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Les Nuits 2025: la sélection de Music in Belgium (part 3)

Troisième et dernier volet consacré à nos choix éclairés et ainsi vous guider dans la pléthorique programmation des Nuits 2025. Car avec 125 artistes répartis sur 10 jours et 3 scènes, il y a de quoi y perdre ses gammes. Même si le concept de soirées thématiques devrait encourager les découvertes ciblées au détriment des rendez-vous manqués.

Le vendredi 23 mai sera ainsi consacré à des artistes avant-gardistes rassemblés sous une bannière expérimentale peut-être un rien réductrice. Car l’univers passionnant des deux incontestables têtes d’affiche de la soirée s’étend bien au-delà des clichés. Celui de la Norvégienne Jenny Hval tout d’abord, dont le surprenant nouvel album (« Iris Silver Mist », le deuxième pour 4AD) respire tant la zénitude que la dark électro et transpose en musique une subite passion pour les fragrances développée pendant la pandémie. Sa volonté d’aller de l’avant et de systématiquement retravailler ses morceaux pour le live tout en leur garantissant une accessibilité mélodique la place comme une incontournable figure art-pop.

Plus introspectif, celui teinté de jazz du Londonien d’adoption (en provenance de Manchester) Alabastair DePlume qui emmènera la Fountain Stage dans un voyage dont lui seul connaît les multiples escales. Le saxophoniste activiste adepte d’un spoken word à la teneur aiguisée a publié récemment « A Blade Because A Blade Is A Whole », un album aux contours spirituels et chargé d’empathie. Un album qui fait surtout suite à « Cremisan: Prologue To A Blade », un EP proposant deux titres enregistrés en Palestine avec des musiciens locaux et un troisième inspiré par la situation géopolitique de l’endroit. Le genre d’artiste à ne pas rester les bras croisés.

La soirée sera notamment marquée par une série de collaborations parmi lesquelles Lust For Youth & Croatian Amor ne sera pas la moins intéressante. Un retour aux sources puisque le duo synth-goth danois retrouve le producteur d’électro-pop Loke Rahbek pour un effort commun. Baptisé « All Worlds », il s’inspire du Voyager Golden Record, le disque envoyé dans l’espace en 1977 à bord de deux sondes spatiales. Tout un programme… Mais celle entre Sara Persico et Mika Oki vaudra quant à elle le coup d’œil car les visuels de la seconde nommée illustreront les expérimentations sonores de la première. Ceux qui étaient au Museum Night Fever en octobre dernier ont déjà eu un aperçu du talent de l’artiste parisienne installée à Bruxelles.

En parlant d’arts visuels, n’oublions pas non plus l’union Aya x MFO, des stars de la discipline alors que Nídia & Valentina, d’autres personnalités de la musique expérimentale, quelque part entre afro-beat et percussions, boosteront la scène en plein air. Mais bien avant tout ce beau monde, Marc Melià aura lancé les festivités à l’Orangerie. Cela dit, contrairement à sa prestation au même endroit lors des Nuits 2019, il se produira seul sur scène et présentera à n’en point douter des extraits de « Pièces monophoniques », son troisième album qui aura vu le jour la veille. Enregistré sur un synthé analogique sans fioritures ni overdubs, il regorge de sons oubliés sans être désuets pour un retour vers un passé futuriste.

Ce qui nous amène à la dernière Nuit, celle du dimanche 25 mai pour laquelle les programmateurs ont frappé très fort. S’ils voulaient marquer le coup et ponctuer l’édition 2025 en apothéose, ils ont été bien inspirés en conviant Stereolab sur la Fountain Stage. D’autant que le cultissime groupe emmené par Laetitia Sadier fêtera la sortie de son premier album en quinze ans, « Instant Holograms On Metal Film », qui n’aura que quarante-huit heures au compteur. L’influent groupe franco-londonien matérialise donc enfin son retour amorcé en 2019 via des tournées (passées notamment par l’Orangerie) et une campagne de rééditions plutôt soutenue. Selon les premières critiques de la nouvelle plaque, il ne s’agirait pas d’un coup dans l’eau ou d’une opération de marketing. Leur pertinent cocktail art-rock bossa sixties aux rythmiques kraut semble aussi pertinent qu’au début des nineties.

Autre retour inopiné, celui de Wu Lyf, auteur d’un unique album en 2011 (« Go Tell Fire To The Mountain ») avant de se séparer l’année suivante, quelques mois après leur passage au Bota. Articulé autour de la personnalité singulière d’Ellery Roberts qui allait bientôt former LUH avec sa compagne, les Mancuniens ont surpris leur monde en balançant un nouveau single et des dates de concert. Judicieusement baptisé « A New Life Is Coming », on ignore à ce stade s’il s’agit d’un baroud d’honneur ou des prémisses d’une seconde carrière. En attendant, ne boudons pas notre plaisir et remercions le flair des programmateurs qui ont ajouté le groupe à l’affiche alors qu’elle était pour ainsi dire déjà bouclée.

Rassurez-vous, ce dimanche ne sera pas uniquement baigné de nostalgie, aussi pointue soit-elle. En effet, la nouvelle garde ne sera pas en reste, à commencer par deux extensions de Bar Italia qui entoureront justement le set de Wu Lyf. Nina (Cristante), l’énigmatique chanteuse au Museum et Double Virgo (les guitaristes Sam Fenton et Jezmi Fehmi) à l’Orangerie. S’ils prônent chacun une vision artistique distincte, la fibre indie nonchalante de leur groupe principal ne se trouve jamais bien loin. La rafraîchissante pop alternative de True Blue, la vision punk déstructurée un chouia improvisée de Still House Plants et celle, plus expérimentale de Moin, l’autre groupe de Valentina Magaletti (qui jouera le 23 mai sous Nidia & Valentina) vaudront aussi le détour.

Les artistes belges seront bien entendu représentés ce jour-là et notamment via une création, la marque de fabrique des Nuits, signée Dorian Dumont. Via La volte, le claviériste de Echt se produira au sein d’un trio à vocation percussive sur la scène de l’Orangerie. Son concept ? S’inspirer de la musique électronique pour en retirer l’essence acoustique. Vu son C.V., l’expérience ne devrait pas passer inaperçue. Le versant kraut pop de Chaton Laveur et la face franchement électro de Julie Rains (ex-Juicy) complèteront le triptyque noir jaune rouge du jour.

Comme chaque année, les Nuits connaîtront un appendice à vocation classique les jours suivants. Via notamment le deuxième volet du projet Au-delà de la Nuit qui verra l’Ensemble Musiques Nouvelles se lancer le 30 mai dans l’exploration d’œuvres inédites signées Apoline Jesupret, Jean-Luc Fafchamps et Jean-Paul Dessy (qui dirigera également l’orchestre). Soyez à l’heure, la soirée débutera par la découverte d’« Il Viaggio », l’album de Mélanie De Biasio et Daniel Capelletti en mode orchestration majestueuse. Quant au fidèle et infatigable Bernard Lemmens, il bouclera une nouvelle fois les Nuits par des récitals dont il a le secret le 1er juin. Il y en aura donc pour tous les goûts.

Les Nuits 2025 auront lieu du 15 au 25 mai. Infos, affiche complète et tickets par ici. Pensez à l’incontournable Botacarte qui vous donne droit à une réduction de 3 EUR sur le prix plein, même le soir du concert… si celui-ci n’est pas complet bien entendu.

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