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LE REX – Escape of the fire ants

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Rassurez-vous, je ne vais pas faire ici une apologie du rexisme, ce mouvement politique belge d’obédience fasciste mené dans les années 30 par le tristement célèbre Léon Degrelle, qui finira sa vie planqué en Espagne après avoir été se geler les arpions sur le front de l’Est par amour pour l’oncle Adolf. Ici, on va en Suisse, on abandonne les chemises brunes pour des chemises à fleurs et on se saisit de saxophones et de trombones pour se plonger dans un jazz qui n’a rien de sérieux. Mais il n’y a pas seulement que du jazz là-dedans, il y a aussi une bonne dose de psychédélisme et d’avant-garde, qui peut même être rendue compatible avec un certain esprit punk.

Benedikt Reising (saxophone alto), Marc Stucki (saxophone ténor), Andreas Tschopp (trombone), Marc Unternährer (tuba) et Rico Baumann (batterie) sont les petits finauds qui animent Le Rex depuis 2009, quand ils ont créé ce groupe d’après le nom d’un cinéma abandonné découvert lors d’un voyage en Corse. Bon, s’ils avaient été à Paris, ils en auraient trouvé un aussi, de cinéma Rex, et qui fonctionne toujours, celui-là. Mais qu’importe le nom, le monde moderne se retrouve donc à devoir gérer Le Rex, groupe toujours prompt à balancer dans l’atmosphère des petits albums de jazz psychédélique bien barré, toujours capables de rendre un peu plus folle notre humanité qui n’en demandait pas tant.

Le premier album du groupe s’appelle d’ailleurs ʺLe Corseʺ et a une pochette qui représente les membres du groupe précisément devant ce fameux cinéma Rex abandonné en Corse. Il sort en 2010 et inaugure une série qui va se matérialiser par ʺAsconaʺ (2012), ʺWild manʺ (2015) et ce nouveau ʺEscape of the fire antsʺ qui sort cette année chez Cuneiform Records. Depuis leur formation, les gens de Le Rex ont essentiellement tourné entre la Suisse et l’Allemagne (pays d’origine de leur saxophoniste Benedikt Reising) mais ont aussi effectué une petite tournée américaine en 2014, du côté de Chicago et de Milwaukee.

Cependant, la musique de Le Rex ne respire en aucun cas la Suisse allemande. On est plutôt effectivement aux Etats-Unis, dans des années 60 où le classicisme de John Coltrane aurait subitement été imprégné par les folies psychédéliques de Frank Zappa. Le grand avantage de Le Rex, c’est que sa musique peut continuer à être jouée en concert même si l’électricité tombe en panne, puisqu’il n’y a que des cuivres et une batterie. Il n’y a même pas de chanteur et tout est dédié à l’instrumental maniant très habilement un subtil mélange de chaos et de rigueur mélodique. Les titres avoisinent souvent les six à huit minutes et certains d’entre eux s’enorgueillissent de titres futés ou idiots (ʺAlimentation généraleʺ, ʺOne must imagine Sisyphus happyʺ, ʺHarry Stamper saves the dayʺ, ʺBallad for an optimistʺ).

Il n’y a plus qu’à se laisser promener et un peu chahuter par les solos de saxophones ou de tuba qui n’hésite pas à ruer dans les brancards en sachant toujours se replacer dans les chemins rythmiques tracés par une batterie toujours en plein contrôle de tout ce qui peut arriver d’imprévu chez les joueurs de cuivres. Dans cet exercice, Le Rex se révèle être un champion.

Le groupe :

Benedikt Reising (saxophone alto)
Marc Stucki (saxophone tenor)
Andreas Tschopp (trombone)
Marc Unternährer (tuba)
Rico Baumann (batterie)

L’album :

Escape of the Fire Ants (08:23)
Alimentation Générale (06:41)
Smoking Flowers (06:59)
One Must Imagine Sisyphus Happy (06:10)
Harry Stamper Saves The Day (05:53)
Elliott’s Theme (03:57)
Bädumeh Landing (05:05)
The Funding (03:23)
Strong Woods (05:08)
Glow (04:32)
Ballad For An Optimist (06:49)
Der Knochige Dürre (06:10)

https://lerexmusic.ch/
https://www.facebook.com/LeRexMusic/

Pays: CH
Cuneiform Records
Sortie: 2019/04/05

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