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The Slow Show, not so slow show…

Après une séance d’échauffement au Trix en avril, les Mancuniens de The Slow Show sont passés à la vitesse supérieure. Ils ont investi l’Orangerie du Botanique pour y présenter « Lust And Learn », leur troisième album sorti entre-temps.

Judicieusement choisis pour assurer la première partie, deux des membres de Low Land Home (ils se produisent généralement à quatre) ont parfaitement tiré leur épingle du jeu. Une formule plus introspective qui a permis aux voix du claviériste barbu Jo Geboers et de la bidouilleuse Jolien Bové de dévoiler une insolente complicité. Celle du premier, austère, complémente ainsi celle, plus colorée et par moments impressionnante, de la seconde (notamment sur « Underspoken » et « Hold On »). Un équilibre parfaitement dosé qui permet à leurs compositions un rien déprimantes de ne jamais tomber dans la sinistrose.

« White Water » et « Dream Darling », les deux premiers albums de The Slow Show, sont arrivés coup sur coup en 2015 et 2016. Depuis, ils ont quelque peu ralenti la cadence. Parmi les raisons qui ont conduit à cet état de fait, pointons le départ du bassiste James Longden, le déménagement du leader Rob Goodwin à Düsseldorf (le groupe est immensément populaire en Allemagne et en Hollande) ainsi qu’un changement de label puisqu’ils sont désormais signés chez PIAS. Mais surtout, ils voulaient prendre le temps de peser chaque note, d’évaluer chaque arrangement et de consciencieusement calibrer les contours de ce qui allait devenir « Lust And Learn », leur troisième plaque.

Une troisième plaque qui tient toutes ses promesses tout en dévoilant de nouvelles perspectives à chaque écoute. À l’instar de la prestation de ce soir, elle débute avec « Amend », un somptueux instrumental au piano que prolonge « Eye To Eye » en crescendo, magnifié par la voix caverneuse si caractéristique du leader (la manière dont il déclame avec conviction « This city gets me down » donne des frissons). Bonnet vissé sur le crâne, il apparaît plus discret que sa voix et chante une main dans la poche lorsqu’il ne s’accompagne pas d’une guitare. Dans la foulée, « Strangers Now » et « Dresden », les plages d’intro de « Dream Darling » et de « White Water », illustreront le chemin parcouru vers une écriture désormais mature et maîtrisée.

Bouleversantes (« Loser’s Game »), mélancoliques (l’excellent « Vagabond ») ou pleines de retenue (« Low »), leurs nouvelles compositions richement orchestrées renvoient notamment du côté de Get Well Soon et des injustement sous-estimés Flotation Toy Warning. On se demande d’ailleurs la tournure qu’elles prendraient si un violon ou des cordes s’ajoutaient à l’équation sur scène, aux côtés des cuivres habilement distillés par une élégante choriste et d’un piano parfois trop discret. En revanche, ils pourraient franchement se passer des enregistrements de ténors et ainsi éviter une retranscription trop fidèle des versions studio.

Si on a l’habitude de cataloguer The Slow Show dans la rubrique soft et par moments lazy à la Tindersticks (« Paint You Like A Rose », le tristounet « Lucky You, Lucky Me »), il ne faut toutefois pas perdre de vue qu’ils savent hausser le ton. Ce soir, ils se la joueront ainsi euphorique via le presque groovy disco « Flowers To Burn » avant de foncer guitares en avant pour un final rappelant tant The National que Mumford & Sons lors des prenants « Bloodline » et « Places You Go ».

Entamés sur un mode réservé avec « Breaks Today », les rappels incorporeront ensuite des touches poppy à « Hopeless Town » et « Ordinary Lives », leur apportant une touche de légèreté… et la preuve que The Slow Show ne rime pas strictement avec sobriété.

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