ORANŻADA – Salto
Les dystopies sont à la mode. En voici une. Imaginez un présent improbable dans lequel la musique serait accessible gratuitement via internet et des musiciens, frustrés de ne plus être payés pour leur travail, qui se mettraient à enregistrer sans plus prendre le temps de composer ; improvisant en studio un album fait de bric et de broc, comme le faisaient jadis sur scène leurs ancêtres hippies lorsqu’ils s’étaient goinfrés de champignons magiques. Pour se donner bonne conscience, ils qualifieraient leur musique d’expérimentale et justifieraient leurs productions sonores bancales comme un besoin de créer de la musique, sans aucune règle préconçue. Heureusement, dans le monde réel, tout cela n’est pas vraiment possible ! Car tous les musiciens de la planète sont justement rétribués pour leur travail et aucun d’entre eux n’aurait l’outrecuidance de proposer un CD, un LP ou une publication numérique sans que ceux-ci n’aient été murement réfléchis, travaillés avec soin et enregistrés dans des conditions optimales. Nous pouvons donc revenir au monde réel.
Embauché par un ami réalisateur pour créer la bande son d’un film d’horreur de série B, le groupe Acid Rock/Psychédélique polonais Oranżada a pris le parti d’improviser sa contribution à l’industrie cinématographique polonaise sur un enregistreur à bandes huit pistes. Fort d’une vingtaine d’années d’expérience scénique et d’une discographie studio étendue sur cinq albums, le quatuor d’Otwork (NDR : une ville située à une vingtaine de kilomètres au sud-est de Varsovie) n’a, semble-t-il, pas éprouvé d’énorme difficultés à mettre en boite une quarantaine de minutes de jam psychédélique, déstructurée et presque intégralement instrumentale (NDR : si l’on ne tient pas compte de quelques vocaux féminins fantomatiques et d’une chanson interprétée par un invité de marque local dont, malheureusement, nous ignorons tout). L’histoire ne nous dit pas si l’industrie cinématographie polonaise a apprécié le choix artistique d’Oranżada, mais l’industrie discographique, elle (ici représentée par le label audio.cave, a pensé (un peu comme nous d’ailleurs) que les expérimentations improvisées d’Oranżada sont parfois bien plus convaincantes que certaines publications murement réfléchies d’artistes de renom et n’a pas hésité à graver l’affaire sur un album aussi périlleux que le saut dont il tire son titre : « Salto« .
Contrairement à la médecine expérimentale qui, fort heureusement, est interdite, la musique expérimentale n’est soumise à aucune législation et si vous êtes du genre à apprécier le Rock Psychédélique des Sixties et des Seventies et que vous vous souciez peu des structures, des mélodies et des règles élémentaires du solfège, n’hésitez pas à vous faire du mal avec le dernier saut périlleux sonore d’Oranżada.
- « Początek wszystkiego » (05:53)
- « Ostatnie poprawki galaktycznego krawca » (03:14)
- « Narodziny planety » (03:32)
- « Powolny rozwój ale nagły rozkwit » (07:34)
- « Idź do chmury » (02:40)
- « Nie wszystko oczywiste » (08:32)
- « P.S.I.W.M.R. (Odwieczne poszukiwanie sensu istnienia wg malarza Rzempka) » (10:31
Le groupe
- Robert Derlatka – Basse, chant
- Michał Krysztofiak – Guitares, chant
- Maciej Łabudzki – Congas, claviers, flute, trompette, chant
- Artur Rzempołuch – Batterie, chant
Pays: PL
Audio.Cave ACD-001-2025 / Promo Filip Sarniak
Sortie: 2025/03/20