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Fat Dog, Woof ti!

Amplement justifiée ou exagérément surfaite, la hype entourant les Londoniens de Fat Dog ne laisse en tout cas personne indifférent. Pour les avoir vus plusieurs fois en amont de la sortie de leur premier album début septembre, leurs prestations généraient davantage de questions que de réponses. Une énigme que leur visite dans un Museum du Botanique chaud bouillant s’apprêtait à élucider. Ou pas.

Mais avant de se pencher sur le phénomène, place à la première partie signée ELLiS-D. Rien à voir avec un clin d’œil à une substance illicite bien connue, il s’agit du projet d’Ellis Dickson qui, pour la petite histoire, occupe le poste de batteur au sein de Fat Dog pour cette tournée. Leader expressif, ce grand dadet à la voix saccadée emmène un solide groupe au sein duquel un mystère subsiste. Quel rôle en effet occupe le type complètement à l’ouest à sa droite qui, mis à part quelques onomatopées au micro, martèle un tambourin et fera fuir les premiers rangs en ôtant ses lunettes de soleil ?

Ce détail mis à part, on ne peut que se laisser emporter par les riches compositions du gaillard qui semble avoir autant écouté les Talking Heads qu’Arcade Fire. Les arrangements léchés côtoient ainsi les détours post-punk arty de la bande à David Byrne. Le tout exécuté par un ensemble particulièrement complémentaire (ils sont six sur scène, tout de même…) comme le démontreront les nombreuses déstabilisantes fausses fins. Ou comment apporter de la rugosité aux extraits de « Hullo, Reality! », un premier EP publié l’an dernier qui s’est vendu comme des petits pains au stand merchandising.

Notre première expérience en compagnie de Fat Dog date du Micro Festival 2023 et on ne peut pas dire qu’elle ait été convaincante. Un set réduit à sa plus simple expression exécuté sans grande conviction tendait plutôt vers le flop que le top malgré de grandes attentes. Au fil des mois et de nos rencontres avec le groupe (Sonic City, support des Libertines à l’Aéronef, Pukkelpop…), on ne saisissait toujours pas où ils voulaient en venir. Des performances pleines et bordéliques où se côtoyaient un melting-pot de styles allant du ska à la techno en passant par du dub oriental.

Et puis, début septembre est sorti chez Domino le premier album du groupe, succuleusement baptisé « WOOF. » (en majuscule et avec un point car il s’agit forcément d’un bouledogue plutôt que d’un caniche). Un album qui réussit à canaliser leur énergie et à poser les bases de l’univers singulier qu’ils déglinguent sur scène. Il ne faudra ainsi pas plus d’un morceau à Chris Hugues, le claviériste torse nu et en short de boxeur pour se retrouver en train de jumper au milieu du public puis de reprendre sa place tranquillou pour un « All The Same » de feu.

À ses côtés, la fluette saxophoniste Morgan Wallace (qui a la particularité de jouer avec des écouteurs) prend ses marques et participe aux montées d’un titre que l’on peut encore considérer comme faisant partie de l’échauffement. En revanche, à partir de « King Of The Slugs », genre de mélange improbable entre Goose, Viagra Boys et le « Casatschok » en mode speedé, tout partira en vrille. Joe Love, le chanteur moustachu en tablier blanc coiffé d’un chapka se confondant avec sa coiffure bouclée, devant à peine prononcer les paroles du refrain repris en cœur par le public. Bien vite, les premiers pogos migreront en circle pit (une première sans doute au Musée du Botanique).

Dans la foulée, « Wither » prendra des allures de gabber ska du troisième millénaire, le tout sous les coups de boutoir de l’ami Ellis, aussi à l’aise derrière des fûts que devant un micro. Passons sur la chorégraphie un peu cheap du claviériste et de la saxophoniste même si elle témoigne du degré de folie animant l’ensemble d’un groupe complété par la nouvelle bassiste Jacqui Wheeler, à l’écart du côté droit de la scène.

« I Am The King », scandera le leader d’une voix de toaster jamaïcain en mode Droopy, le titre le plus retenu de la soirée et respiration bienvenue avant une fin de set dantesque et pleine de transpiration. Il s’égosillera sur un… Dingo « Pray To That » illustré d’aboiements samplés. Mais que dire de ce « Peace Song », présenté comme un titre écrit pour l’Eurovision entamé sur un beat digne de Molchat Doma qui, blague à part, pourrait faire bonne figure à Bâle l’an prochain. Refrain catchy, mélodie entêtante, vagues avec les bras, tout y est. Quant à l’hypnotique « Running » et ses 220 bpm (au moins), il bouclera le set principal sous un déluge stroboscopique… après quarante minutes à peine.

S’ils reviendront pour des rappels, ils seront limités à une cover tout à fait pertinente du « Satisfaction » de Benny Benassi, guidé par la voix nonchalante d’un chanteur dans son trip et des parties de sax soutenues. Avant un instrumental indietronica en crescendo qui ressemblait à un intermède ou à une bribe de morceau inachevé. De quoi alimenter l’énigme pour la prochaine fois…

Organisation : Botanique

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