WAY OF PURITY (The) – Crosscore
The Way Of Purity est l’un de ces groupes qui amène l’humanité à se poser des questions. Le hic, c’est que les interrogations générées sont probablement à des années lumières de l’intention première du combo. Si l’on en croit la bio et les quelques rares interviews postées sur le net, The Way Of Purity ne serait pas seulement un collectif de musiciens, mais une entité bien plus complexe. En résumé, (NDR : si nous avons bien compris, ce dont nous ne sommes pas certain à cent pour cent) ce serait un mouvement militant, prônant la revanche du monde animal (et de la nature en général) sur l’humanité et qui se servirait de la musique pour faire passer son message.
Si l’intention (tout à fait louable) de T.W.O.P est de nous faire prendre conscience de la maltraitance que nous infligeons à notre mère nature ainsi qu’à nos frères du règne animal, la manière dont il nous introduit la chose nous amène plutôt à nous poser cette question essentielle : ‘Jusqu’où peut-on aller pour vendre des disques ?’ Ou, autrement dit : la pseudo-intégrité du groupe tiendrait-elle plus de l’opération commerciale que du véritable credo ?
Il suffit de lire la bio du groupe, de poser un œil sur le livret du CD et de comparer ces informations avec celles retrouvées sur la grande toile pour se rendre compte que l’histoire du combo ne tient pas vraiment la route et pour douter de la pureté de ses intentions. Le but ne serait-il pas avant tout de choquer pour vendre ? Car pour cela, tous les moyens sont bons. Quoi de plus facile, en effet, pour attirer l’attention, que de choquer l’humanité bien pensante et de faire appel à ses plus grandes frayeurs. Le premier artifice est utilisé depuis des millénaires : la peur du divin. The Way Of Purity se présente comme ‘la main de Dieu désignée pour transmettre aux humains le message des animaux’. Toutefois, en ces temps difficiles, le courroux divin n’a plus trop la cote. Ce qui effraie le peuple de nos jours, c’est le terrorisme. T.W.O.P rajoute donc une seconde couche en se présentant comme un groupuscule militant, clandestin et prêt à l’action. Les photos promotionnelles présentent les musiciens, cagoulés et vêtus de treillis militaires, posant au milieu d’une forêt sombre et embrumée. Nous aurions probablement été effrayés si nous ne nous étions pas souvenus que Roadrunner (qui distribue l’album « Crosscore ») nous avait déjà fait un coup similaire en présentant Brujeria comme des terroristes mexicains ayant kidnappé les patrons du label afin de pouvoir enregistrer leur album. Il s’était avéré par la suite que le terrible combo n’était en fait qu’un side-projet réunissant, entre autres, des musiciens de Fear Factory et Faith No More.
The Way Of Purity enfonce encore le clou en jouant la carte de l’anonymat. Il refuse de donner le nom de ses musiciens ou même leur nationalité. Il suffit cependant de taper le pseudo de la vocaliste Tiril Skardal dans un moteur de recherche pour découvrir diverses informations dont, entre autres, une interview illustrée de photos où la violente demoiselle apparaît sans cagoule, blonde et maquillée. On y apprend que cette dernière est Norvégienne et que ses acolytes viennent d’un pays proche, probablement la Suède. Comme si tout cela ne suffisait pas, le groupe ajoute encore à son discours une petite touche d’intégrisme (le message des animaux est adressé en premier lieu aux menteurs, aux faibles, aux prostituées, aux drogués et aux nymphomanes ; étrangement, les zoophiles ne sont pas inquiétés) et accentue son côté malsain en se déclarant adepte de l’automutilation et des scarifications en tout genre. Sommes-nous vraiment les seuls à trouver que cela fait un peu beaucoup pour un seul groupe ?
Et la musique dans tout cela direz-vous ? Et bien, étrangement, pour le premier album d’un combo qui, d’après ce qu’il dit, ne considère pas sa musique comme étant l’essentiel de son message, « Crosscore » est bon. Et même plutôt orignal puisqu’il mixe plusieurs styles métal extrêmes différents ; allant du death à l’indus en passant par le gothique, le grindcore et le doom. Le son est carrément excellent, étonnamment clair pour une musique aussi brutale. Les vocaux sont généralement constitués de growls death métal (féminins), mais sont parfois entrecoupés d’un très joli chant clair. Les riffs sont mécaniques, épurés et précis. Ils sont parfois rehaussés de sonorités industrielles. Il n’y a pas de soli, mais cela ne nuit aucunement à l’efficacité du propos. Bref, un bon disque qui aurait probablement trouvé son public, même sans toute cette imagerie tapageuse.
Pamphlet activiste extrême ou canular fumeux ? L’avenir nous le dira peut-être. Respectons en tout cas nos amis les animaux qui, si on en croit le message que Dieu nous transmet par l’intermédiaire de The Way Of Purity, sont très très fâchés sur nous.
Pays: SE
Worm Hole Death WHD 005 / Roadrunner Records
Sortie: 2010/11/26