LUCIFER – Lucifer III
A la fin de la chronique du précédent album ʺLucifer IIʺ, nous avions souhaité, par l’odeur du doom metal alléché, la sortie d’un troisième album de ce groupe germano-suédois pour voir comment tout cela évoluerait. Eh bien, c’est chose faite, nous avons été exaucés avec l’arrivée de ce ʺLucifer IIIʺ qui, en bonne inspiration zeppelinienne, porte encore un numéro à la place d’un titre. Laissez-moi deviner, Lucifer va encore faire un ʺLucifer IVʺ l’année prochaine, puis il va faire un album avec un nom complet l’année suivante. Les paris sont ouverts.
Depuis 2018 et la sortie du ʺLucifer IIʺ, le groupe de la chanteuse Johanna Sadonis et du batteur Nicke Andersson (désormais mari et femme) a eu du pain sur la planche. Après les vidéos pour les singles ʺCalifornia sonʺ et ʺDreamerʺ, sans compter les 13 000 exemplaires physiques vendus de ʺLucifer IIʺ, Lucifer est parti dans un marathon de tournées qui l’a emmené aux Etats-Unis, au Japon, en Europe et fait visiter les prestigieux festivals metal, stoner et doom, tels que The KISS Kruise, Psycho Las Vegas, Hellfest, MetalDays, Sweden Rock ou Desertfest. L’album s’est classé dans les charts suédois, allemands, anglais et américains, ce qui était de toute façon amplement mérité.
Tout le monde attendait donc Lucifer au tournant pour le toujours difficile troisième album, celui qui peut prouver que la foudre peut tomber trois fois au même endroit ou qui peut au contraire caler un groupe sur la voie de la routine répétitive pour les trente prochaines années. Ici, on ne va pas se mentir, Lucifer a pris son élan, s’est élevé dans les airs et est venu frôler la barre qu’il avait fixée très haut avec son précédent album, mais ne l’a pas dépassée. La subtile association entre doom metal et hard rock des origines s’est ici métamorphosée en un cocktail plus rock classique, avec une combinaison tirée de Black Sabbath, Deep Purple, Uriah Heep, Blue Öyster Cult, Lucifer’s Friend, Steppenwolf, Heart et Fleetwood Mac. On trouve de ci de là de belles sorties doom (ʺMidnight phantomʺ, ʺCoffin feverʺ, sans doute le meilleur morceau de cette nouvelle sélection) mais ces timides percées sont vite récupérées par la main soyeuse d’un hard rock rendu mélodique malgré lui du fait de la voix de Johanna Sadonis, vocaliste brillante mais dont le registre ne s’aventure jamais trop du côté obscur de la force.
On en est donc quitte pour un beau déroulé hard rock à l’ancienne, avec de forts solos de guitare, des vocalises envoûtantes mais qui n’ont rien de lucifériennes et des compositions enlevées mais gardant un œil sur un mainstream hard acceptable par tous. On ne boude pas son plaisir devant de costauds ʺGhostsʺ, ʺStay astrayʺ, ʺLuciferʺ, la puissante ballade ʺLeather demonʺ, le boogie nerveux rainbowesque de ʺFlanked by snakesʺ et même sur le mid-tempo rassérénant du final ʺCemetery eyesʺ, mais il y a toujours un petit sentiment de manque quand on pense aux possibilités doom metal évoquées par le précédent album.
Si vous espériez un nouveau coup de marteau doom avec ce troisième album, vous risquez donc d’être un peu déçus. Mais si vous n’avez pas d’attentes particulières et voulez simplement écouter du bon hard rock taillé à l’ancienne, avec une belle chanteuse, ce ʺLucifer IIIʺ saura vous satisfaire.
Le groupe :
Johanna Platow Andersson (chant)
Nicke Platow Andersson (batterie)
Linus Björklund (guitare)
Martin Nordin (guitare)
Harald Göthblad (basse)
L’album :
ʺGhostsʺ (04:04)
ʺMidnight Phantomʺ (04:12)
ʺLeather Demonʺ (04:51)
ʺLuciferʺ (03:56)
ʺPacific Bluesʺ (04:07)
ʺCoffin Feverʺ (04:11)
ʺFlanked by Snakesʺ (03:34)
ʺStay Astrayʺ (04:38)
ʺCemetery Eyesʺ (05:48)
https://www.facebook.com/luciferofficial/
Pays: SE
Century Media
Sortie: 2020/03/20