KREMATORIUM – Sinister Seduction
Si, à l’occasion d’un Blind Test, par exemple, il m’avait été demandé d’estimer l’année de sortie de l’album « Sinister Seduction », je l’aurais probablement situé quelque part entre 1984 et 1985. Souvenez vous de cette période transitoire (ou imaginez la, si votre addiction au headbanging est postérieure) au cours de laquelle l’Europe métallique était toujours sous influence de la N.W.O.B.H.M. mais commençait à succomber aux charmes de ces petits nouveaux venus d’Outre-Atlantique qu’on appelait Metallica, Slayer, Anthrax, Megadeth ou Exodus. Nombreux furent les gangs du vieux continent qui, à l’époque, tentèrent de muscler leur jeu et d’accélérer le tempo pour transformer leur titres Heavy Metal traditionnel en brûlots Thrash Metal flambant neuf. De ce recyclage sont nés, entre 1984 et 1986, une longue série d’albums hybrides, plus tout à fait Heavy, mais pas encore tout à fait Thrash. Et c’est de ces derniers, que mon oreille velue de headbanger quasi sexagénaire s’est immédiatement souvenue lorsque je l’ai posée sur le nouvel album de Krematorium.
En lisant la littérature fournie avec la version promo de l’album, on se rend vite compte que la situation est exactement inverse de celle que je viens de décrire. Krematorium est un groupe Thrash Metal formé en 2011 à Rijeka, une ville touristique croate située sur la côte orientale de l’Istrie. Le quintette a publié un premier album intitulé « Body Bags » en 2015 suivi de l’EP « Altar Of Lies » en 2018. Il est de retour avec « Sinister Séduction », son deuxième album paru le 23 mai dernier sur le label allemand Witches Brew.
De son propre aveu, le quintette a désiré revenir aux sonorités agressives des eighties et s’éloigner un peu des thèmes guerriers et antireligieux habituels du Thrash pour se concentrer sur des sujets plus personnels, s’inspirant pour ses lyrics d’évènements récents, et de personnes proches ou même de films. Côté musique, il n’a pas renoncé au Thrash Metal de ses débuts, mais y a inclus des éléments plus typiques du Heavy Metal traditionnel en essayant de revenir aux sonorités typiques des années 80. De cette démarche est née un album aussi hybride que ceux dont je vous parlais plus haut. Mélangeant riffs speedés, mid-tempos headbangables, mélodies musclées et vocaux rugueux (mais pas hurlés), « Sinister Seduction » est à la croisée des chemins entre le style antique de groupes tels que Running Wild, Accept ou Judas Priest et le Thrash Metal féroce des premiers opus de Megadeth, Overkill, Onslaught ou Death Angel.
Bien plus agréable qu’une crise d’Alzheimer, « Sinister Seduction » replongera les cinquantenaires/soixantenaires au cœur de leur heureuse adolescence métallique. Dommage quand même que le groupe ait un peu gâché ce sympathique retour à l’innocence en se choisissant un patronyme évoquant un futur beaucoup moins agréable.
- “Stonehearst Asylum” (03:31)
- “Moonshine Rider” (04:16)
- “Manhunt” (04:44)
- “Go Getter” (03:44)
- “F.T.E. ” (04:01)
- “Scream ‘n’ Shout” (03:05)
- “Reign of Terror” (04:59)
- “Blackened Sky” (03:30)
Le groupe
- Domagoj Fišeković – Chant
- Erik Perušić – Guitares
- Sebastian Živković – Guitares
- Zdenko Debić – Basse
- Dorian Perušić – Batterie
Pays: HR
Witches Brew – Promo Grand Sounds PR
Sortie: 2025/05/23