The Blank Agains version 2.0
Notre infidélité ponctuelle aux Nuits nous a conduits cette année au Petit Chapeau Rond Rouge pour une double affiche fraternelle. The Blank Agains et Ara Nielsen, courtesy de l’empire Luyckfasseel, se sont en effet succédé sur la scène de la salle etterbeekoise.
Arnaud, le benjamin, a déjà bourlingué pas mal. On l’a ainsi croisé comme guitariste de The Big Hat Band, bassiste de Hey Yeah! / Broadcast Island et, plus récemment, batteur avec Le Prisonnier. Mais aussi dans les couloirs du Botanique et du Cirque Royal, un pass AAA autour du cou. Un musicien complet, qui, fort de l’expérience accumulée au fil des ans, a décidé de lancer son propre projet, Ara Nielsen.
Il a donc rassemblé ses économies et lancé un crowdfunding pour enregistrer un premier album dont la sortie est prévue début d’année prochaine. Ce soir, il va donc présenter en primeur des extraits de celui-ci dans une configuration solo, guitare nerveuse en avant et laptop au bout des doigts. Parfois un rien maladroit mais toujours déterminé, il se baladera entre l’immédiateté des Ramones, l’énergie des Clash et la vision crasseuse des Libertines via des titres courts, francs, directs et plein de sueur. Un retour aux sources qui devrait trouver son apogée en trio, la future incarnation live du projet.
Yann, son grand frère, dispose lui aussi d’un CV bien achalandé. Il a notamment illuminé la pop indie noire jaune rouge au sein d’Austin Lace et de The Album au travers de compositions rafraîchissantes. Puis, en 2012, il décide de former The Blank Agains sur lequel il travaille seul dans son coin avant d’enrôler des camarades musiciens, d’enregistrer un premier EP prometteur et de donner quelques concerts dans la foulée. Depuis, plus rien ou presque…
Fin 2018, un post sur la page Facebook du groupe annonce cependant un timide retour aux affaires, confirmé quelques mois plus tard par des photos illustrant une résidence dans les Ardennes, un nouveau logo et finalement un single inédit, “Goodbye Again”, lâché officiellement début mars. Le timing aurait pu être mieux choisi mais ce détail n’est pas de nature à décourager les cinq musiciens gonflés à bloc au moment de monter sur scène.
Entamé par “Light In Yer Head” et “Never Felt So Good”, deux extraits puissamment réarrangés du premier EP, le set nous plongera instantanément dans leurs influences privilégiées, oscillant entre shoegaze et dream pop mais toujours balisées de guitares entêtantes. Dans la foulée, l’aérien et planant “No Sensation”, première nouvelle composition de la soirée, mettra en avant des harmonies partagées par la plupart des membres du groupe.
En effet, Yann n’est pas la seule force vocale de l’ensemble. À ses côtés, le démonstratif (un peu trop par moments peut-être…) guitariste Jérôme Van Den Broeck (ex-Juno) prendra le micro pour une cover de “Love Is The Drug” à faire rougir Bryan Ferry himself alors que le batteur Nicolas Denis, lui, le fera un peu plus tard (on y revient). Le claviériste David Van Den Broeck et le bassiste Jérôme Roosa (eux aussi aperçus dans Juno) complètent un line-up occupé à bien se mettre en place. Il est vrai qu’il ne s’agit ce soir que de leur deuxième concert officiel.
Des variations mélodiques drastiques s’entremêlent parfois au sein d’une seule et même composition. L’excellent “Us, The Others”, semble par exemple associer The Blue Nile à The xx avant un final très Stone Roses noisy. De son côté, le candide “Excite Me” marie les synthés de New Order à la pop guillerette des Housemartins. Un condensé d’influences nullement préjudiciable à la cohérence du set dont on retiendra encore l’euphorique “Goodbye Again”.
En revanche, la balade “Sand In The Sky” lorgne un rien trop du côté dégoulinant des eighties. On regrettera peut-être également la batterie électronique dont les sonorités adoucissent involontairement certains titres qui gagneraient en rugosité avec un kit classique. Ceci dit, la voix du batteur mettra toutefois tout le monde d’accord sur la relecture rêveuse du “Life’s What You Make It” de Talk Talk, tout juste à tomber. En fermant les yeux, on se sent troublé par son timbre de voix proche de celui du regretté Mark Hollis. Le point final d’une soirée apéritive dont le plat de consistance sera servi le 7 novembre au Moulin Fantôme de Tubize, prochain repaire des deux groupes.
SET-LIST
LIGHT IN YER HEAD
NEVER FELT SO GOOD
NO SENSATION
LOVE IS THE DRUG
US, THE OTHERS
EXCITE ME
GOODBYE AGAIN
GO AHEAD! CRY
SAND IN THE SKY
LIFE’S WHAT YOU MAKE IT