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GIRLSCHOOL – Demolition

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Il semble qu’il se passe des choses pas très catholiques du côté du cimetière du heavy metal, où on a récemment aperçu un petit label anglais du nom de Dissonnance Productions se promener avec une grosse pelle et déterrer toute une série de petits disques fameux qui ont fait la gloire des années 80 mais que les nouvelles générations ont eu un peu tendance à négliger ces temps-ci. Nous profitons donc ici d’une vague de rééditions de perles fondamentales de la New Wave Of British Heavy Metal des années 80 pour évoquer les mémoires de certains groupes et raconter quelques anecdotes qui édifieront les chères têtes blondes qui ont compris que le heavy metal n’était pas né avec Steel Panther. Et comme nous sommes bien élevés, nous commencerons donc par les dames, avec Girlschool.

En 1980, au moment de l’explosion de la New Wave of British Heavy Metal, des dizaines de groupes de mecs se sont mis à conquérir les maisons de disques, les stations de radio et les hit-parades. On a ainsi pu faire connaissance avec les fameux Iron Maiden, Def Leppard, Saxon, puis encore les mythiques Angel Witch, Tygers Of Pan Tang, Diamond Head, Blitzkrieg, Sledgehammer, Atomkraft ou autres Vardis et Praying Mantis, pour n’en citer que quelques-uns. Tous ces groupes se réclamaient des mentors Judas Priest et surtout Motörhead, qui avaient ouvert la voie à coups de bulldozer durant les années 1977-79. Mais les hommes de Motörhead, au lieu de prendre sous leur aile des groupes de mecs, avaient porté leur dévolu sur un petit combo féminin du sud de Londres, fondé en 1975 sous le nom de Girlschool (d’après un single de Paul McCartney & The Wings). Girlschool avait réussi à s’imposer face à l’océan de testostérone que constituait la scène métallique anglaise de l’époque.

Et on ne pouvait reprocher à un tombeur de gonzesses comme Lemmy de ne s’être intéressé qu’au physique de ces donzelles. Car les Girschool n’étaient pas arrivées au rock pour montrer leurs atours mais pour jouer de la musique dure et sans concession. Et elles y arrivaient d’autant mieux qu’elles avaient pour elles un atout imparable : leur laideur à toute épreuve. En effet, ces précurseurs (précurseuses?) du hard rock féminin ne sont pas resté(e)s dans les mémoires pour leur belle gueule et leurs mensurations voluptueuses, elles ont marqué les esprits avec leur rage sur l’instrument, leur allant imperturbable et leur volonté de faire valoir leur talent avant leur physique. Le type du label Bronze qui les a signées en 1980 pour leur premier album « Demolition » n’est pas passé par la case promotion canapé mais a adhéré sans broncher au style percutant des filles de Girlschool. Le fait d’appartenir au même label que Motörhead a rapidement permis à Girschool de passer pour les Motörhead féminins.

A l’instar de leurs parrains hirsutes, les filles de Girschool ont fait de l’excellent boulot sur leurs albums « Demolition » (1980), « Hit and run » (1981) et, dans une moindre mesure, « Screaming blue murder » (1982). « Demolition » est produit par le fameux Vic Maile (Jimi Hendrix, Led Zeppelin, Hawkwind, Motörhead, The Kinks…) et atteint la 28e place des charts anglais au moment de sa sortie en juillet 1980. A l’époque, la scène rock anglaise est en pleine ébullition avec l’émergence du post-punk, la suprématie de Police et des Pretenders, le phénomène Madness ou la popularité du reggae, sans compter le heavy metal qui défend fièrement son territoire régénéré par la New Wave Of British Heavy Metal. Le succès de Girschool est donc très estimable dans un paysage musical où la concurrence et l’exigence de qualité sont énormes à l’époque.

Il faut dire que cet album renferme une combinaison particulièrement efficace de titres explosifs et bourrés d’énergie (« Demolition boys », « Take it all away », « Nothing to lose », « Midnight ride », « Emergency » et la reprise du « Race with the devil » des proto-métalleux sixties de Gun). Les voix angéliques un rien irritées des filles emportent les morceaux vers des hymnes guerriers et la guitare de Kelly Johnson surfe sauvagement sur les rythmiques pulsées montées par Kim McAuliffe (guitare), Enid Wiliams (basse) et Denise Dufort (batterie). Le temps n’a pas eu de prise sur ce disque qui s’écoute toujours avec l’envie de faire des grands moulinets d’air guitar et de pogoter joyeusement contre le mur de sa chambre. L’édition du label Dissonance qui est proposée ici ajoute en bonus quelques titres parus à l’époque en single (une version alternative de « Take it all away », « It could be better », « Furniture fire ») et deux démos de « Nothing to lose » et « Not for sale ». En ce sens, elle rejoint la réédition qui avait été faite chez Castle en 2004.

Fortes de ce premier succès, les filles de Girlschool vont continuer à bénéficier de la confiance du label Bronze et vont éditer en 1981 l’album « Hit and run ». A suivre…

Pays: GB
Dissonance Productions
Sortie: 2017/03/15 (réédition, original 1980)

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