RED BEANS & PEPPER SAUCE – Supernova
Il n’y a pas beaucoup de mariages mixtes aussi magiques que celui qui unit le Classic Rock et la Soul. Nous l’admettons volontiers, cette union féérique est un secret bien gardé. Au siècle dernier quelques musiciens se sont efforcés de rendre l’affaire publique, mais ils ne furent pas légion. Nous pensons notamment aux prodigieux Rare Earth (NDR : qui, au tout début des seventies, furent l’un des rares groupes Heavy Rock Psychédéliques à côtoyer les Jackson Five, Marvin Gaye, Stevie Wonder et Diana Ross dans les bureaux du cultissime label Motown). Nous pensons également au Deep Purple (Mark IV) de 1975, qui avait laissé Tommy Bolin et Glenn Hughes exprimer leur passion pour le Funk sur le brûlot remuant qu’est « Gettin’ Tighter » et bien sûr (et surtout) aux légendaires Mother’s Finest, dont les hymnes remuants ont inspiré plusieurs générations de gangs Funk Rock.
Et puisque nous évoquons Mother’s Finest, il est temps de vous présenter Red Beans & Pepper Sauce qui en est l’un des plus captivants héritiers. Mené par la talentueuse Jessyka Aké, (NDR : que notre collègue François Becquart n’avait pas hésité à comparer à Aretha Franklin lors de sa chronique de l’album « Hot & Spicy »), Red Beans & Pepper Sauce est un quintette français, originaire de la ville de Bézier (Région Occitanie) qui semble s’être donné pour mission de porter la bonne parole du Classic Rock, du Blues, du Funk et de la Soul aux générations actuelles.
Actif depuis 2010, le groupe avait déjà publié cinq album studio (NDR : « Le Gardien » en 2010, « Who Made The Sauce ? » en 2012, « Hot & Spiciy » en 2015, « Red » en 2017 et « Mechanic Marmalade » en 2019). « Supernova », le tout nouvel opus qui nous occupe aujourd’hui, sort le 7 février 2025 via Crossroads/Socadisc.
« The Shadows » ouvre magnifiquement la plaque sur un Classic Rock puissant dont on retient surtout le superbe dialogue partagé entre la guitare acérée de Laurent Galichon et les claviers vintage de Serge Auzier. Le véritable côté Soul des Red Beans & Pepper Sauce pointe son nez dès le second titre avec cet « Another One » au groove incandescent, qui rappelle autant la musique de Stevie Wonder que celle du Deep Purple de 1975. En Joyce Kennedy des temps modernes, Jessyka Aké se charge de rendre l’ensemble sulfureux au possible. Invité sur le titre « Hel », le guitariste Fred Chapellier (NDR : qui a, entre-autres, accompagné Jacques Dutronc, Johnny Hallyday, Eddy Mitchell sur la tournée « Les Vieilles Canailles » de 2017) amène avec lui toute sa science en matière de Blues. D’invités, il en est aussi question sur la reprise tellurique du classique de la Soul Psychédélique qu’est « I Want To Take You Higher » (NDR : l’un des hits du groupe Sly And The Family Stone publié, à l’origine, en 1969), sur lequel la jolie Jessyka partage le micro avec le chanteur Funk/Soul/Blues camerounais Emmanuel Pi Djob, Yarol Poupaud le guitariste/chanteur de la Fédération Française du Fonk et Manu Lanvin (que l’on ne présente plus aux amateurs de Blues/Rock français), et sur lequel vient se greffer une section cuivres constituée de (excusez du peu) Fred Wesley, le tromboniste de James Brown et du célèbre trompettiste américain Boney Fields. Retour au Classic Rock énergique avec « Same Old Story », qui, comme le fera « Another Way » quelques plages plus loin, fusionne riffs puissants, rythmiques musclées et joutes guitares/claviers. « Gone In The Sand » est probablement le titre le plus envoutant de l’album. Red Beans & Pepper Sauce y décline un blues marécageux, rehaussés de percussions tribales et sur lequel les notes de l’instrument du violoniste oranais Rabie Houti amènent une atmosphère quasi magique. Sur « I’m A Women », Jessyka Aké s’évertue à réaffirmer de manière énergique une vérité que ne nous avait pourtant pas échappé. “I’m Done”, avec sa rythmique Funky soutenue, laisse filtrer quelque réminiscences des Red Hot Chili Peppers (NDR : on se souvient que ces derniers, avant de vendre leur âme au démon du commerce, citaient volontiers Mother’s Finest au nombre de leurs influences). Red Beans & Pepper Sauce parvient cependant à éviter le goût « Nineties » prononcé des Californiens en assaisonnant sa composition de claviers vintage. Parfait amalgame de Rock et de Soul souligné par un superbe solo de saxophone signé Sax Gordon, le titre « Show Me Your Love » n’aurait sans doute pas fait tache dans la discographie de Mother’s Finest. Un dernier invité aide le groupe à clôturer sa plaque. Il s’agit du guitariste Johnny Gallagher, qui s’il est un peu moins célèbre que son compatriote et homonyme Rory, n’en est pas pour autant dénué de talent. Un talent qu’il met d’ailleurs à profit en accompagnant la voix sensuelle de Jessyka Aké sur le superbe Blues qu’est « Don’t Let It Down ».
Nous ne sommes qu’en février et il n’est probablement pas raisonnable d’affirmer que nous tenons déjà notre album de l’année. Tant pis. Nous ne sommes pas raisonnables. Et si par hasard, dans les mois qui viennent, un autre album arrive à s’élever au niveau de « Supernova », il devra se contenter d’un ex aequo au sommet de notre Top 10 de 2025.
- “The Shadows” (3’17)
- “Another One” (4’14)
- “Hel” (4’04)
- “I Want To Take You Higher” (5’04)
- “Same Old Story” (4’51)
- “Gone In The Sand” (4’04)
- “I’m A Woman” (3’01)
- “I’m Done” (3’26)
- “Show Me Your Love” (4’09)
- “Another Way” (3’50)
- “Don’t Let It Down” (3’26)
Le groupe
- Jessyka Aké – Chant
- Laurent Galichon – Guitares
- Serge Auzier – Claviers
- Pierre Cordier – Basse
- Niko Sarran – Batterie, percussions
Les invités
- Fred Chapellier – Guitares
- Johnny Gallagher – Guitares
- Manu Lanvin – Chant, guitares
- Emmanuel PI Djob – Chant
- Sax Gordon – Saxophone
- Yarol Poupaud – Chant, guitares
- Boney Fields – Chant, trompette, bugle
- Rabie Houtie – Violon
- Fred Wesley – Trombone
Pays: FR
Crossroads / Socadisc – Promo Bruno Labati
Sortie: 2025/02/07