KING HOBO – King Hobo
Cet album n’est pas vraiment une nouveauté puisqu’il est paru en 2008. Par chance, la musique de King Hobo est intemporelle et indémodable. Et, si « King Hobo », l’unique enregistrement du groupe à ce jour, était génial il y a deux ans, il l’est toujours aujourd’hui et le sera probablement encore dans dix ou vingt ans.
Bien qu’il n’y ait jamais eu de tapage médiatique le concernant, King Hobo est bel et bien un ‘super-groupe’. Per Wiberg (Opeth, Krux, Spiritual Beggars, Mojobone) et Jean-Paul Gaster (Clutch) se rencontrent en 2005 sur le festival itinérant Sounds of the Underground. Le claviériste d’Opeth et le batteur de Clutch se découvrent d’innombrables passions communes et se promettent de jouer un jour ensemble. Quelques années plus tard, Gaster débarque chez Wiberg en Suède. Les deux compères louent une maison et invitent quelques musiciens à les rejoindre. Aussi incroyable que cela puisse paraître, il suffit d’une semaine de jams intensives et d’enregistrements pour que huit titres soient composés et mis en boîte (ainsi que deux reprises).
Si vous avez déjà écouté la musique de Clutch, ou prêté une oreille au travail de Wiberg chez Opeth et Spiritual Beggars, vous avez probablement une idée du ‘style musical intemporel’ dont il est ici question. L’Américain amène le son Blues et Southern Rock, le Suédois, les atmosphères Heavy Rock ‘Seventies’. Ajoutez à cela un peu de funk et de groove et vous ne serez pas loin du compte.
Jean-Paul Gastier derrière son kit de batterie, Per Wiberg aux claviers, mais aussi au chant et à la guitare, il fallait encore trouver deux colocataires pour pouvoir payer le loyer. Le bassiste Ulf Rockis Ivarsson et Thomas Juneor Andersson, le guitariste du trio stoner-blues-psychédélique suédois Kamchatka se font un plaisir de répondre à l’annonce.
« King Hobo » s’ouvre sur « Running », une cover du chanteur ‘rhythm and blues’ Curtis Mayfield. Rien de tel pour se mettre dans l’ambiance. Orgue et Mellotron, rythmiques funky, et soli de guitares dégoulinant de feeling. On se croirait revenu au début des seventies. Les ambiances se suivent sans se ressembler tout en restant très ‘années 70’ : sleaze rock sudiste sur un « Leaving Letter Blues » transcendé par l’harmonica d’Eric Oblander (Five Horse Johnson). Jam instrumentale ‘Purplelienne’ pour « Swede » (NDR : Per Wiberg est-il le fils caché de Jon Lord ?). Funk rock ‘style Motown’ avec « From Me To You ». Blues enflammé pour « Coffie Break » et en final sublime, le jazz-rock déjanté de « Mr Clean », une reprise du jazzman afro-américain Weldon Irvine sur lequel le saxophoniste Tomas Agnas se déchaîne comme un damné.
Pas sur que le groupe donne un jour une suite à cette pièce d’orfèvrerie. C’est probablement ce qui fait de « King Hobo » un album unique. Incontournable pour les fans des premiers Deep Purple, Whitesnake et Rare Earth. Du talent à l’état pur.
Pays: SE
Hippodome Music HM0208
Sortie: 2008/05