DISOWNING – Human cattle
Avec un chanteur appelé Jésus ʺThe butcherʺ et un bassiste appelé Adrien Dieu, le groupe franco-canadien Disowning avait tout pour être un beau prototype de rock chrétien. Eh bien, pas du tout, Disowning a plutôt choisi le côté obscur du paradis en se livrant à un death metal technique très enlevé dont il va falloir évoquer ici toutes les vertus, car elles sont nombreuses.
Avec un premier album produit par Sylvain Biguet (Ataraxie, Impureza, Trepalium…) et illustré magistralement par Rémy C. (Kreator, Arch Enemy, Skinned…), Disowning vient mettre une grosse botte cloutée dans le marécage du death metal et y imprime sa marque, avec un style à la fois vieille école mais également résolument moderne, voire porteur d’avenir. La brutalité et la technicité de ce groupe sont si bien dosées qu’elles le font échapper à une classification réductrice, plaçant au contraire Disowning au-dessus de la mêlée des petits classements d’apothicaire qui ont toujours tendance à saucissonner le death metal dans de petites boites étanches. Ce qui sauve Disowning du syndrome de la petite boîte, c’est sa capacité à trousser des morceaux qui se jouent de la spécialisation à outrance et associent en leur sein des climats variés où l’on sent l’aisance des musiciens à sauter d’une structure rythmique à l’autre.
A l’origine de Disowning, on trouve des musiciens français du Sud-Ouest (les guitaristes Peb et Jérôme Tourinan, le chanteur Jésus The Butcher) qui s’associent avec des Canadiens (Adrien Dieu, basse et Maxime Pironnet, batterie). Peb et Jérôme Tourinan jouent également dans Hyskal, un groupe de métal progressif bordelais, tandis que The Butcher fait de la découpe en gros dans des combos plutôt black et death metal (B.S.D., Annthennath, Gorsed Noctis, Offending, auteur de deux albums en 2010 et 2012). Le groupe sort en 2018 un premier EP ʺBattle of nevernessʺ, dont les cinq titres se retrouvent finalement sur ce premier album ʺHuman Cattleʺ.
Dès les premiers instants de l’album et le surpuissant ʺGhost areaʺ, on comprend que Disowning a de sérieuses munitions dans les cartouchières. Un son massif que ne dénierait pas Gojira, un chant de mégathérium sous excitants, des parties de batterie d’une complexité bluffante et des interactions guitare-basse ultra-pointues sont les éléments qui frappent l’auditeur d’entrée de jeu et qui perdurent le long d’un album à la brutalité classieuse et dont la puissance est transcendée par la virtuosité des musiciens. On voit bien que des guitaristes de métal progressif se sont infiltrés dans cet équipage lourdement porté sur le death metal. De grands titres comme ʺSuffocated by my wallsʺ, des assauts véloces comme ʺThe servants of chaosʺ ou ʺInner emptiessʺ, les envolées épiques de ʺThe storm before the stormʺ ou la terrifiante plage titulaire ʺHuman cattleʺ terminent l’opération séduction.
Oui, Disowning a des idées pertinentes et des choses à dire. Son message intellectuel est irrémédiablement négatif, avec une vision de l’humanité qui ne permet aucune illusion sur ce que le groupe pense du grouillement furieux de l’humanité sur une planète mourante. ʺNous ne venons pas en paixʺ, telle est la phrase que l’on peut lire sur la page Bandcamp du groupe. Bon, au moins, nous voilà prévenus.
Le groupe :
Jesus “the Butcher” – Vocals
Peb – Guitars
Jérôme TOURINAN – Guitars
Adrien DIEU – Bass
Maxime PIRONNET – Drums
L’album :
« Ghost Area » (04:11)
« Battle of Neverness » (03:47)
« Nother Piece in My Collection » (04:24)
« Intoxicated by This Illusion » (03:47)
« Suffocated by My Walls » (03:49)
« The Servants of Chaos » (03:37)
« Inner Emptiness » (03:27)
« Alone on This Dark Path » (04:44)
« Human Cattle » (03:01)
« The Storm Before the Storm » (05:01)
https://xenokorp.bandcamp.com/album/human-cattle
https://www.facebook.com/disowning/
Pays: FR/CA
Xenokorp
Sortie: 2019/07/12