Wildfest 2023 (jour 2): rock on !
Samedi 20, 14h15. Back in Grammont. Le public est déjà présent en nombre pour accueillir le premier groupe du jour. Se pourrait-il que l’éclipse prévue attire davantage de festivalier que l’affiche de la veille?
La journée de ce samedi commence avec Notörious, groupe de heavy metal originaire de Bergen en Norvège et fondé en 2018. Ce dernier point n’est pas sans importance car il explique une présence scénique un peu fragile. Pourtant le groupe a de quoi convaincre avec des compositions qui plaisent manifestement au public du Wildfest. Les Nordiques défendent les titres de leur unique album à ce jour, intitulé «Glamourized». Tout est dans le titre. Le chanteur très glam, torse nu sous sa veste, les mains vêtues de gants blancs, pousse la chansonnette avec une voix relativement aiguë. Malgré une gestique assez répétitive, le groupe s’attire les faveurs du public en le faisant chanter à chaque occasion. Au programme: “Gunnerside”, “Have a Good Time“, “Friday Night (Get Ready)”, “Seducer“, “Summer Night“, “Ten Minutes“, “Run for Your Life” et “Flying High“. Malgré un petit côté répétitif dû sans doute à une expérience limitée sur scène, le public adhère et la 2e journée du Wildfest est en route!
On enchaîne avec la claque du jour: Jolly Joker, groupe espagnol composé de Lazy Lane (voix), Yannick Bonora (lead guitare), Andi Siegl (basse) et Dani Panucci (batterie). Souvent qualifié de meilleur groupe de hard rock d’Espagne, le quatuor distille depuis un hard rock de facture classique agrémenté d’éléments metal et glam. Le groupe s’est formé sur le circuit rock en faisant la première partie de pointures comme The Quireboys, L.A. Guns et H.E.A.T. Avec quatre albums au compteur, la furie espagnole déferle sur la scène du Wildfest avec une joie de vivre qui donne la pêche. Plus rock et plus carré que le groupe précédent, notamment grâce au style énergique de son batteur, à une scénographie parfaitement rodée et surtout à un petit grain de voix de folie du chanteur, la formation hispanique n’a pas besoin de très longtemps pour gagner les faveurs du public qui en redemande. L’ambiance a monté de plusieurs crans. Le set est excellent! Au menu: “Rockin’ in Stereo“, “Hey You“, “Blood Velvet“, “I Don´t Care“, “Fuck It All“, “Sky Is So High“, “Motor“, “The Chance“, “Nothing´s Sacred” et “I Wanna Go“. La grande découverte du jour et peut-être même de cette édition du Wildfest.
On change d’univers avec South of Salem, groupe britannique qui se produit pour la toute première fois en dehors de ses frontières. Ce groupe de hard rock originaire de Bornemouth est une étoile montante dans son pays. Pas étonnant donc qu’ils aient attiré l’attention des organisateurs, toujours à l’affût d’une belle découverte. L’univers musical est plus sombre avec un son plus brut qui me fait plutôt penser à une forme de metal pur et dur. Le groupe assure sur scène, dopé par les encouragements des fans qui les ont suivi jusqu’à Grammont pour les soutenir. La première partie du set est plus rugueuse et la seconde partie semble plus douce. Les festivaliers ont ainsi pu découvrir “Let Us Prey“, “The Hate in Me“, “Made to Be Mine“, “No Plague Like Home“, “Demons Are Forever“, “Take It to Your Grave“, le très radiophonique “Pretty Little Nightmare” et “Cold Day in Hell“. Une prestation très appréciée par une majorité de festivaliers, même si j’avoue avoir eu plus de difficultés à entrer dans cette musique.
On continue sur cette très belle affiche avec les Italiens de Hell in the club, quatuor italien de rock/heavy metal faisant un mix entre les grands du hard rock classique comme Motley Crue ou Def Leppard, et la crème du heavy metal des années ’80 avec des monstres sacrés comme Ronnie James Dio et Helloween pour ne citer qu’eux. Habitués des tournées et des grands festivals, les Transalpins ont décidé de fêter leur 10e anniversaire en sortant un EP qui a été chroniqué par mon collègue et ami François (chronique à lire ici). Ce groupe en pleine ascension, qui fait partie lui aussi de l’écurie Frontiers, délivre un rock mélodique parfaitement léché et merveilleusement produit. Bref, que du bonheur. On trouve des rythmes parfois véloces (à la Helloween) mais toujours avec un sens aigu de la mélodie. Le public est conquis. Au milieu d’un florilège de morceaux extraits des 5 albums studios et du EP sorti tout récemment, tels que l’hymne “We Are On Fire” ou “We’ll Never Leave the Castle“, le chanteur rend hommage à son modèle, Alice Cooper, dont il reprend le titre “He’s Back (The Man Behind the Mask)“. Prestation impeccable.
Après l’Italie, on met cap au nord pour accueillir le groupe danois Junkyard Drive, fondé en 2014 et nouvelle étoile montante du hard rock danois avec déjà 3 albums à son actif. D’entrée de jeu, les Danois en imposent avec leur musique puissante, parfaitement calibrée, un jeu de scène sans effets inutiles. L’accent est mis sur la musique avant tout. Les morceaux sont rythmés et très accrocheurs, sans doute grâce à la présence de deux guitares et d’une basse, ce qui dote le groupe d’une section rythmique costaude, le batteur étant loin d’être manchot. Le chanteur au look vaguement Jornien a une voix vraiment excellente, parfaite dans ce répertoire. Ce concert est une véritable démonstration du savoir-faire scandinave à l’état pur.Pour se faire une idée du style musical de ce combo, il suffit de jeter une oreille sur des titres comme “Let It Burn“, “Home“, “They Don’t Care About Us” ou “B.A.D“, ou encore dans un genre plus léger “The Wonderland Of Temptations“, superbe ballade qui met en lumière toutes les facettes de la voix fabuleuse du chanteur. Bref, encore un set qui décoiffe!
Il est temps à présent de faire une incursion française avec le groupe Blackrain, groupe de glam metal français, originaire d’Annecy, en Haute-Savoie. Formé en 2001, le combo composé de Swan Hellion (guitare, chant), Max 2 (guitare), Matthieu de la Roche (basse) et Franky Costanza (batterie), compte déjà6 albums à son palmarès. Dès leur entrée en scène, les Savoyards attaquent avec un titre assez nerveux. Le son n’est malheureusement pas très équilibré, ce qui rend difficile de suivre le chant. Il faudra finalement attendre jusqu’au morceau “Innocent Rosie” pour que le son se normalise. Sinon, le groupe est à l’aise et musicalement bien en place. Le groupe a opté pour des enchaînements préenregistrés, ce qui n’est pas top, mais c’est son choix.Parmmi les morceaux joués sur la scène du Wildfest, on soulignera la reprise de Twisted Sister “We’re Not Gonna Take It” chantée par le bassiste. Pour remercier les festivaliers de leur présence, les artistes français interprètent aussi deux titres qui figureront sur leur prochain album. Une prestation convaincante, parfaitement adaptée au festival grammontois.
Restent 2 plats de consistance. Le premier est Art Nation, fier représentant de l’école suédoise de rock mélodique/hard rock. Ce quatuor est formé d’Alexander Strandell au chant, Christoffer Borg à la guitare, Richard Svärd à la basse et Alexander Lundgren aux fûts. Dès le soundcheck, les festivalilers qui ne connaissient pas le groupe ont bien capté que le chanteur a une voix de la mort qui tue. Tout sur scène montre que l’on passe à l’échelon supérieur. Avec 3 albums à son actif et un quatrième en préparation, le groupe a largement de quoi régaler les festivaliers qui s’amassent nombreux devant la scène du Wildfest. Le combo propose une musique hypermélodique et des lignes de chant de rêve, même sicertaines recherchent parfois des complications inutiles. Le groupe est très à l’aise sur scène et le batteur vaut le détour à lui seul. Parmi les morceaux du jour figurent (dans le désordre) le tout nouveau “1001“, “Don’t Wait for Salvation“, “Echo“, “Paralyzed“, “Brutal and Beautiful“, “The Real Me“, “Need You to Understand“, “Ghost Town” et “Here I Am” (plus joué depuis plus de 8 ans). Sur Ghost Town, le chanteur fait monter une fillette sur scène pour interpréter le morceau avec lui. Notons aussi que la présenced’un synthé donne un élan supplémentaire à beaucoup de titres du groupe. La prestation est bluffante et le public en redemande. Mais le temps presse et il faut déjà passer au dernier groupe de cette édition 2023.
C’est un public incandescent qui accueille la tête d’affiche Eclipse. C’est la deuxième fois que les Suédois jouent en tête d’affiche au Wildfest et le public ne boude absolument pas son plaisir. Eclipse, c’est avant tout la bande à Erik Mårtensson (voix, guitare), entouré de Magnus Henriksson (guitare), Philip Crusner (batterie) et Victor Crusner (Magnus Ulfstedt à la basse). Compositeur infatigable, Erik en est déjà à 9 albums studio rien qu’avec Eclipse (sans parler de ses nombreux aautres projets et collaaborations). Le charisme du groupe sur scène est évident. Le public exulte et les fans nagent dans le bonheur (et la transpiration car il fait diablement chaud dans la salle cette année). Erik est très à son affaire et manie le pied de micro avec une dextérité remarquable, comme si c’était un bâton de majorette. Tantôt chanteur, tantôt guitariste-chanteur, il distille les compositions du groupe qui se succèdent à une cadence soutenue. Le groupe semble s’amuser aussi, malgré l’un ou l’autre petit incident technique et notamment une corde en moins sur sa guitare acoustique. Au programme, j’ai noté au vol: “Roses on Your Grave“, “Run for Cover“, “Saturday Night (Hallelujah)“, “Runaways“, “The Masquerade“, “Things We Love“, “Hurt“, “The Downfall of Eden“, “Battlegrounds“, “Mary Leigh“, “Black Rain“, “Never Look Back” et deux rappels: “Twilight” et “Viva la Victoria“.
Ainsi s’achève la seconde double édition du WildFest. Les festivaliers sont fatigués mais heureux, des étoiles plein les yeux.
Bravo et merci à toute l’équipe et surtout à Jan De Greve pour leurs efforts, leur gentillesse et leur superbe initiative qui est en train de se transformer en véritable lieu de pèlerinage incontournable de la planète hard-rock, sleaze, glam… Vivement l’édition 2024!
Accréditations: Mike De Coene (Hard Life Promotion) et Wildfest
Texte: Anne-Françoise Hustin et Hugues Timmermans
Photos © 2022 Hugues Timmermans