FOGALORD – Masters of war
Il n’y a pas que le metalcore qui a été usé jusqu’à la corde, on peut aussi citer le power metal symphonique épique. Dans le genre, tout a pu être dit depuis longtemps par des groupes comme Rhapsody Of Fire, Symphony X ou Sonata Arctica. Mais cela n’empêche pas certains petits groupes de tenter d’apporter leur pierre à cet édifice qui, à force d’accumuler toujours les mêmes briques, finit par ressembler davantage à un bureau de poste qu’à un monument original et somptueux. Dernier avatar épique symphonique à essayer le coup, Fogalord n’est pas un novice puisqu’il avait déjà commis l’album « A legend to believe in« en 2012.
A l’époque, mon éminent collègue Michel Serry avait déjà dit tout le bien qu’on pouvait penser de ce groupe, c’est-à-dire pas grand-chose, étant donné que ces Italiens s’affichent comme la 4567e copie conforme de Rhapsody Of Fire ou Nightwish. Sans être calamiteux dans le genre, les hommes de Fogalord se présentent comme d’honnêtes tâcherons qui respectent sans les questionner tous les codes du power metal symphonique épique, le petit doigt sur la couture du jean en cuir clouté. A commencer par leur patron Daniele Bisi, dit Danny All, qui a acquis son expérience musicale avec des artistes comme Antonio Giorgio ou des groupes comme Tragedian, Nothing Else et Synthphonia Suprema. Après le premier album « A legend to believe in », il remet en lice le guitariste Stefano Paolini (qui joue aussi avec Antonio Giorgio) et recrute les nouveaux Nicolo Bernini (batterie) et Giuseppe Lombardo (basse), en provenance respectivement de Blaze Of Sorrow et Myriad Lights mais également actifs chez Antonio Giorgio.
C’est donc le backing band d’Antonio Giorgio qui s’aventure ici dans un album concept qui va ressortir les thèmes typiques du métal épique : donjons, dragons, épée magique, vieux sorciers chenus, prince blond aux yeux bleus et fidèle destrier. On a droit à tout l’attirail Excalibur, Lancelot du lac, Seigneur des anneaux et autre bric-à-brac heroic fantasy balancé avec la pompe et la fierté du héros invincible qui possède l’armure d’argent qui va bien et qui va le protéger de tous les dragons et autres trolls malfaisants qui ne respectent pas la charte des droits de l’homme.
Musicalement, tout est normé métal épique chevaleresque : rythmiques galopantes à la Helloween, chant hâbleur et orgueilleux (qui sait parfois mortifier les tympans avec une morgue éraillée quelque peu stridente), cornemuses celtiques, grosses guitares recyclant toujours les mêmes riffs et au final, des morceaux qui ont tendance à se copier l’un l’autre. Il y a des albums dont les écoutes successives finissent par réconcilier l’auditeur avec l’œuvre. On n’est pas très chaud au départ puis on découvre petit à petit les qualités du disque. Ici, c’est le contraire. Les écoutes successives révèlent peu à peu les défauts de l’album, dont un style de chant qui tourne toujours autour des mêmes effets bombastiques et dont l’approche des aigus apporte son lot d’irritation.
Bon, vous aurez compris que cette chronique a été écrite par quelqu’un qui n’est pas du tout intéressé par le genre épique. Pourquoi encore s’embêter avec des épées alors qu’on a maintenant le canon antichar ou la grenade à fragmentation? Et puis des dragons, je n’en ai jamais vu. Mais il ne fait pas de doute que les amateurs du genre heroic fantasy et des versions lyriques de Conan le barbare trouveront de quoi s’amuser avec cette œuvrette qui n’apporte rien de nouveau mais se glisse totalement dans le moule du métal épique. J’avais un prof de philo qui donnait toujours au minimum un point pour l’encre des copies. Ici, il y aura une demi-étoile de plus pour la sincérité du travail de Fogalord.
Pays: IT
Limb Music
Sortie: 2017/06/02