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Hotel Lux, post-punk étoilé

Si les Londoniens de Hotel Lux s’étaient déjà produits au nord du pays, ils n’avaient encore jamais atteint la capitale. C’est chose faite depuis ce dimanche où la Rotonde du Botanique a même accueilli la première date de leur tournée européenne. L’occasion de rôder quelques nouvelles compositions en prévision d’un futur deuxième album.

Une date sur laquelle ils ont invité leurs potes Gantois de The Rats à ouvrir pour eux. Une amitié sans doute scellée autour d’un terrain de foot, à voir la photo récemment postée sur les réseaux sociaux où l’on voit Lewis Duffin et Emile Dekeyser bras dessus bras dessous dans les tribunes de l’Union Saint-Gilloise. Le second nommé ne vous dit sans doute pas grand-chose mais les habitués des salles de concert et du Bota en particulier l’ont sans doute déjà croisé au milieu du moshpit.

Expressif et habité, il conférera sa hargne à des compositions décapantes boostées par un batteur déchaîné. Mention également au guitariste athlétique à sa gauche dont les subtiles injections électroniques complémentent une basse sinistre (ce break sur « Machinery »…). On évolue dans un univers à la Warm Exit dont ils auraient remplacé le côté foutraque par quelque chose d’addictif, comme ce riff incendiaire de « Old Flames », repris en chœur par le public. Un futur hit qui devrait les aider à se démarquer lors de la demi-finale du Humo Rock Rally ce dimanche 24 mars au Wintercircus de Gent.

« Hands Across The Creek », le premier album de Hotel Lux, a vu le jour fin janvier 2023 et le groupe l’avait présenté dans la foulée au Trix dans le cadre d’une opération HiFive. Un album produit du côté de Liverpool par Bill Ryder-Jones qui, non content d’y apporter sa patte, leur a permis de se démarquer d’un marché post-punk britannique plutôt encombré et uniforme ces derniers temps. L’ex-guitariste de The Coral a en effet mis un point d’honneur à arrondir des angles trop souvent obtus dans le milieu.

La rugosité prend toutefois le dessus sur scène, notamment via le phrasé-parlé de Lewis Duffin, quelque part entre Ian Dury et Mark E. Smith. Le nonchalant leader, qui porte un veston beaucoup trop grand pour lui, déclame en effet des histoires dont les anglophones doivent raffoler (« Eastbound And Down » et son mépris du capitalisme d’entrée de jeu). Pour les autres, cela semble nettement plus compliqué vu son accent à couper au couteau. Mais l’orchestration riche et enjouée basée dans ce cas présent sur des nappes synthétiques entêtantes a tôt fait de dissiper la frustration.

Sur « Strut », c’est le guitariste du côté gauche de la scène au look Captain Sensible avec béret et lunettes de soleil qui prendra la rythmique et les chœurs à son compte. Un peu plus tard, il attrapera le micro pour un « Hand O Mine » gâché par une voix sous-mixée pendant que le leader disparaissait au bar. Derrière eux, le claviériste s’en donne à cœur joie et pas qu’avec son instrument de prédilection. Il sortira ainsi de temps à autre un violon dont l’amplification noisy transcendera le déjà excellent « Points Of View » et donnera une coloration Levellers au break d’un enlevé « Common Sense ».

Au terme d’un puissant « Old Timer » sur lequel le chanteur s’égosillera entouré de flashes stroboscopiques, le nouveau « Joy In This Town » et son intro rockabilly feront office d’OVNI dans une soirée plutôt axée pub rock (le très « Parklife » « Ballad Of You And I », « Loneliness Of The Stage Performer »). L’ambiance buvette de foot illustrée par des écharpes trônant sur le synthé et la grosse caisse migrera ensuite vers les tribunes au son de ce « National Team » façon « Three Lions » sur lequel il se passe toujours quelque chose.

Aux dernières Leffingeleuren, c’est un supporter anglais qui est monté sur scène pour accompagner le groupe. Ce soir, c’est le chanteur de The Rats qui fera le boulot, laissant l’ami Lewis danser à l’arrière-plan, pinte de bière en main. Bordélique juste ce qu’il faut, ce titre pourrait être un hit outre-Manche si d’aventure les Anglais performent à l’Euro dans quelques mois. On imagine également les supporters éméchés s’époumoner un soir de victoire sur le tout aussi intense « Tabloid Newspaper » qui bouclera le set principal au milieu des cris du public (I’m a liar! I’m a twister of the truth! »).

Le groupe remontera sur scène pour un rappel tout à fait atypique car l’impeccable « The Last Hangman » tranche radicalement avec le reste de la set-list. Soutenu par une ligne de violon hypnotique, il voit le leader devenir comme fou au milieu d’un environnement aussi intense que glacial. Un final bien dark pour un groupe à l’évolution notoire qui dispose de davantage de cordes à son arc que la majorité de ses pairs.

SET-LIST
EASTBOUND AND DOWN
STRUT
BALLAD OF YOU & I
POINTS OF VIEW
COMMON SENSE
LONELINESS OF THE STAGE PERFORMER
HAND O MINE
OLD TIMER
JOY IN THIS TOWN
NATIONAL TEAM
SOLIDARITY SONG
TABLOID NEWSPAPER

THE LAST HANGMAN

Organisation : Botanique

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