BLACKMORE’S NIGHT – Secret Voyage
Les albums de Blackmore’s Night deviennent de plus en plus sombres. Le superbe packaging de ce petit dernier amplifie encore l’impression de noirceur. Après « The Village Lantern« , sorti en 2006, dont vous aurez d’ailleurs la vidéo en bonus avec l’édition spéciale de ce nouvel opus, voici un voyage parmi les légendes du moyen-âge avec pas mal de chansons traditionnelles revisitées, mais aussi quelques reprises.
Si l’album commence de manière symphonique et noire avec « God Save The Keg », un titre basé sur un traditionnel, on passe ensuite aux chansons auxquelles la paire Ritchie Blackmore et Candice Night nous a habitués. Les tons sont donc folk. Ceux qui ont aimé Mike Oldfield du temps de Maggie Reilly adoreront. Ils aiment retravailler les traditionnels. C’est aussi le cas avec « Locked Within The Crystal Ball », et dans cette boule de cristal les éléments naturels sont souvent déchaînés.
La voix de Candice Night est toujours égale à elle-même, brillante et aérienne. Elle se révèle particulièrement sur « Gilded Cage », un titre plus folk basé lui aussi sur un traditionnel. Il transpire de mélancolie, principalement à cause du violon qui le berce. « Toast To Tomorrow » sera tout le contraire, très gai, au point qu’on se croirait en pleine fête médiévale à l’auberge du coin. Il y a en sus un côté slave plutôt sympathique.
Vient « Prince Waldecks Galliard » qui permet à Blackmore de s’offrir une partie pour lui seul, un titre en l’honneur d’un prince qui hante un château allemand qu’ils adorent. Inutile de dire que le Maître se transforme en troubadour pour l’occasion.
Parmi les reprises, point de Deep Purple cette fois (ils avaient fait une version étonnante de fameux « Child In Time » sur le précédent opus). Par contre, nous avons droit à un « Rainbow Eyes » (signé Blackmore/Dio), aux tons acoustiques, sur lequel brillera par moments la guitare électrique. Ecrite par notre duo pour cet album, « The Circle » est baignée des ambiances qu’on leur connaît depuis leurs débuts. Il y a un passage qui vous fera penser au « Kashmir » de Led Zeppelin et une finale aux choeurs enivrants qui vous donnera l’envie de chanter aussi. C’est d’ailleurs un des meilleurs titres du disque.
Retour au médiéval avec « Sister Gipsy ». Le chant de Night est à nouveau mis en valeur. Les arrangements sont en effet légers. Mais tout se gâte avec la reprise de « Can’t Help Falling in Love ». Là, cela frise malheureusement la variété de bas étage, juste bonne pour l’Eurovision. Bref, lamentable. Il faut dire que cette chanson popularisée par le King (quelle idée il a eue…) vient d’un titre français nommé « Plaisir d’amour ». A oublier au plus vite, ou à zapper !
Heureusement, après cette débâcle, on revient aux tons qu’on aime chez Blackmore’s Night, ceux qui viennent en droite ligne du moyen-âge. « The Peasants Promise » possède de beaux passages de flûte et des percussions tribales. « Far Far Away » laisse une nouvelle fois la voix de Night sur le devant. Pourtant, cette fois la sauce ne prend pas. C’est sans doute dû à la conception plus variété de la chanson. Quant à « Empty Words », il termine l’album en douceur sans réellement redresser une situation bien moins affriolante depuis la moitié de la rondelle. C’est qu’on a parfois l’impression qu’ils s’enlisent dans leur style médiéval…
A part ce « Can’t Help Falling in Love » absolument imbuvable, ce nouveau Blackmore’s Night est égal à lui-même, peut-être plus sombre encore que le précédent, mais jamais aussi transcendant que leurs deux premiers albums qui remontent à la fin du siècle dernier. Outre à ceux du groupe, ce CD plaira aux fans de Mike Oldfield.
Pays: GB
SPV 91782 CD-E
Sortie: 2008/06/30