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LURKING FEAR, The – Death, madness, horror, decay

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“Mort, folie, horreur, pourrissement”… Avec un programme pareil, on va pouvoir s’accrocher au linceul parce que ça va secouer un peu dans le cimetière. Les croque-morts pourrissants qui viennent de jaillir de la crypte avec des faux fraîchement aiguisées ne sont pas là pour venir nous chanter des berceuses, mais au contraire découper en fines tranches tout ce qui viendrait à se présenter sur leur passage.

Ces monstres, ce sont les gens de The Lurking Fear, un projet parallèle réunissant quelques têtes connues de la planète death metal, puisqu’on a affaire ici à trois des cinq membres d’At The Gates, accompagnés de deux autres complices tout aussi peu fréquentables. Ce qui choque tout de suite quand on est immédiatement volatilisé par le death metal joué à l’ancienne qui jaillit des amplificateurs, c’est l’idée que d’habitude, At The Gates joue plutôt dans une registre death mélodique. Ici, il n’en est rien et tel Janus, Tomas Lindberg (chant), Jonas Stålhammar (guitare) et Adrian Erlandsson (batterie) changent de visage pour se livrer à la nostalgie des débuts du death suédois, avec les glorieux Entombed, Dismember ou Grave comme modèles.

Le reste de l’équipe se compose d’Andreas Axelsson (basse) et Fredrik Wallenberg (guitare), un garçon qui opère dans un autre combo death non négligeable dans le pays de Niels Holgersson : Tormented, responsable de deux albums et un EP depuis 2009. Ces cinq charcutiers ont monté The Lurking Fear en 2016 et ont déjà infligé au monde chrétien un premier album ʺOut of the voiceless graveʺ (2017) qui manifestait déjà cette tendance au retour aux racines du death des années 90.

Dès le départ, le label Century Media est intervenu pour commercialiser les œuvres de The Lurking Fear et la collaboration continue ici, pour le plus grand plaisir des couvents catholiques, ligues de vertu et associations de bienfaisance qui vont encore devoir ramasser des lambeaux de corps humains un peu partout dans la ville après le passage de cet ouragan ʺDeath, madness, horror, decayʺ qui ne laisse rien debout. Les thèmes de prédilection du groupe tournent autour de l’œuvre du grand H.P. Lovecraft, indépassable génie de l’horreur qui sut si bien concevoir l’existence de mondes cachés, peuplés d’indicibles créatures monstrueuses provenant des tréfonds de l’espace.

C’est tout tremblotants de peur que nous découvrons ce formidable album qui abandonne toutes les épithètes liées à la mélodie pour se concentrer sur l’essentiel, la brutalité pure et la sauvagerie la plus féroce des guitares, de la rythmique et du chant. En parlant de chant, on s’étonne d’entendre Tomas Lindberg adopter une voix de fausset assez étrange pour le genre, donnant l’impression qu’un eunuque s’est emparé du micro pour pousser des gueulantes tenant davantage du porc mourant que du hurleur vindicatif. Mais devant l’énormité de la violence angoissante mise en place par les instruments, ces questionnements deviennent rapidement de petits détails insignifiants au fur et à mesure que dévalent des tueries comme ʺAbyssal slimeʺ (qui sonne comme un clone du ʺDarkness descendsʺ de Dark Angel, du moins dans son introduction), ʺCosmic macabreʺ, le phénoménal ʺArchitects of madnessʺ, l’infernal ʺIn a thousand horrors crownedʺ, le dévastateur ʺAgeless evilʺ, l’étouffant ʺRestless deathʺ ou l’invincible ʺLeech of the Aeonsʺ, chargé d’administrer le coup de grâce aux derniers auditeurs survivants.

Car on va encore insister un petit peu : cet album est l’apocalypse en édition populaire. L’Holocauste, la destruction nucléaire, l’horreur infernal, la dégénérescence psychiatrique, le tiercé à Saint-Cloud, l’Open d’Australie, bref, tout ce que vous voulez quand il s’agit d’effroi insurmontable. The Lurking Fear efface d’un coup trente années de death metal mélodique, jette In Flames aux WC et tire la chasse, tout cela pour revenir aux saines ambiances des ʺLeft hand pathʺ, ʺInto the graveʺ ou ʺLike an everflowing streamʺ, ces albums qui avaient fait d’Entombed, Dismember ou Grave les héros des années 1990-91. Ceux qui regrettent toujours ces belles années vont pouvoir se précipiter sur cet album car avec The Lurking Fear, c’est le death old school qui revient dans toute sa splendeur morbide, et sans la moindre ride. Et pour ceux qui achèteront le CD de luxe, deux reprises les attendent : ʺThe curseʺ (Slaughter) et ʺSeanceʺ (Possessed). À vos tronçonneuses !

Le groupe :

Tomas Lindberg (chant)
Jonas Stålhammar (guitare)
Adrian Erlandsson (batterie)
Andreas Axelsson (basse)
Fredrik Wallenberg (guitare)

L’album :

ʺAbyssal Slimeʺ (2:57)
ʺDeath Rebornʺ (1:09)
ʺCosmic Macabreʺ (2:33)
ʺFuneral Abyssʺ (2:56)
ʺDeath, Madness, Horror, Decayʺ (4:19)
ʺArchitects of Madnessʺ (3:56)
ʺIn a Thousand Horrors Crownedʺ (4:38)
ʺKaleidoscopic Mutationsʺ (1:36)
ʺAgeless Evilʺ (2:48)
ʺOne in Fleshʺ (2:24)
ʺRestless Deathʺ (3:30)
ʺLeech of the Aeonsʺ (5:16)
ʺThe Curseʺ (reprise de Slaughter) (1:37)
ʺSeanceʺ (reprise de Possessed) (3:26)

https://www.facebook.com/thelurkingfearofficial

Pays: SE
Century Media
Sortie: 2021/11/19

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