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Snail Mail : young, gifted and Lush

Un peu plus d’un an après s’être produite au Witloof Bar, Lindsey Jordan alias Snail Mail est revenue au Botanique. Mais cette fois, c’est dans une Rotonde archi sold out que la native du Maryland a posé ses amplis.

Une bonne nouvelle n’arrivant jamais seule, elle a embarqué pour cette tournée européenne son amie Sarah Beth Tomberlin, transformant du même coup chaque soir en double affiche. En effet, depuis la sortie de son premier album (“At Weddings”) chez Saddle Creek, le petit monde folk s’emballe pour la plume de celle qui se fait simplement appeler Tomberlin sur scène. Délibérément écorchées (“I’m gonna play some sad bangers for you tonight” balancera-t-elle), ses textes majoritairement autobiographiques tapent dans le mille.

Si ce n’est un titre d’intro monotone au clavier et un autre à la guitare un peu plus tard, elle se fait seconder par un musicien sur scène. Discrètes, les parties de ce dernier à la six cordes contribuent pleinement à l’épanouissement d’“Any Other Way” alors que le délicat “I’m Not Scared” et ses paroles lourdes de sens (“To be a woman is to be in pain”) ne serait pas aussi prenant sans sa dextérité au piano. Par ailleurs, même si elle chante les yeux dans le vide, son sourire et son humour tranchent avec le sérieux et la rigueur ambiante. À revoir en tête d’affiche dans les prochains mois.

Unanimement acclamé, le premier album de Snail Mail (“Lush”) a squatté les hautes sphères des référendums de fin d’année. Un album d’une maturité exemplaire pour Lindsey Jordan, petit bout de femme qui allait fêter son vingtième anniversaire deux jours après son passage à la Rotonde. Ceci dit, ses prestations scéniques dans nos contrées, que ce soit à l’OLT Rivierenhof avant Blonde Redhead ou au Filter Festival du Trix nous avaient laissés sur notre faim. Son comportement d’enfant gâtée arrogante n’y étant pas étranger.

Heureusement, ce soir, elle sera de meilleure composition, déboulant sur scène avec un grand sourire et une sorte de longue chemise qui lui sert de robe. Désormais brune (une couleur qui la rend moins peste), elle prendra même un certain plaisir à initier une jam d’intro qui la mettra directement dans le bain avec ses musiciens avant de se lancer dans un convaincant “Heat Wave”.

Outre une claviériste à sa droite, elle est entourée d’un batteur qui joue légèrement de biais et d’un bassiste (impérial sur “Thinning”). Mais c’est surtout sa guitare qui fait la différence. Une guitare dont les riffs ne collent parfois pas avec le personnage d’écolière stricte à la tête de poupée qu’elle met en avant ce soir. Ceci dit, la puissance sera décuplée lorsque la claviériste attrapera elle aussi une guitare sur les énervés “Slug” et “Let’s Find An Out”.

L’autre point positif concerne sa voix exagérément plaintive qu’elle parvient désormais à canaliser, pour un résultat nettement plus captivant. Si des reliquats se font encore sentir ça et là, comme sur les deux titres acoustiques en solo (dont un nouveau) en guise de clôture du concert par exemple, on est désormais davantage concentrés sur les arrangements qui illuminent “Speaking Terms” (en crescendo malheureusement stoppé net), le Curesque “Full Control” ou le prenant “Pristine”. En revanche, on aurait peut-être souhaité un final moins brutal lorsque les lumières se sont rallumées alors qu’elle n’avait pas encore quitté la scène. Une rechute n’est donc pas à exclure…

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