El nuevo Hinds
Le retour à l’avant-plan des Madrilènes de Hinds s’apparente à un vrai petit miracle au vu de leurs récentes embûches. Sans label et sans argent à la sortie du Covid, on ne donnait en effet pas cher de leur peau, d’autant que la section rythmique avait quitté le navire entre-temps. C’était sans compter sur la résilience de Carlotta Cosials et d’Ana Perrote qui ont alors enregistré « Viva Hinds », un quatrième album qu’elles ont présenté ce vendredi au Museum du Botanique.
Découverts voici une grosse année en support d’Ada Oda à l’AB Club, le duo Plush Baby s’est vu confier la première partie et en a profité pour dévoiler en primeur des extraits d’un imminent premier long format. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le bassiste Nicolas Anne (Saving Nico) et la claviériste Caitlin Talbut (Blond, Bluai) savent comment capter l’attention. Visuellement surprenant à défaut d’être pratique, ils se produisent ce soir déguisés en cœur géant dans un corps de lutin.
Musicalement parlant, l’électro-pop flashy dont ils commencent à se faire une spécialité trouve son apogée dans le single « Haha », quelque part entre Kate Nash et Lily Allen, boosté par les éclats de rire du public. Nappes synthétiques entêtantes, basse disco groovante et voix trafiquée façonnent un univers fantasque à la légèreté bienvenue et à l’humour affûté. Libérés de leur imposante carapace rouge, ils terminent d’ailleurs en t-shirt blanc arborant les mentions The Last One pour lui et The Other One pour elle. Quel sera leur prochain délire ?
La dernière fois que les nanas de Hinds sont passées dans le coin, c’était à l’AB Club en avril 2018, au moment de la sortie d’« I Don’t Run », leur deuxième album. Elle ont ensuite publié « The Prettiest Curse » en juin 2020, passé pratiquement inaperçu pour cause de crise sanitaire avant de connaître les déboires dont on parle plus haut. Cela dit, cinq ans plus tard, un vent nouveau souffle sur leur garage-pop foutraque auquel elles sont restées fidèles. Pour preuve, la moyenne d’âge des spectateurs présents au Museum a drastiquement fondu et la majorité d’entre eux ignorent qu’elles s’appelaient encore Deers en 2014, lorsqu’elles ont assuré la première partie des Libertines à Forest National.
Comment expliquer cet inattendu retour en grâce ? Sans doute notamment par le fait que « Viva Hinds », album éclair d’à peine 31 minutes produit par Pete Robertson (l’ex-batteur des Vaccines), se profile comme le plus abouti de leur carrière. D’autant qu’il renferme de prestigieuses collaborations signées Grian Chatten et Beck mais aussi leurs deux premières compositions chantées en espagnol, dont elles ne joueront qu’un puissant « En Forma » ce soir.
Entamé via un pertinent « Hi, How Are You » en judicieux crescendo, le set ne tardera pas à exploser grâce à un public chaud comme la braise et bien en voix. La moitié de la communauté hispanique de la capitale doit avoir fait le déplacement pour célébrer le quatuor comme des vedettes nationales. « C’est comme si on était chez nous à Madrid », lancera d’ailleurs Ana Perrote (qui dialoguera majoritairement dans un français impeccable entre les morceaux). Et, de fait, cela s’époumonne ferme tant sur les nouveaux titres que sur les plus anciens, un speedé « The Club » et un crasseux « New For You » en tête.
Déchaînées, Carlotta et Ana Cosials virevoltent dans tous les sens alors que leurs nouvelles camarades, la fluette bassiste Paula Ruiz et la batteuse à la coiffure afro Maria Lázaro cimentent la nouvelle unité du groupe. Il s’agit là d’un autre élément essentiel de notre énigme. La première nommée prend d’ailleurs à sa charge les voix masculines dont on parle plus haut (un explosif « Stranger » pour le leader de Fontaines D.C. et un entêtant « Boom Boom Back » pour le prolifique californien).
Parmi les gadgets improbables répartis sur scène, pointons un aquarium virtuel et une enseigne ON AIR activée. Presqu’aussi anecdotiques que les semblants de chorégraphies tentés çà et là, notamment sur cet intense « Coffee » qui n’avait pourtant aucunement besoin d’artifices. Pas toujours très catholiques et souvent confus, les trois collégiaux extraits de « The Prettiest Curse » mis bout à bout sur fond de riffs à la Strokes trancheront avec la face passablement délicate de titres comme « The Bed, The Room, The Rain And You » et « Bon Voyage » qui verront Ana troquer sa guitare contre un clavier.
Un troisième élément viendra alors étayer notre enquête via cette cover en paliers du « Girl, So Confusing » de l’icône hyperpop Charli XCX, repris en chœur par un public aux anges. Le même accueil sera réservé un peu plus tard à un « Superstar » dans la même veine, visiblement composé à un moment où les choses n’auraient pas pu aller plus mal. Leur version du « Spanish Bombs » des Clash vaudra par ailleurs également son pesant d’ex-pesetas. Juste avant, « Castigadas En El Granero », le seul extrait rescapé de « Leave Me Alone », premier album unanimement acclamé par la presse musicale en 2016, verra les trois musiciennes de champ former une pyramide humaine dans un moment de franche rigolade.
Ce qui nous amène à la dernière pièce du puzzle. Ce petit brin de folie qui les verra inviter sur scène leur Tour Manager et une spectatrice à qui elles confieront leur guitare pour cette désormais traditionnelle et frappadingue interprétation du « Davey Crockett (Gabba Hey) » de Thee Headcoats. Désormais libres de tout mouvement et micro sans fil en main, Ana et Carlotta se lanceront dans diverses poses sur scène avant de foncer dans le public poursuivre leurs délires complices et de participer aux pogos qu’elles auront-elles-mêmes générés. Même une fois le concert terminé, elles auront du mal à quitter la scène, se déchaînant tant et plus sur le « Hello » de Martin Solveig & Dragonette. Si elles conservent cette cohésion, l’avenir de Hinds s’annonce plus radieux que jamais.
SET-LIST
HI, HOW ARE YOU
THE CLUB
NEW FOR YOU
BOOM BOOM BACK
COFFEE
BURN
JUST LIKE KIDS (MIAU)
RIDING SOLO
STRANGER
THE BED, THE ROOM, THE RAIN AND YOU
GIRL, SO CONFUSING
GOOD BAD TIMES
BON VOYAGE
SUPERSTAR
CASTIGADAS EN EL GRANERO
SPANISH BOMBS
EN FORMA
DAVEY CROCKETT (GABBA HEY)
Organisation : Botanique