FARREN, Mick & COLQUHOUN, Andy – Black vinyl dress
Il était écrivain, poète, journaliste underground et chanteur de rock. Mick Farren nous a quittés en juillet dernier et doit être conservé en mémoire pour avoir animé un des premiers groupes proto-punks de l’histoire du rock anglais : les Deviants. Nous sommes à l’époque en 1967 et le premier album des Deviants vient frapper le Swinging London et le psychédélisme ambiant avec des guitares distordues, des paroles délirantes et une ambiance de folie douce. Après les albums « Ptooff!« (1967), « Disposable« (1968) et « The Deviants 3« (1969), on pourra conclure que Mick Farren et ses Deviants étaient les premiers punks, à mille lieues de la mode de l’époque et en avant-garde par rapport à ce qui allait suivre quelques années plus tard.
Mick Farren a aussi mené une carrière littéraire, entre romans d’anticipation et essais divers (dont une biographie d’Elvis Presley). Il cumule les casquettes d’écrivain et de chanteur en se livrant à quelques albums solos durant les années 70 (« Mona: The carnivorous circus« , 1970 ; « Vampires stole my lunch money », 1978) et en participant à l’écriture de plusieurs chansons d’Hawkwind puis de Motörhead. On le retrouve aussi en cheville avec l’ex-MC5 Wayne Kramer pour quelques albums commis durant les années 80.
Mick Farren avait réactivé ses Deviants ces dernières années. C’est d’ailleurs durant un concert des Deviants à Londres que Mick Farren s’écroule, victime d’une crise cardiaque. Ce qu’on ne savait pas, c’est que le bonhomme avait concocté un dernier projet avec Andy Colquhoun, son guitariste des Deviants. Sur des poèmes récités par Farren, Andy Colquhoun a composé des musiques adaptées, avec l’aide de Jaki Windmill aux percussions. Il en résulte ce « Black vinyl dress » qui propose treize titres originaux ainsi qu’une reprise du « Tomorrow never knows » des Beatles. Le style est avant tout du spoken word, Mick Farren récitant des poèmes de son cru sans vraiment chercher à chanter. Nous sommes donc en plein dans l’univers farrenien, entre prose décalée, humour dérisoire et romantisme éthylique. L’accompagnement musical laisse parfois suinter d’intéressantes parties de guitares ou des chœurs féminins. On oscille entre punk poétique et psychédélisme urbain, toujours marqués par la voix graisseuse et grandiloquente de Mick Farren.
Bien sûr, ce n’est pas du Deviants à l’état pur et il faut accepter la règle du jeu particulière imposée par Mick Farren sur ce projet plus littéraire que musical. Mais l’amateur dévoué à l’œuvre de Farren, à son génie précurseur et à son univers pour le moins original ne pourra rester insensible à ce qui est ici le testament musical du poète.
Pays: GB
Gonzo Multimedia
Sortie: 2013/10/28