ATOMIC – Six easy pieces
Le monde du jazz est grand, immense même. On croit avoir suffisamment à faire avec les Etats-Unis mais on s’aperçoit que la Scandinavie, par exemple, peut aussi être une source inépuisable de musiciens jazz. Et l’un des groupes les plus emblématiques de cette région pourrait bien être Atomic, un combo dont les ramifications résument quasiment à elles seules toute la scène jazz scandinave.
Formé en 1999, Atomic est composé de Magnus Broo (trompette), Fredrik Ljungkvist (saxophone et clarinette), Håvard Wiik (piano), Ingebrigt Håker Flaten (contrebasse) et Hans Hulbaekmo (batterie). Ce dernier vient en fait d’arriver et remplace Paal Nilssen-Love, un batteur norvégien impliqué dans près de 150 albums en tant qu’artistes solo, chef de groupe (Townhouse Orchestra, Large Unit) ou simple participant. Les musiciens d’Atomic proviennent de Suède et de Norvège et ont à leur actif une dizaine d’albums. Le style de jazz du groupe donne plutôt dans l’avant-garde complexe et technique, d’où le titre assez ironique du nouvel album « Six easy pieces », qui n’a en fait rien d’aisé.
Au contraire, on découvre des musiciens extrêmement pointus qui déstabilisent les rythmes et prospèrent dans l’asymétrie des compositions. Il faut dire que ces braves gens ont de l’expérience. Je parlais de l’impressionnante discographie de Paal Nilssen-Love mais les autres membres d’Atomic ont aussi de sérieuses références qui se chiffrent en dizaines d’albums sur des dizaines de projets différents. Ingebrigt Håker Flaten, par exemple, a joué dans plus de 35 combos différents, la plupart du temps avec Paal Nilssen-Love. Le nouveau batteur Hans Hulbaekmo est le plus jeune de la bande (28 ans) mais affiche déjà à son palmarès une vingtaine d’albums pour le compte d’une douzaine de groupes.
Le nouvel album d’Atomic réunit donc toute cette somme d’expériences et d’expertise et il va falloir s’accrocher car son écoute est des plus exigeantes. Les improvisations se succèdent sur des titres affichant en moyenne neuf minutes de durée. Les cuivres survolent l’ensemble avec fluidité et versatilité, partant dans des courses folles (« Fält strid », « Ten Years », longue pièce initiée d’abord par le piano).
Cet album est le premier disque d’Atomic à sortir sur le label Odin, qui marque le coup en sortant une édition de luxe dont les bonus occupent plus de place que le disque principal. En effet, un double CD retraçant un concert donné à Tokyo en février 2016 permet de retrouver trois des titres du nouvel album (« Be wafted », « Ten Years », « Stuck in Stockholm ») mais également la quasi-totalité du précédent album « Lucidity » (« Lucidity », « Start stop », « Laterna interfuit », « Major », « A new junction »), le dernier morceau de ce live étant illustré par « Bop about », un extrait d’un album plus ancien « Theater tilters, vol. 1 » (2010). Ce double bonus est une occasion d’approfondir un peu plus sur Atomic, groupe tout à fait passionnant de la scène jazz scandinave, pour les amateurs de la période Coltrane, Mulligan, Monk et autres géants des années 60.
Pays: SE/NO
Odin CD 9557
Sortie: 2017/06/02