MIND PORTAL – 1/1
Le quatuor d’instrumentistes virtuoses Mind Portal n’a certainement pas choisi le style musical le plus rémunérateur qui soit pour exercer son talent et sa dextérité si durement acquise. Difficile en effet, pour un jeune groupe, de faire fortune en pratiquant le métal progressif instrumental. Sauf, bien sûr, si votre combo a la chance de compter parmi ses membres un ou plusieurs musiciens faisant (ou ayant fait) partie d’une formation iconique du progressif, comme Dream Theater, par exemple, pour n’en citer qu’un, pris tout à fait pris au hasard.
Oui mais voilà, Mind Portal est originaire de la ville de Voronezh, et l’on imagine bien que des gens aussi occupés que John Petrucci, John Myung, Jordan Rudess, Mike Portnoy ou même Derek Sherinian ne mettent pas souvent les pieds dans ce coin reculé du sud-ouest de la Russie. Et malheureusement, sans un sticker sur lequel on pourrait lire ‘Featuring John Petrucci’ ou ‘Special Guest : Derek Sherinian’ collé sur le boîtier de son album, Mind Portal, aussi talentueux soit-il, aura probablement bien du mal à en écouler un nombre suffisant d’exemplaires pour pouvoir vivre de sa musique. Dommage, dans le fond, puisqu’au point de vue de la dextérité instrumentale, Grigory Kurnosov (guitares), Vitaly Zotov (basse), Vyacheslav Bessonov (claviers) et Roman Gorodnyansky (batterie), n’ont pas vraiment à rougir face à leurs collègues yankees.
Au point de vue de la musique proprement dite, les références sont évidentes. Mind Portal s’inspire des ténors du genre : Liquid Tension Experiment, Planet X ou Gordian Knot. On retrouve sur « 1 / 1 », le premier opus du groupe, tous les artifices qui font la joie des amateurs de métal progressif instrumental : les traditionnelles cavalcades de guitares, les descentes de manches rapides et des joutes six-cordes/claviers dignes des plus grands duellistes. Les ambiances passent de la ballade émotionnelle au métal rageur en passant par le jazz-rock sinueux. Le tout est, comme il se doit, exécuté avec une technique irréprochable. Et, si les Russes se distinguent un peu de leurs collègues en insufflant de temps à autre des passages au charme un brin vieillot de progressif vintage à la Emerson, Lake & Palmer, au final, rien sur l’album n’est tout à fait original ou même innovant. Si bien que l’on éprouve souvent, cette impression de ‘déjà-entendu’ qui à la longue est un peu ennuyeuse. Mind Portal n’existe que depuis un an. Il faut encore lui laisser un peu de temps pour mûrir et se forger un style plus personnel. Très bel essai, cependant.
Pays: RU
Mals Records MALS361
Sortie: 2010/08/11