené avec eux lors de cette tournée porte le nom loufoque de The Answering Machine. Originaires de Manchester, ces musiciens ont déjà une certaine expérience derrière eux puisqu’ils ont sorti un premier album en 2009 (« Another City, Another Sorry », produit par Dave Eringa, fidèle collaborateur des Manic Street Preachers) et qu’ils sont sur le point d’en sortir un second. Ce sera pour début 2011 d’après le chanteur Martin Colclough, à la frange rebelle (ce dernier est déjà passablement éméché, complimentant les bières belges au passage…).
Le début de leur prestation nous fera penser aux Wombats (les chœurs et l’attitude débraillée du guitariste y seront pour beaucoup) mais, heureusement, la suite allait se révéler bien plus sérieuse, en oscillant quelque part entre The Rakes et le Bloc Party des débuts. Ceci dit, la fougue dégagée n’atteint pas encore le statut et la consistance de leurs glorieux aînés, malgré une énergie décuplée (si ce n’est la bassiste à lunettes qui sautille calmement dans son coin). Le leader attrapera même les baguettes pour un titre bien ficelé qui nous a presque séduits. On jettera une oreille attentive à leur nouvelle plaque dès qu’elle sera disponible…
Tokyo Police Club avait déjà joué à la Rotonde. C’était en juin 2008 et les spectateurs n’avaient pas vraiment répondu présent. Ce soir, en revanche, même si le concert n’est pas sold out, la salle est généreusement garnie. Pourtant, on ne peut pas dire que le groupe canadien passe davantage sur les ondes ces jours-ci qu’à l’époque. Heureusement que le bouche-à-oreille entre amateurs de musique indé fonctionne bien…
Les quatre rebelles sont montés sur scène, emmenés par un chanteur bassiste, Dave Monks, au look qui fait plus penser à un joueur de tennis qu’au leader d’un groupe de rock… Cela ne les a pas empêchés d’entamer les débats pied au plancher avec « Favourite Colour », un nouveau titre parfait pour installer l’ambiance, suivi de l’efficace « Nature Of The Experiment », un extrait de leur destructeur EP de 2006, « A Lesson In Crime ». Bien que les kids ne soient pas aussi déchaînés que leurs parents dans la fosse, on s’apprêtait à vivre une soirée bien remuante, surtout que « Graves » n’était pas loin et qu’ils ont dévoilé un titre inédit, « Top 5 », le tout en dix minutes chrono.
Cela dit, on était surtout curieux de voir comment ils allaient mettre en situation scénique leurs nouvelles compositions, moins brutes que par le passé. Et à ce niveau, notre ressenti sera quelque peu mitigé. On remarque effectivement une recherche plus subtile de sonorités, mais en live, ce n’est pas encore tout à fait au point (« End Of A Spark », « Not Sick »). Par contre, les morceaux plus calmes dégagent quelque chose de particulier, et la voix de Dave Monks en est complètement transformée, pour ne pas dire troublante par moments (l’excellent « Hands Reversed », le début de « Favourite Food »). Ces titres vont sauver un milieu de set plus mou qui allait finir par perdre de l’intérêt.
Heureusement, la dernière partie va remettre les pendules à l’heure avec des titres comme « Bambi » ou « Wait Up (Boots Of Danger) », sans oublier l’hymne avec lequel ils quitteront la scène, « Your English Is Good » (sans doute avec le recul le morceau de leur premier album qui tient le mieux la route, avec « Juno » que l’on s’attendait à voir interprété en rappel).
Mais en lieu et place, ils vont perturber le public en le gratifiant d’une surprenante cover du « My Name Is Jonas » de Weezer avant d’inciter les jeunes fans à l’émeute sur « Cheer It On », qui verra enfin des pogos dignes de ce nom traverser les premiers rangs. L’honneur est sauf, certes, mais on a comme l’impression que ce concert ne nous laissera pas de souvenirs impérissables. L’effet Villagers de la veille, sans doute…
Les autres photos de
Tokyo Police Club |
The Answering Machine
Photos © 2010 Bernard Hulet