Les tops 2021 de la rédaction (part 4)
Avant de plonger de plain-pied dans l’année nouvelle, place à la dernière rétrospective de 2021, consacrée à sa face indie. Et quoi de plus naturel que de demander à notre spécialiste maison de détailler ses coups de cœur, entre la mise à jour de l’agenda des concerts et le suivi des concours…
ALBUMS
1. Arab Strap – « As Days Get Dark »
Notre album de l’année est aussi improbable que le parcours de ses auteurs. Aidan Moffat et Malcolm Middleton ont en effet mis un terme à l’aventure Arab Strap en 2006 après une demi-douzaine d’albums et un succès davantage critique que commercial. Reformés en 2016 au départ pour une tournée, les voici signés sur le label de Mogwai et auteurs d’une incroyable plaque hésitant entre mélancolie, grandeur et humour (écoutez attentivement le succulent « Tears On Tour »). L’album de la maturité, ni plus ni moins.
2. The Underground Youth – « The Falling »
Si les Mancuniens d’origine et Berlinois d’adoption emmenés par Craig Dyer ont calmé leur production infernale, ils en peaufinent désormais la qualité. « The Falling » se balade à travers les univers de Leonard Cohen et de Nick Cave, le timbre du leader accentuant la délicieuse noirceur de l’ensemble.
3. Nick Cave & Warren Ellis – « Carnage »
Balancé sans rien dire sur le net peu de temps après son enregistrement et plusieurs mois avant sa sortie physique, l’album conjoint entre le maître et son fidèle bras droit s’est bien vite révélé comme un incontournable. Les niveaux standards de Cave n’ont jamais été aussi élevés, comme le démontre également le deuxième volet de ses « B-Sides & Rarities », sorti également cette année.
4. Dry Cleaning – « New Long Leg »
Les déclamations presque désintéressées de Florence Shaw occupent une place aussi prépondérante que les atmosphères post-punk glaciales (mais pas trop) de ses trois comparses masculins. Produit par le célèbre John Parish, « New Long Leg » a été couronné du titre d’Album of the Year chez Rough Trade. À impérativement voir au Botanique le 1er février.
5. Viagra Boys – « Welfare Jazz »
Les déjantés Suédois ont entamé l’année en boulet de canon avec leur deuxième livraison bourrée d’intensité et d’urgence. Ils l’ont terminée en mettant le Trix à sac lors d’une prestation explosive. Nul doute qu’ils feront trembler le chapiteau des Nuits du Bota sur ses bases le 6 mai prochain.
6. Black Country, New Road – « For The First Time »
Exigeant mais pas aussi intello que le « Cavalcade » de Black Midi, le premier album signé par la troupe d’Isaac Wood vous accompagne dans ses aventures imaginaires bardées de détours sonores surprenants. À peine le temps d’en découvrir toutes les subtilités que la suite arrive déjà le 5 février. « Ants From Up There » sortira un an jour pour jour après ce convaincant coup d’essai.
7. Bryan’s Magic Tears – « Vacuum Sealed »
« 4 AM » (2019) nous avait littéralement pris à la gorge. Son successeur voit le groupe emmené par Benjamin Dupont devenir un fer de lance de l’écurie Parisienne Born Bad Records. Un voyage en règle vers le début des nineties, où le shoegaze scelle un pacte avec la vague Madchester tout en lorgnant vers les balbutiements du grunge.
8. Squid – « Bright Green Field »
Annoncé par des singles tonitruants publiés chez Speedy Wunderground, le très attendu premier album des natifs de Brighton a finalement vu le jour chez Warp. Mais la touche de leurs débuts reste bien présente puisque Dan Carey a conservé son titre de producteur. Seule déception, un concert au Botanique un rien en-deçà des espérances.
9. Mogwai – « As The Love Continues »
Paru vingt-cinq ans jour pour jour après la publication de leur tout premier single (« Tuner/Lover »), le dixième album des Ecossais s’est retrouvé dans la foulée tout en haut des charts anglais. Une première pour le groupe et leur label (Rock Action) sur lequel est également sorti l’album du retour d’Arab Strap, avec un top 3 à la clé. Ils célébreront tout cela sur la scène de l’AB le 2 février prochain.
10. Glasvegas – « Godspeed »
James Allan aura donc mis huit ans à donner un successeur à « Later… When The TV Turns To Static ». La raison ? Il a souhaité le réaliser sans assistance extérieure mais aussi sans background préalable. Le temps de maîtriser les différentes phases du process (et de perdre la batteuse du groupe dans l’aventure), et voici un « Godspeed » bourré de compositions mélodramatiques dont il a le secret.
ALBUMS BELGES
1. Whispering Sons – « Several Others »
À l’instar de leur premier album en 2018, Whispering Sons termine en tête de notre sélection made in Belgium. Et tout comme celui-ci avec « Alone », « Several Others » renferme un hit imparable (« Structure »). Capitalisant sur un son glacial qu’ils maîtrisent à la perfection, les Bruxellois d’adoption ont peaufiné des compositions certes moins évidentes au premier coup d’oreille mais dont l’intensité se révèle au fil des écoutes et des prestations scéniques pendant lesquelles Fenne Kuppens devient littéralement habitée.
2. It It Anita – « Sauvé »
Eux aussi ont forgé leur réputation sur base de concerts incendiaires d’une puissance rare. Mais ce « Sauvé » (du nom du producteur de la plaque) possède quelque chose en plus par rapport à leurs efforts précédents. Comme si le Lavallois avait réussi à canaliser l’énergie des Principautaires en y injectant une sorte de plénitude furibarde à des titres bruts et sans concession.
3. La Jungle – Fall Off The Apex
Et lorsque l’on parle de furie, La Jungle n’est jamais bien loin. Le duo infernal a non seulement publié un quatrième album d’excellente facture mais a aussi retrouvé ses sensations en tournant assidûment ici et ailleurs. C’est d’ailleurs sur scène que l’anthologique « The End The Score » et le tribal « Du Sang Du Singe » prennent toute leur ampleur. Il paraît que la suite est déjà prête…
4. Meskerem Mees – « Julius »
Au nord du pays, la star de l’année se nomme sans conteste Meskerem Mees. La Gantoise d’origine Ethiopienne a remporté le prestigieux Humo Rock Rally, est apparue en featuring de plusieurs singles à succès (notamment le « Niemandsland » de Tourist LeMC) et a publié son premier album, véritable réservoir de perles mélancoliques pleines de sincérité. Seul bémol, ce virus qui a inopinément stoppé sa tournée de fin d’année après seulement deux dates, dont une parfaite au Botanique (voir rubrique concerts de l’année).
5. Mooneye – « Big Enough »
Croyez-le ou non mais l’amie Meskerem a également posé sa voix sur « Bright Lights », un extrait du premier album de Mooneye. Le projet de Michiel Libberecht a eu le temps de mûrir depuis l’été 2019 et le quasi grand chelem des festivals. Ses mélodies imparables couplées à des arrangements lumineux élèvent des compositions que l’on se surprend à chantonner dès la première écoute.
6. Pink Room – « Putain Royale »
À quoi comparer le deuxième album des Gantois si ce n’est une tornade sonore aussi imprévisible que destructrice ? Avec ses dix titres en vingt-et-une minutes chrono, Bart Cocquyt et ses acolytes n’y vont pas par quatre chemins. De nombreux invités se sont succédé en studio (Nathan Roche, Lee Swinnen…) mais c’est bien à quatre qu’ils déglinguent tout sur leur passage sur scène.
https://www.youtube.com/watch?v=WtQRTTkxFMo
7. Balthazar – « Sand »
Pour leur cinquième album, Maarten Devoldere et Jinte Deprez n’ont pas révolutionné le son de Balthazar mais lui ont insufflé un petit côté groovant presque sexy qui font notamment de « Losers » et « On A Roll » des prétextes pour se dandiner avec sensualité sur le dancefloor. Enfin, lorsque les mesures sanitaires le permettent…
8. Slow Crush – « Hush »
Trois ans après l’acclamé « Aurora » qui leur a permis de tourner à travers le monde, Isa Holliday et Jelle Ronsmans reviennent avec un nouveau line-up et un nouveau label. Mais surtout avec une plaque aux sonorités shoegaze un rien moins extrêmes tout en restant prenantes à souhait. Leur agenda pour 2022 dépassant l’entendement, les occasions seront nombreuses de les voir sur scène, un endroit qu’ils domptent à la perfection.
9. Paradoxant – Earworm
Si BRNS a publié un nouvel album cet automne, c’est son bassiste Antoine Meersseman qui se retrouve à l’honneur dans cette liste via son projet Paradoxant. Une pop sinueuse et bricolée presque pour du rire mais qui au final s’écoute avec le plus grand sérieux. Les deux inédits (dont un impeccable « Mighty Sorrow ») disponibles via un download code sur l’étiquette d’une bouteille de vin sélectionnée par le batteur Romain Bernard augure le meilleur pour la suite.
10. run SOFA – « Face It »
La transformation des Carolos de run SOFA en un duo post-punk dont les influences renvoient notamment vers Sleaford Mods sont apparues au printemps via « Like That », un excellent single qui, curieusement, ne figure pas sur l’album. Cela n’empêche pas les deux cousins de cracher leur mal-être via des textes incisifs déclamés sur des beats teintés de hip-hop et illuminés de riffs tranchants.
CONCERTS
1. Black Midi (Bota Orangerie – 29.11)
2. Black Country, New Road (Bota Orangerie – 24.10)
3. Annabel Lee + Endz (Bota Rotonde – 09.10)
4. Sophia (Bota Orangerie – 11.09)
5. Thurston Moore Group (AB Ballroom – 15.11)
6. La Jungle (Canal 10 – 13.11)
7. Meskerem Mees (Bota Orangerie – 05.12)
8. You Said Strange (De Roes – 30.11)
9. Yôkaï (Bota Orangerie – 20.09)
10. Italia 90 (Band On Boat Rotterdam – 16.10)
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