Ne confondez pas « un semblant de concert » et « un concert de Semblant »
Mercredi 29 janvier 2025. La soirée s’annonce métallique avec 4 groupes à l’affiche au DVG Club. Mais c’était sans compter les soubresauts de la vie politique qui ont bousculé mon emploi du temps et la météo pluvieuse du jour. Bref, j’arrive assez en retard au DVG Club. Le premier groupe de la soirée devra m’excuser de l’avoir loupé. Mes contacts sur place m’indiquent cependant que les Helvètes du groupe Another Approach ont livré une prestation tout à fait honorable en ouverture de programme. J’espère sincèrement avoir l’occasion de les revoir prochainement pour pouvoir vous en dire plus à leur sujet.
À mon entrée dans la salle, c’est la formation portugaise Blame Zeus qui est en train de régaler le public clairsemé. Nous sommes en milieu de semaine et la tête d’affiche ne bénéficie pas (encore) de la notoriété qu’elle mérite… Le temps de mettre mes bouchons et de m’emparer de mon appareil photo et me voilà paré à profiter de la soirée. Blame Zeus est un groupe de metal alternatif portugais formé en 2010 dans le but de composer des titres innovants et de qualité, avec une base de rock/metal et des influences blues et soul par exemple.
Sur la scène du DVC Club ce soir, nous avons Sandra Oliveira au chant, Ricardo Silveira à la batterie,Tiago Lascasas et Bruno Rodrigues aux guitares ainsi que Bruno Branco à la basse. Au programme, des extraits de leurs 4 albums studio: « Identity » (2014), « Theory of Perception » (2017), « Seethe » (2019) et « Laudanum » (2023). La setlist de huit titres brosse un bel aperçu du répertoire du groupe: « Slaughter House » (2017), « Speechless » (2017), « No » (2019), « Accept » (2014), « The Apprentice » (2014), « Left For Dead » (2023), « Lust » (2023) et « Burning Fields » (2023).
Le groupe a des qualités indéniables, tant dans l’écriture que dans la prestation scénique. Malheureusement, le son en live me paraît moins construit que les enregistrements studio, même si les différents morceaux restent plaisant à entendre. Gageons qu’avec un peu plus d’expérience des tournées, les choses vont encore bien s’améliorer.
C’est ensuite au tour du groupe suédois Rexoria de nous ravir avec son metal moderne. Le quatuor est composé de Frida Ohlin au chant, Jonas Gustavsson à la lead guitare, Cristofer Svensson à la guitare et Martin Gustavsson aux fûts. Ce n’est pas leur premier passage au DVG. Je me souviens même que, la dernière fois, Jonas était au synthé, une mauvaise coupure ayant rendu sa main droite inutilisable pendant un certain temps. Il avait donc décidé de partir en tournée avec son synthé qu’il utilise de la main gauche pour accompagner ses acolytes. Le voilà donc de retour à la guitare, pour le plus grand plaisir des fans présents.
Fondé début 2016, cette formation compte déjà à son actif trois albums studio (« Queen of Light » en 2018, « Ice Breaker » en 2019 et « Imperial Dawn » en 2023), dont sont extraits les titres de la setlist: « Paradigm« , « Fading Rose », « Set Me on Fire« , « Roaring » , « Mesmerized« , « Rage And Madness« , « Light Up the Sky« , « Enchanted Island » et « Reach for the Heavens in Time« .
Musicalement, on se situe dans une forme de heavy metal melodique tirant parfois vers le speed. Cela se traduit par des morceaux accrocheurs et entraînants à souhait, interprétés par des musiciens et une chanteuse visiblement heureux de se retrouver sur scène. Ils s’éclatent et entraînent le public dans leur dynamisme. L’ambiance monte, malgré un public relativement peu nombreux. Et la setlist passe bien trop vite, signe que le programme musical proposé à plu.
Nous voilà donc arrivés à la tête d’affiche, le groupe de metal brésilien Semblant, formé en 2006 à Curitiba, dans l’État du Paraná. Les membres fondateurs sont le chanteur Sergio Mazul et le claviériste J. Augusto auxquels sont venus s’ajouter Mizuho Lin au chant féminin en 2010, Juliano Ribeiro à la guitare en 2011, Thor Sikora à la batterie en 2013, et Johann Piper à la basse en 2019. Le groupe affiche une belle production musicale avec une série d’albums à son actif: « Last Night of Mortality » (2010), « Lunar Manifesto » (2014) qui a connu un grand succès critique et commercial, « Obscura » (2020) et « Vermilion Eclipse » (2022).
Les métallurgistes brésiliens sortent un show clairement supérieur à tout ce qui a précédé avec une prestation puissante, inspirée par le modèle « Beauty and the Beast », c’est-à-dire un chant masculin en grande partie extrême et un chant féminin majoritairement en voix claire. La tournée actuelle dot son nom à l’album « Lunar Manifesto » précité dont le groupe célèbre ainsi le 10e anniversaire. Je suis enchanté d’enfin découvrir ces artistes sur scène.
Le public va avoir droit à une bonne tranche de metal symphonique extrême (ou extrême symphonique?) avec une série de pépites magnifiques: « Incinerate » (2014), « Dark of the Day » (2014), « Selfish Liar » (2014), « Mere Shadow » (2020), « The Shrine » (2014), « Purified » (2022), « Scarlet Heritage (Legacy of Blood Part III) » (2014), « Ode To Rejection » (2014), « Destiny In Curse » (2022), « The Hand That Bleeds » (2014), « The Human Eclipse » (2022), « Dethrone the Gods, Control the Masters (Legacy of Blood, Pt. IV) » (2020), avant de finir en beauté avec « What Lies Ahead » (2014) et « Enrage » (2022).
Un programme subtilement équilibré mettant l’accent sur l’album anniversaire et le dernier opus. Une prestation puissante et techniquement impressionnante. Des voix incroyables de justesse et de précision. Un groupe au talent largement sous-évalué qui mériterait amplement des salles comme le Trix ou l’AB, voire plus. Le savoir-faire des intervenants est indéniable et l’alchimie entre les deux chanteurs est parfaite. Le public exulte de la première à la dernière seconde, sans faire semblant. Quelle claque! Un moment de pur bonheur. Pour de vrai!
Accréditations: Rexoria
Texte: Hugues Timmermans
Photos © 2025 Hugues Timmermans