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The Ultimate Dreamers, Paradoxical Sleep is yours

Vingt-quatre heures après la sortie de leur premier véritable album, The Ultimate Dreamers ont célébré l’événement au CaliClub de Drogenbos. Un endroit qu’ils connaissent bien pour y avoir déjà présenté leurs précédentes livraisons, la compilation de démos « Live Happily While Waiting For Death » en 2021 et le mini album « Echoing Reverie » deux ans plus tard.

À l’instar de leurs hôtes d’un soir, les Parisiens de Curtain ont observé un long hiatus avant de revenir sur le devant de la scène. C’était à l’occasion du vingtième anniversaire de « No Flowers By Request », un album publié à l’aube du nouveau millénaire. Depuis, ils ont remis le pied à l’étrier et ont enrichi leur discographie d’une nouvelle pièce, « Between Us », sur le renommé label hexagonal Manic Depression. Sur cet album, on retrouve notamment l’excellent « Good Career », une des premières bombes de la soirée dans une veine New Order pleinement assumée.

Une influence qui planera d’ailleurs sur une bonne partie du set dont certains titres seront interprétés dans la langue de Molière par un leader en perfecto à la cool attitude. Dommage cette voix trafiquée trop souvent noyée sous les beats distillés par une demoiselle et ses deux laptops à l’arrière de la scène (« A Cold Life »). La configuration minimaliste du trio contribuant à conférer un caractère austère à l’ensemble. Cela dit, l’aspect mélancolique du tout nouveau « Contre-jour », par exemple, ouvre des perspectives même s’il tranche avec « Unbelievable », un récent single curieusement coloré à mille lieues du classique « Underground Paradise » dont la version enlevée fera sensation.

Qui aurait prédit voici cinq ans que The Ultimate Dreamers, groupe né du côté de Lessines dans la seconde moitié des années 80 et destiné à rester un souvenir de jeunesse, sortirait un premier album en 2025 ? Personne, pas même Frédéric Cotton lorsqu’il est retombé sur des enregistrements vintage en pleine pandémie de Covid-19. Et pourtant, après une compilation regroupant lesdits enregistrements, un single, un mini-album et un EP de remixes, voici donc Paradoxical Sleep, premier long format digne de ce nom, publié la veille de cette release-party.

Entamé pied au plancher par un « Big Violent » d’une rage extrême sur fond de visuels oppressants, le set prendra une direction flippante dans la foulée via « Deafness », premier et entêtant nouveau titre du lot. Ceux-ci seront légion puisque l’intégralité de la plaque sera jouée, au grand dam de ceux qui n’avaient pas encore prêté une oreille attentive à l’objet. Cela dit, outre les singles avant-coureurs « Spiritchaser » et « Digging », plusieurs compositions avaient déjà été testées sur scène au cours des derniers mois et notamment au Botanique en première partie de Vox Low.

Costume sombre et inamovibles lunettes de soleil, le leader se montrera particulièrement prolixe. Qui dit release-party dit en effet personnes à remercier et à ce niveau, il ne sera pas avare en compliments. Misty pour les visuels (particulièrement réussis et clés de l’identité du groupe), le producteur Len Lemeire et la talentueuse parolière Kelly O’Hara auront ainsi droit à leur moment de gloire. Absentes, June Dune et Simona Ferrucci seront également mentionnées alors que l’enregistrement de leur voix hantera respectivement un puissant « The Knife » et le tout nouveau single « Into The Fog », dark à souhait. On aura aussi droit à quelques anecdotes ou des pistes sur l’inspiration des morceaux, notamment la génétique pour un addictif « Energene » à l’électronique retenue et les bêtises enfantines sur un « Kids Alone » à la croisée des chemins entre les chapitres « Music For The Masses » et « Violator » de Depeche Mode.

Si Bertrand Evrard, guitariste appliqué et Joël Grigolato, bassiste enjoué font partie de l’aventure depuis les débuts, le groupe a désormais trouvé en Sandrine un subtil équilibre. Positionnée en retrait derrière ses claviers, elle n’en demeure pas moins essentielle, surtout lorsqu’elle les troque contre un violoncelle. Elle transcende en effet des titres comme l’envoûtant « Looking For » et cette bluffante cover du « Giving Ground » de The Sisterhood (un projet parallèle d’Andrew Eldritch des Sisters Of Mercy). Autre cover, plus classique celle-là car figurant régulièrement dans leurs set-lists, le « Hells Bells » d’AC/DC en mode mélancolico-retenu.

On retiendra encore le glacial « Envoler » qui, pour l’anecdote, est le seul titre rescapé des démos à figurer, dans sa nouvelle version, sur « Paradoxical Sleep ». On y voit l’ami Fred s’accompagner d’une basse à cinq cordes (chez The Ultimate Dreamers, on ne jure que par les basses à cinq cordes…) et poser sa voix sur des nappes synthétiques rappelant par moments Kraftwerk en mode gothique. Un « Traum » plein de conviction rehaussé de guitares Curesques et un prenant « Far Away » sortiront également du lot. Tout comme l’imparable « Polarized » pendant lequel un pied de micro se verra malencontreusement piétiné.

En guise de rappels, le groupe se plongera dans son passé récent, qu’il s’agisse de deux solides extraits d’« Echoing Reverie » (le glacial « Piano Ghost » et l’entêtant « Midnight ») ou d’une pertinente version réarrangée de « Japanese Death ». Si la genèse de ce titre qui bouclera la soirée remonte aux années 80, son évolution colle parfaitement à celle d’un projet en pleine expansion sans perdre sa spontanéité. Ou comment boucler la boucle en regardant l’avenir avec sérénité.

SET-LIST
BIG VIOLENT
DEAFNESS
SPIRITCHASER
ENERGENE
DIGGING
GIVING GROUND
TRAUM
INTO THE FOG
REPLICANT
LOOKING FOR
HELLS BELLS
ENVOLER
KIDS ALONE
POLARIZED
FAR AWAY
THE KNIFE

PIANO GHOST
MIDNIGHT
JAPANESE DEATH

Organisation : Fantastique Nights

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