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Retour fracassant d’Evil Invaders au Trix

Après un gap de plus de 2 ans, nous revoilà sur la route du Trix pour renouer enfin avec nos traditionnels concerts du week-end. La file est longue devant les portes qui ouvrent à 19h00 tapantes. Passage un peu chaotique par le guichet des accréditations (les organisateurs auraient-ils perdu la main?) et ensuite par la file pour acheter des jetons, le sésame qui donne accès aux breuvages indissociables d’une bonne soirée métallique. Nous n’avons pas encore reçu nos jetons que déjà nous parviennent les premiers échos de la soirée. Ah, le doux son des riffs de guitare électrique, de la basse survoltée et de la batterie dont les vibrations vous pilonent le thorax et les tympans… Tout cela nous avait décidément trop manqué!

Trop tard pour avoir accès au pit, je me contente que quelques shots pris du public en guide d’échauffement. Les Anversois de Schizofrenia jouent à domicile devant un public en manque de sensations métalliques. Autant vous dire que l’accueil réservé aux extraits de l’album “Recollections of the Insane” (2022) est royal. Le son est plutôt bon et le combo passionné de métal extrême délivre un son mêlant death et thrash metal, avec un côté old school rafraîchissant qui évite de tomber dans le piège de la simple nostalgie du passé. Au programme, des morceaux tels que “Souls of Retribution“, “Sea of Sorrow“, “Schizophrenia” (extrait de “Voices“, leur EP de 2020), “Divine Immolation“, “Onwards to Fire“, “Maze Of Torment” (cover de “Morbid Angel“), “Cranial Disintigration” et “Structure of Death” (2020).

Autant vous dire que cela envoyait du lourd et que le public a adoré. Difficile d’imaginer meilleure entrée en matière. A peine le temps de se désaltérer que voilà déjà le second groupe qui arrive sur scène. Si je vous dis Cyclone (ex-Centurion), vous penserez catastrophe météorologique. Si vous aimez le metal belge, vous penserez plutôt au groupe légendaire de thrash metal originaire de Vilvorde qui a partagé la scène avec des monstres sacrés comme Metallica, Overkill, Anthrax et Slayer au milieu des années 80. Excusez du peu! Avec”Brutal Destruction“, leur premier album sorti en 1986,  ils ont immédiatement su toucher le cœur des métalleux. Et ils font toujours là plus de 35 ans plus tard.

Au programme, des extraits des deux principaux opus du groupe, à savoir “Brutal Destruction” (1986) et “Inferior to None” (1990), avec dans l’ordre “Take Thy Breath“, “In the Grip of Evil“, “Paralysed“, “Neurotic“, “Fall Under His Command“, “Throw the First Stone” et ”Fighting the Fatal“.

Pour tout dire, si le guitariste Kevin Verleysen s’est montré bluffant, le vocaliste Guido Gevels m’a donné l’impression de se limiter à un registre assez étroit. De plus, le son était beaucoup plus brut de décoffrage, ce qui a beaucoup plu aux amateurs de musique extrême. Pour moi, ce fut cependant la prestation la moins convaincante de la soirée.

Nous en arrivons ainsi au plat de résistance: la release party de “Shattering Reflection” sorti le 1er avril chez Napalm (et ce n’est pas un poisson d’avril). Bien que n’étant pas à la base un fan de thrash metal, je dois bien avouer que chaque fois qu’il m’a été donné de voir Evil Invaders sur scène, ils m’ont carrément scotché. C’était donc pour moi un plaisir d’assister à leur grand retour sur la scène du Trix, après un hiatus bien trop long (“Fuck Covid”, comme a lancé Joe à la foule très enthousiaste).

Pour fêter la sortie du nouvel opus, la production avait mis les petits plats dans les grands:  pieds de micro très “metal”, accessoires de scène à l’effigie EI, costumes, backdrops, lumières, effets pyrotechniques, fumigènes… Tout était réuni pour faire de ce concert une soirée mémorable, les musiciens ayant envie d’en découdre tout autant que le public.

Dès les premières notes, l’ambiance monte de plusieurs crans. Alors que les décibels arrosent la salle, on voit apparaître pogos et crowdsurfers.

Le programme musical est un régal. En quelques années seulement, nos compatriotes d’Evil Invaders ont réussi à monter en puissance et à rejoindre le gratin européen du speed et du thrash metal. Le groupe s’était déjà forgé une solide réputation sur scène dans notre plat pays lorsque son premier EP éponyme est sorti en 2013. Mais ce talent indomptable s’est aussi fait connaître à l’étranger. Résultat: un contrat chez Napalm Records, plusieurs tournées européennes et même au Japon. En 2015, le groupe a sorti son premier album “Pulses Of Pleasure“, faisant ainsi flotter fièrement la banière du thrash metal belge. Son successeur “Feed Me Violence” (2017) en a rajouté une couche. Et mon petit doigt me dit que ce n’est pas près de s’arrêter… Le concert de ce soir célèbre d’ailleurs la sortie de “Shattering Reflection“, le dernier-né du groupe, dont plusieurs extraits figurent sur la setlist.

En attendant, Joe (guitare et chant) s’est visiblement éclaté sur scène. Son chant a muri, sans rien perdre de sa fougue. De leur côté, Senne (aux baguettes), Max (guitares) et Joeri (basse) se sont eux aussi donnés à fond pour le public anversois qui le leur a bien rendu. Une ambiance comme on n’en avait plus connu de longue date.

Pour pointer quelques grands moments de la soirée, citons l’hymne épique “Die For Me“, qui est déjà un classique du groupe. Le génie d’Evil Invaders, c’est d’aussi proposer des morceaux mid-tempo comme “Forgotten Memories” à côté de titres plus fracassants comme “Sledgehammer Justice“, véritable déferlement furieux de Thrash/Speed Metal classique, dans lequel le quatuor belge se déchaîne avec des rythmes martelés et des solos de guitare de folie. Sans oublier “Broken dreams in isolation“, “In Deepest Black“, “Eternal Darkness” et des classiques comme “Mental Penitentiary“, “Tortured by the Beast“, “Feed Me Violence“, “Oblivion“, “Fast, Loud ‘N’ Rude” ou encore “Raising Hell“.

Bref, concert mémorable qui a fait un bien fou à tous les métalleux en manque de concerts présents au Trix. Avec cette prestation sans fautes et les nouvelles compositions du groupe très bien accueillies par un public ravi, Evil Invaders s’affirme de plus en plus comme un des chefs de file de la scène metal belge.

Report: Anne-Françoise et Hugues
Photos: Hugues
Accréditations: Mike de Coene (Hard Life Promotion)

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