LOSTS (The) – … Of Shades & Deadlands
Cela faisait un bout de temps que je l’espérais, cet album de The Losts. Trois ans ! Trois ans à ressasser inlassablement le Heavy Metal de “No God, No Devil“, cet EP cinq titres qui avait servi de prologue à la sombre fable des “Égarés” ; trois ans à harceler Saint Antoine de Padoue de mes prières afin qu’il aide The Losts à retrouver le chemin du studio. “… Of Shades & Deadlands” met aujourd’hui fin à mon calvaire (et à celui du pauvre saint portugais).
Jusqu’ici, seuls celles et ceux qui l’avaient vu sur scène savaient que The Losts était une entité à part ; un groupe Heavy Metal classique… mais différent des autres. L’EP “No God, No Devil” n’avait dévoilé que la face la plus ‘Old School’ du quatuor Metal lillois. Avec “… Of Shades & Deadlands”, JCR (batterie), GGV (basse), DGC (guitares) et YGC (chant et guitares) révèlent tous les secrets de leur univers musical particulier. Un univers noir et mélodique sur lequel ils ont choisi de coller l’étiquette ‘Dark Heavy Metal’.
Avant toute chose, rassurons les intransigeants : aucun métallurgiste de la vieille école n’a été blessé durant l’écoute de cet album ! “… Of Shades & Deadlands” repose toujours, en très grande partie, sur les fondations jetées il y a quelques décennies par l’antique ‘Sabbath Noir’, la furieuse ‘Vierge de Fer’, l’hérétique ‘Prêtre de Judas’ et leurs disciples. Les égarés du nord, cependant, dévoilent ici un éclectisme déroutant et une addiction évidente aux scènes scandinaves extrêmes des années 90.
“My Devil’s Rising “ ouvre l’album sans autres fioritures que les subtiles arabesques d’un solo de guitare délicatement posé sur un riff Metal dévastateur. Le chant mélodieux d’YGC (parfois contrebalancé par des screams Black Metal issus du gosier écorché de JCR) expose d’amblée l’une des constantes du style des Losts : le refrain immédiat, tenace et indélébile.
La tension monte d’un cran avec “Freewings Are Burning”, une pépite speed métal mélodique, truffée de superbes descentes de manches et dotée d’un refrain immédiat accroché sur un mur de ‘HoHoHo’ fédérateurs.
“Synthethic Head (Electrodrama)” dénonce sans honte l’enthousiasme des égarés pour les sonorités plastiques d’une certaine scène ‘Post-Black Metal’ norvégienne et plus particulièrement pour la musique de The Kovenant.
L’intermède “Genesis – Livre III” permet d’établir un lien direct avec l’EP de 2003, tout en servant de terrifiante introduction à “Witchcraft”. Ce dernier, avec son alternance d’atmosphères Doom et d’envolées métalliques puissantes est sans doute l’un des titres les plus réussis de l’album.
Furieusement rapide et paré d’un ‘umlaut’ révélateur, “Motörcry” se pose en hommage non-dissimulé à l’égaré perpétuel qu’était Lemmy Kilmister.
“Lema Sabachtani” constitue généralement l’un des moments forts des prestations scéniques des Losts. YGC y délaisse sa guitare translucide au profit d’une jolie mandoline afin de distiller d’envoutantes volutes orientales dans un alambic de Heavy Metal grandiloquent au refrain entêtant. (NDR : tellement entêtant, d’ailleurs, que je songe sérieusement à le faire écouter à ma fille pour me venger des heures d’insomnies passées à remâcher le gluant “Libérée Délivrée “ qui sert de générique à la “Reine des Neiges” de Disney !)
“Never Come, Never Gone” est une véritable tuerie épique. Sept minutes d’un Metal aux atmosphères changeantes où le Doom magique de Candlemass côtoie le Heavy Metal lyrique de Virgin Steele.
“… Of Shades & Deadlands” est le “chauffeur de foules” typique : 57 secondes de martelage basse/batterie et de “He’ ! He ! He !” fédérateurs générant une irrésistible envie d’avancer, poing tendu, en direction de la scène. Il sert ici d’introduction à “Holy Faces Of Conspiracy”, un brûlot Heavy Metal classique ; une impérative incitation au headbanging, qui nous fait passer de Dio à Iron Maiden en 4’30 chrono.
Riff martial et refrain hurlé pour l’un, Happy Speed Metal, growls et choeurs lyriques pour l’autre, “Venus Kills Mars” et “Dr Punkelstein ‘The Maximator'” nous renvoient une dernière fois en direction des Nineties extrêmes avant un final lumineux constitué d’une version bonus sublimée de “My Devil’s Rising “. Renommé “My Devil’s Rising (Support The Underground Version)” pour l’occasion, le titre accueille les vocalises métalliques de trois pointures de l’underground nordiste franco-belge : Jean-Christophe Speux du gang Heavy/Thrash tournaisien Haircuts That Kill, Jaws Doomforger du groupe Doom Metal mouscronnois Doomforge et Maxime Beaurain du groupe Power Metal épique lillois Sythera.
“… Of Shades & Deadlands” entre directement dans mon top 3 annuel des générateurs de plaisir auditif.
L’album (48’51) :
- My Devil’s Rising (4’17)
- Freewings Are Burning (4’41)
- Synthetic Head (Electrodrama) (4’34)
- Genesis – Livre III (1’29)
- Witchcraft (4’51)
- Motörcry (3’02)
- Lema Sabachthani (4’35)
- Never Come, Never Gone (6’58)
- … Of Shades & Deadlands (0’57)
- Holy Faces Of Conspiracy (4’30)
- Venus Kills Mars (2’47)
- Dr Punkelstein ‘The Maximator’ (1’48)
- My Devil’s Rising (Support The Underground Version) [Bonus Track] (4’19)
Le groupe :
- YGC : Chant, guitares, mandoline
- DGC : Guitares, chœurs, claviers
- GGV : Basse, chœurs, chant Thrash
- JCR : Batterie, Chœurs, chant Black
Chant additionnel sur “My Devil’s Rising (Support The Underground Version)”
- Jaws Doomforger (Doomforge)
- Maxime Beaurain (Sythera)
- Jean-Christophe Spreux (Haircuts That Kill)
Pays: FR
Autoproduction
Sortie: 2016/04/22
Merci pour cette fabuleuse chronique!!! Nous essaierons de bien vous le rendre en concert! A bientôt sur les routes…