Live report HELLFEST 2016 Clisson (France) Jour 3 – Dimanche 19 juin 2016
Détruire un anneau doré en le balançant dans le cratère d’un volcan, c’est vraiment un boulot de lopette. Pour le final du troisième épisode se sa trilogie personnelle, notre héros Alain Boucly n’hésite à affronter les flammes du Hellfest Open Air Festival pour assister au pot de départ de l’inventeur du Heavy Metal ! Troisième et dernière journée pour cette édition 2016 du ‘Festival de l’Enfer. Un soleil radieux inonde le site ; un temps idéal pour profiter une fois encore de cet environnement magique et de ce programme partagé entre les superbes têtes d’affiche et les découvertes de valeurs montantes se produisant sur le scènes annexes.
Afin de démarrer intensément cette journée, une petite mise en jambes vers la Mainstage 2 s’impose. Le premier concert dominical y débute sur le coup de 10h30. Venu d’Italie, Arthemis envoie un Heavy Metal basique qui, sans vraiment détenir la palme de l’originalité, nous fait passer un bon moment et c’est bien là l’essentiel. Formé en 1999 par le guitariste Andy Martongelli, le quatuor ne ménage pas ses efforts pour balancer des compositions calibrées eighties, qui font la part belle à des solos joués avec une grande dextérité. Le hors d’œuvre idéal pour nous mettre en forme et nous préparer à apprécier au mieux la richesse des réjouissances qui vont suivre.
Après le départ de Jo Amore, son chanteur emblématique, Nightmare doit faire face à un nouveau challenge, celui de présenter au public du Hellfest sa nouvelle vocaliste, la Belge Maggy Luyten (ex Virus IV). Si quelques doutes liés au changement de registre vocal étaient permis, ils ont tout de suite été dissipés. Maggy fait preuve d’une remarquable aisance et réussit à moduler sa voix en fonction des atmosphères, que ce soit sur les morceaux mélodiques, ou les plus Heavy comme “Eternal Winter”, par exemple. La présentation de “Serpentine” fait son petit effet. Chanté en duo avec Kelly Sundown (Darkology, Adagio, Beyond Twilight), ce titre inédit figurera sur le prochain album, dont la sortie est prévue pour le mois de novembre. Un grand moment qui sonne la fin d’un set convaincant, duquel on retiendra surtout l’intégration réussie de Maggy Luyten au sein de Nightmare.
Un an, jour pour jour après Nightwish, c’est son ancienne chanteuse Tarja Turunen qui se produit sur la scène du Hellfest. La belle, qui nous avait surpris la veille en chantant en duo avec de Sharon durant le set de Whitin Temptation, débute son set avec “No Bitter End”, une nouveauté extraite de son prochain opus “The Shadow Self”, disponible le 5 août . Cette excellente entrée en matière offre un gros son Metal (avec une guitare à la limite de la saturation) mais laisse aussi le côté symphonique s’exprimer grâce au violoncelle de Max Lilja (ex-Apocalyptica). La maitrise vocale de la finlandaise est remarquable, surtout lorsqu’elle module ses envolées lyriques pour accentuer le côté majestueux de ses compositions. Très attendu par les fans, un medley de 4 titres du groupe qui l’a fait connaitre fait monter l’ambiance d’un cran. Le choix est idéal et l’enchainement de “Tutankhamen”, “Ever Dream”, “The Riddler” et “Slaying the Dreamer” reste inoubliable tout en rappelant l’importance qu’a eue Tarja dans la carrière de Nighwish entre 1996 et 2005.
Une prestation en tous points réussie, qui illumine ce milieu d’après-midi, grâce au talent hors normes de cette artiste souriante. Le public est conquis.
Et c’est reparti pour un périple aventureux. Rejoindre “La Valley”, n’est pas une chose pas aussi simple qu’il n’y parait au vu de l’affluence qui sature les alentours des scènes principales. Mais il ne faut pas rater la performance de Kadavar ! Le groupe confirme son énorme potentiel scénique dès l’entame de “Lord Of The Sky”. L’excellent dernier opus “Berlin” est à l’honneur, pas moins de cinq extraits de l’album sont joués avec une fougue communicative, comme en témoigne la réaction torride du public. Le trio allemand, toujours en mouvement, envoie du lourd, emmené par une rythmique plombée et un Tiger Bartelt intenable, qui martèle sa basse comme si sa vie en dépendait. Lupus Lindemann, quant à lui, arrache des solis de folie, tout en se lâchant vocalement avec sa tonalité éraillée mais néanmoins puissante. Kadavar démontre avec brio qu’il toutes les cartes en main pour faire partie des grands dans les années à venir. L’énergie de ce doom / stoner influencé par les seventies mais résolument moderne, conquiers une “Valley” qui réserve une longue ovation à ces trois musiciens qui ont tout donné durant cinquante minutes intenses.
Le vintage revient en force, au vu du nombre incalculable de groupes proposant un style dont les précurseurs se nomment Led Zeppelin et Free ! Rival Sons fait partie de cette mouvance, et là aussi nous avons affaire à un groupe qui possède tous les ingrédients pour devenir une nouvelle référence en matière de Hard Rock bluesy. Mise en valeur par un son irréprochable, la performance des Californiens est remarquable, à commencer par le chant de Jay Buchanan qui ne faiblira pas durant toute l’heure de jeu. La foule, complice, accompagne le frontman à chacune de ses sollicitations. La guitare de Scott Holiday n’est pas en reste, grâce à un jeu diversifié, fait de riffs percutants alternés avec un feeling toujours maitrisé.
“Hollow Bones Pt. 1” sera le seul extrait de “Hollow Bones”, leur dernier opus sorti il y a quelques semaines, et c’est surtout le précédent, “Great Western Valkyrie” qui, avec 4 compositions au groove très apprécié, aura la faveur d’une setlist bien équilibrée. Rival Sons confirme un niveau de performance élevé et prouve que, lui aussi, est capable d’atteindre les sommets.
Retour à la grande scène principale pour assister à la troisième participation de Megadeth au Hellfest. Un décor, du plus bel effet, est composé de cylindres d’acier, répartis sur tout la largeur de la scène, dans lesquels sont incrustés des écrans vidéo. Dave Mustaine, fidèle à lui même, a du mal à esquisser la moindre expression, encore moins un sourire, ce qui ne l’empêche pas d’enflammer le parterre de Clisson en diffusant tous les hymnes Thrash issus des standards de son groupe. Hormis les traditionnels titres liés à l’actualité de la nouvelle production, c’est bien du côté des années 90 que Megadeth lorgne pour satisfaire les nombreux fans présents. Le second guitariste Kiko Loureiro (ex-Angra) est mieux qu’un faire valoir, car il possède un toucher d’une remarquable fluidité, qui vient en parfait complément du jeu de Dave. L’audience s’active sur “Symphony Of Destruction” avant un final éblouissant qui fait résonner un “Peace Sells/Holy Wars” joué par une formation à la cohésion visiblement retrouvée et ce, malgré les (trop) nombreux changements de line up. Dave Mustaine démontre qu’il a toujours la foi, se montrant irréprochable, tant sur le plan vocal que guitaristique.
Place à l’impressionnant show théâtral de Ghost et à son décor magique, valorisé par des lights de toute beauté. Le cérémonial bien huilé de Papa Emeritus III et ses Ghouls masqués nous transporte dans un univers énigmatique, renforcé par la tombée de la nuit. La taille de la scène permet de nombreux aménagements, qui s’ajoutent à ceux qui étaient proposés lors de la tournée française “Black To The Future”. Les effets pyrotechniques sont de sortie, les nonnes ont été multipliées par 10 pour la distribution d’hosties sur “Boby And Blood”, et la plateforme positionnée derrière la batterie, permet à Papa Emeritus de se déplacer sur plusieurs niveaux.
Musicalement, les Ghouls nous gratifient d’une osmose frisant la perfection. Le groupe est bien rodé et la setlist est sans surprise. Entre l’entrée de scène au son de “Spirit” et la magie de “He Is” repris par un public aux anges, les suédois montent en puissance à chaque apparition et se positionnent, à court terme, comme la relève des têtes d’affiche. L’émotion est palpable sur “Monstrance Clock”, lorsqu’une chorale d’enfants de Clisson, accompagnés par les nonnes, reprend en chœur le fameux “Come together, together as one” pendant plusieurs minutes. Ce final, ponctué par un feu d’artifice, sera le point d’orgue d’un concert abouti, aussi bien sur le plan visuel que musical.
La tournée d’adieu de la légende Black Sabbath fait une halte à Clisson, devant une foule impatiente de voir pour la toute dernière fois sur scène les créateurs du Heavy Metal. Un véritable écran géant, disposé en fond de scène, permet de ne rien rater des riffs assassins de Tony Iommi et des rares mouvements d’Ozzy Osbourne. Ce dernier ne varie pas son jeu d’un millimètre, bien ancré au micro sur lequel il s’appuie, adoptant la même attitude que dans les années 80 ; aussi immobile que dans sa jeunesse ! Par contre, la voix unique et inimitable d’Ozzy est bien en place, démontrant un net regain de forme par rapport à 2014. Il profite d’un break d’une dizaine de minutes pendant lesquelles Tommy Clufetos envoie un solo de batterie pour le moins basique, mais servi par un excellent son. Le son sera d’ailleurs excellent durant l’ensemble du concert. Les monuments les de l’histoire du métal se succèdent, avec les incontournables “War Pigs”, “Childen Of The Damned”, “N.I.B.”, “Iron Man” et un “Paranoid” qui vient conclure cette prestation d’anthologie. L’audience est comblée !
Ce onzième Hellfest a, une nouvelle fois, été à la hauteur de toutes les attentes et ce, en partie grâce aux nouveaux aménagements de la Warzone et aux décorations originales qui donnent au site cette atmosphère unique de jour comme de nuit. La variété de la programmation a permis à chacun d’y trouver son compte, quelque soit le style et la notoriété des groupes proposés. Cette édition du Hellfest nous a également proposé quelques belles découvertes. Le son a été au top durant les 3 jours, que ce soit sur les mainstages ou les scènes annexes et nous a permis d’apprécier tous les artistes dans de bonnes conditions. Un nouveau record d’affluence a été enregistré lors de cette édition 2016, avec 60 000 personnes par jour.
Merci à Ben Barbaud, l’organisation, les responsables presse et tous les bénévoles pour nous avoir permis de vivre ces moments magiques dans une ambiance conviviale.
A l’année prochaine !
Photos © 2016 Alain Boucly
Ben euhhh non le son était loin d’ être au top hormis les TA (overdose de drum&bass),en particulier justement pour Tarja dont la prestation était franchement décevante, parole de fan!