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SLANG – It’s on the Way

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Après deux albums séduisants, hors des sentiers battus, « Los Locos » en 1999 et « Save the Chilis » en 2001, Slang en publie enfin un troisième, qui s’avère encore supérieur aux précédents. Depuis six ans, le groupe poursuit dans sa voie novatrice, avec bonheur et adresse, ajoutant sans cesse de nouvelles orientations à sa Fusion « Jazz-Rock-Funk » originelle, déjà largement colorée de « World Music ». Sans rien renier, le groupe s’ouvre à présent à de nouveaux horizons, plus axés encore vers les rythmes électroniques actuels.

En fait, à l’instar de son aîné Aka Moon et de quelques autres, Slang s’est engouffré dans une voie dynamique et originale. Décidément, le monde de la Fusion n’en finit pas de se régénérer.

Depuis ses débuts, la formation n’a pas changé et se compose toujours du trio suivant :

  • Au départ, François Garny est autodidacte. Ces dons et son travail l’ont rapidement amené à collaborer avec quelques « grosses pointures ». Personnellement, je l’ai découvert derrière un de mes artistes favoris, Jack Bruce, lors des concerts organisés pour ses cinquante ans en 1993 (voir l’album « Cities of the Heart » de Jack Bruce). En fait, il remplaçait le « Maître » à la basse, lorsque celui-ci passait à d’autres instruments et y côtoyait les batteurs Ginger Baker, Gary Husband et Simon Philips, les guitaristes Gary Moore et Clem Clempson, les saxophonistes Dick Heckstall-Smith et Art Themen, … Il remettra le couvert lors des concerts en hommage à Jimi Hendrix, organisés par l’ex-Scorpion Uli Jon Roth avec également le clone de Hendrix, Randy Hansen, Simon Philips et quelques autres du même calibre (Jack Bruce et John Wetton, par exemple). Il a participé également à une des formations G3 de Joe Satriani, avec Michael Schenker et Uli Jon Roth. Il a également longuement accompagné Arno et a retrouvé d’autres artistes réputés de la scène belge, dont Jean-Pierre Froidebise et Mimi Verderame. Dans Slang, ses basses sont toujours vigoureuses, très acérées, presque agressives, fort en avant, dans un style métissé mais toujours très marqué par le « Rock », avec une recherche constante d’effets et d’inflexions originales.
  • Né en 1973, Michel Seba a étudié les percussions au Conservatoire de Bruxelles. Comme les deux autres, il fait partie du top des musiciens belges et on le retrouve derrière une pléiade d’artistes (Ivan Paduart, Panta Rhei, David Linx, Axel Red, Manou Gallo, …). Dans Slang, Michel Seba complète et assure une liaison harmonieuse entre les influences des deux autres, avec son jeu toujours spectaculaire et rapide. La multitude de percussions qu’il utilise accentue également les différentes colorations de la musique de Slang.
  • Né en 1967, Manu Hernia a une formation musicale poussée. Outre le solfège, il a étudié la clarinette pendant dix ans, a suivi deux années d’études du saxophone en section Jazz à la « University of Southern California » de Los Angeles, a obtenu un premier prix de saxophone au Conservatoire Royal de Bruxelles où il a également suivi des cours d’harmonie « Jazz ». Personnellement, je l’avais découvert en première partie de Mike Stern, à Sprimont, à l’époque de son intéressant premier album, « Acid Colors », paru en 1994. Il a enregistré et tourné avec le gratin du monde musical belge, sans jamais hésiter à s’aventurer dans des projets audacieux. Dans Slang, il apporte le cachet le plus spécifiquement « Jazz » avec un jeu toujours fluide et des sonorités très propres.

Voici les titres de cet album (60’13) :

  1. « Make It Happen » (F. Garny/M. Hernia/M. Seba) (9’19)
  2. « Out of Control » (F. Garny/M. Hernia/M. Seba) (10’38)
  3. « L’Homme Tranquille » (F. Garny/M. Hernia/M. Seba) (6’10)
  4. « Germaine » (F. Garny/M. Hernia/M. Seba) (6’57)
  5. « It’s on the Way » (F. Garny/M. Hernia/M. Seba) (9’41)
  6. « Sequenzzz » (F. Garny/M. Hernia/M. Seba) (7’42)
  7. « Flowin’ » (F. Garny/M. Hernia/M. Seba) (2’19)
  8. « Afluha-Bwo » (F. Garny) (7’27)

En voici les participants :

  • François Garny : Basses & Guitare (8)
  • Michel Seba : Percussions & Batterie
  • Manu Hernia : Flûte, Bansuri, Saxophones & Claviers
    +

  • DJ Grasshoppa’ (1, 2, 5, 6)
  • Angélique Wilkie : Voix (1)
  • Manou Gallo : Voix (8)
  • Bilou Doneux : Guitare (8)

Cette musique est passionnante de bout en bout : absolument rien n’est à rejeter. La cohésion de l’ensemble s’avère indiscutable et chacun des trois amène sa touche personnelle, inventive, directement reconnaissable. Pour cet opus, le rôle des invités dépasse l’agrément de confort et ne relève jamais de l’anecdotique.

Cet album confirme pleinement la sensation ultra positive que j’avais ressentie lors de leur prestation à Soumagne l’année dernière, malheureusement devant un maigre public.

La longue pièce « Make It Happen » progresse sur un rythme synthétique lent et répétitif, avec une couverture hypnotique de claviers et quelques effets « DJ ». Elle permet quelques beaux solos. La voix de Angélique Wilkie complète l’ensemble chaleureusement.

La splendide composition « Out of Control » accélère la manœuvre. Elle se caractérise par des solos inspirés de Manu Hernia, de lourdes basses en soutien et en solo de François Garny, des cavalcades de Michel Seba, quelques changements d’atmosphères, quelques cassures de rythmes, des claviers planants dans la droite ligne du monde de Steve Hillage, Gong ou Ozric Tentacles. Tout cela est mixé d’effets « DJ ». Une vraie pépite !

« L’Homme Tranquille » fout carrément le frisson. Une énorme basse, vibrant en finesse, ponctuée de percussions dont l’utilisation étonnement diversifiée rappelle souvent Trilok Gurtu, de belles phrases aux saxophones et cette sublime couverture de claviers. Quel délice !

« Germaine » permet à Manu Hernia de superbes envolées aux flûtes sur une basse ample, avec quelques distorsions, et un gros travail aux percussions.

« It’s on the Way », le titre de l’album, voit réapparaître le DJ Grasshoppa’ et ses effets spéciaux, conjugués à ceux produit par Hernia et Garny. La basse rappelle également souvent Jaco Pastorius. Flûte et basse s’aventurent aussi dans un merveilleux jeu parallèle, surprenant, soutenu par le fantastique Michel Seba, finalement rattrapé par l’audacieux François Garny. Que tout cela est bon !

Flûte subtile et filante, basse tout à la fois épaisse, flottante, vrombissante et virtuose, nappage d’effets DJ et de claviers, percussions haletantes, exubérance générale, définissent « Sequenzzz », une nouvelle réussite.

« Flowin », tout en sérénité, marque une agréable respiration avant « Afluha-Bwo », qui s’étire durant quasiment deux minutes dans un capharnaüm typiquement Africain. Ensuite, dans une atmosphère plus calme et mélodique, toujours africaine, l’Ivoirienne Manou Gallo, ex-Zap Mama, dont je conseille le dernier album « Dida » (avec Michel Seba), assure de beaux vocaux sur une musique limpide rappelant parfois Weather Report.

Un grand album, incontournable !

Mais que devra donc faire ce trio maudit pour enfin rencontrer le grand succès qu’il mérite ? En tout cas, un gros effort sur sa propre promotion parce que, franchement sur ce sujet-là, il y a du boulot. Ce n’est pas leur site, étonnement spartiate, qui le démentira. Même la découverte de la sortie d’un nouvel album du groupe s’avère presque acidentelle. Cela n’est-il pas un peu ridicule?

Pays: BE
Team 4 Action SL003
Sortie: 2005/01

One thought on “SLANG – It’s on the Way

  • On manque de superlatifs pour qualifier cette œuvre belge tantôt chatoyante, tantôt sobre mais toujours inventive, qui mérite amplement la cote de 9/10. Ce magnifique album, sauf changement majeur de dernière minute, figurera en bonne place dans le tiercé annuel avec Jon Hassell et Robert Plant. Il n’y a rien à jeter.

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