IFRYT – Nudy
Ifryt ne fait rien comme les molosses de la scène Black Metal à laquelle, pourtant, il s’affilie. Pas de look infernal, ni d’imagerie satanique. L’artwork de ses dernières réalisations discographiques, plutôt propret, ne choquerait sans doute pas l’amateur de Rock Progressif. One-man-band né en 2017 de l’imagination fertile d’un multi-instrumentiste répondant au patronyme de Kuna, Ifryt est basé dans la ville de Żory, au Sud de la Pologne. Outre ce côté esthétique radicalement différent de celui que qui fait recette chez le commun des entités Black Métalliques, Ifryt propose une approche différente de la musique extrême, n’hésitant pas à brasser les genres, les styles et les humeurs, allant même jusqu’à y ajouter une petite dose d’humour, au risque de déconcerter les membres les plus obtus de son auditoire.
« Nudy », qui dans le polonais natal de Kuna signifie « Minerais« , est le titre du nouvel EP d’Ifryt. Son prédécesseur, sorti en 2023, portait le nom plus étrange encore de « Płuca », ce qui selon mon dictionnaire en ligne, peut être traduit par « Poumon« .
«Jod» ouvre la plaque de manière bucolique, avec le chant de petits oiseaux, suivi par les notes reposantes d’un synthétiseur ambiant. Vient ensuite une déflagration Black Metal avec «Frustracja seksulana jest źródłem mocy Vril» (NDT : « La frustration sexuelle est la source du pouvoir du Vril »), un titre dont le style (au début, en tout cas) rappelle les premiers essais symphoniques de groupes comme Dimmu Borgir ou Arcturus à l’aube des années 90, mais qui s’achève de manière étrange comme un brûlot punk. L’intro du titre suivant « Dolina latających żab » (NDT : « La vallée des grenouilles volantes ») surprendra plus d’un francophone puisqu’il s’agit d’un extrait d’une obscure chanson de variété française de la fin des années 50 (NDR : Claire Vallin « C’était Fatal« ). L’intro est suivie d’un riff ultra véloce, soutenu par des nappes de clavier ambiant et un chant gras, en polonais, qui laisse parfois filtrer quelques amusants « C’était Fatal », éructés dans la langue de nos ancêtres. «Dziady część VII» est un étrange, mais sympathique amalgame de Metal extrême, de Heavy Metal épique et de punk dont la durée s’étire sur une petite dizaine de minutes. Nous passerons rapidement sur le court instrumental «RIP 1981-2024» pour apprécier les trois petites seconde du « Gob Of Spit » final, présenté comme une reprise du groupe Jazz Avant-gardiste américain Naked City et qui ne consiste qu’en un raclement de gorge, suivi d’un furieux lâcher de glaviot.
« Nudy » n’est sans doute pas le disque à écouter si vous êtes un rigoriste de la scène extrême, mais, après tout, tout ne doit pas toujours être noir et inerte dans le monde du Black Metal. Ifryt nous en fait la sympathique démonstration, en 25 minutes chrono.
- “Jod” (03:14)
- “Frustracja seksulana jest źródłem mocy Vril” (04:48)
- “Dolina latających żab” (06:23)
- “Dziady część VII” (09:52)
- “RIP 1981-2024” (01:10)
- “Gob of Spit” [Naked City cover] (00:03)
Le groupe
Kuna – Guitares, Basse, Synthés, Claviers, Batterie
Szrama – Chant
Bandcamp (Godz Ov War Productions)
Pays: PL
Godz Ov War Productions GOWP 014.24
Sortie: 2024/09/20