MARDUK – Viktoria
Un album tous les trois ans, c’est le rythme de croisière qu’a pris Marduk pour asséner à son public ses disques de black metal riveté dans de la tôle de char allemand. En effet, les Suédois sanguinaires restent ici fidèles à leurs thèmes prédilection, à savoir la guerre et plus particulièrement la Seconde Guerre mondiale, comme déjà abordé dans le précédent album « Frontschwein« . La pochette représentant un soldat allemand stylisé et le titre de l’album sont là pour témoigner que Morgan Håkansson (guitare), Daniel « Mortuus » Rostén (chant), Magnus « Devo » Andersson (basse) et Fredrik Widigs (batterie) vont rechausser les bottes cloutées, remettre le casque à boulon sur le crâne, empoigner une mitraille MG 42 et repartir à l’assaut des régiments soviétiques qui menacent d’envahir le grand Reich.
Côté musique, le groupe marque des points intéressants en verrouillant son style sur un retour vers le black metal des origines, mais cependant travaillé avec davantage de clarté dans les vocaux et servi par une production solide. Marduk choisit également la concision et l’efficacité avec un disque qui ne va pas dépasser 33 minutes et estourbir l’auditeur à l’aide d’uniquement neuf morceaux.
Nous voici donc replongés dans l’univers guerrier de Marduk, qui va évoquer avec une poésie tout charcutière quelques hauts faits de la dernière guerre mondiale, à commencer par « Werwolf » qui parle du nom de certaines troupes baltes pro-allemandes et antisoviétiques qui s’étaient planquées dans d’immenses forêts bien après la défaite allemande et qui continueront de harceler les Russes quasiment jusqu’au milieu des années 50. « June 44 » raconte bien évidemment les circonstances du débarquement de Normandie et « Tiger I » est une chanson vantant les mérites technologiques du char allemand Tigre I, l’un des plus redoutables de la Seconde Guerre mondiale. « Equestrian bloodlust » évoque une division de cavalerie SS qui portait le nom de Florian Geyer, en hommage à un hobereau du 16e siècle qui s’était révolté contre l’autorité politique et religieuse du Saint Empire romain germanique et qui avait mené des révoltes paysannes. Cette division SS était spécialisée dans la lutte contre les partisans soviétiques durant la guerre à l’Est. On a aussi droit à une évocation de la bataille de Narva avec « Narva », rappelant les circonstances de la reconquête de l’Estonie par les Soviétiques de février à juillet 1944. D’autres morceaux comme « The last fallen », « The devil’s song » ou « Silent night » sont plus génériques mais parlent toujours de la fraternité d’armes, de l’enthousiasme du combat ou du mépris de la mort. Pour le moment, toujours pas d’hommage à Winston Churchill ou au Maréchal Staline dans les chansons de Marduk, c’est quand même assez curieux…
Nous restons donc ici dans des sentiers bien balisés grâce au savoir-faire et à l’expérience de Marduk. « Viktoria » se place dans une ligne assez traditionnelle au regard du style de Marduk, qui signe ici un bon album, pas le plus grand de tous mais certainement pas le moins mauvais. On est même content de découvrir qu’après 28 ans d’existence, Marduk est toujours autant inspiré et demeure le fanal qui éclaire d’une lumière glauque l’univers morbide et saignant du black metal traditionnel.
Pays: SE
Century Media
Sortie: 2018/06/22