RUNDGREN, Todd – White knight
Je n’ai pas fait de statistiques en profondeur sur le site Music In Belgium mais il apparaît que Todd Rundgren est un des artistes les plus chroniqués sur notre site. Seul Tangerine Dream le dépasse. Il faut dire que Todd Rundgren n’a jamais cessé de créer et d’explorer à l’issue d’une carrière de désormais près de cinquante ans.
Donc, pour ceux qui veulent tout savoir sur Todd Rundgren, nous les renvoyons aux chroniques qui ont été faites au sujet de « The indivivualist« (1995), « No world order« (1993), « With a twist« (1997), « One long year« (2000), « State« (2013), « Live at the Warfield Theater« (1990), « Todd Rundgren’s Johnson live« (2013), « At the BBC 1972-1982« , ainsi que sur Todd Rundgren et Utopia (« Disco jets« (1976), « Live at the Electric Ballroom« (1978) ou « Live at the Old Waldorf« (1978)). Cette liste d’albums n’est bien sûr pas exhaustive puisque Todd Rundgren cumule 21 disques studio sous son nom ainsi que dix avec Utopia, plus une demi-douzaine de live officiels et les trois albums de son premier groupe Nazz en 1968-69.
Le 21e album solo de Todd Rundgren est précisément ce « White knight », imposant disque de plus de 50 minutes qui réunit sur quinze chansons toute une palette d’invités à raison de quasiment un par morceau. Afin de vraiment comprendre ce que Todd Rundgren veut nous transmettre sur cette nouvelle œuvre, une première écoute d’ensemble s’impose. On y découvre une orientation majoritairement art pop, avec pas mal de funk et de dance électro. Faites écouter cet album à un candide en lui ayant caché le nom de Todd Rungren, il croira avoir affaire à un jeunot plein de talent qui démarre dans le synth funk, voire à un album inédit de Prince.
Ceci prouve encore une fois que Todd Rundgren a toujours d’infinies capacités à nous surprendre. Ici, il invite des artistes de toutes les générations et de tous les genres, que ce soit des monstres sacrés comme Joe Walsh (« Sleep »), Donald Fagen (le magnifique « Tin foil hat »), Daryl Hall (« Chance for us »), Bettye LaVette (« Naked & afraid »), des gens plus jeunes mais incontournables comme Trent Reznor et Atticus Ross (« Deaf ears »), Joe Satriani (« This is not a drill ») ou des représentants de la nouvelle génération hip-hop/électro comme Dam-Funk (« I got you back »), John Boutté (« Beginning (of the end »), Robyn (« This could have been me ») ou le mythique Michael Holman (« Look at me »). Et même l’un des trois fils de Todd Rundgren, Rebop, vient chanter sur « Wouldn’t you like to know ».
Chaque invité imprime un peu sa marque sur ces titres tous composé par Todd Rundgren. On flaire du Nine Inch Nails dans le morceau joué avec Trent Reznor, on sent toute la fraicheur de Steely Dan avec Donald Fagen, on se prend une leçon de chant soul avec Bettye LaVette, on remue le derrière avec Daryl Hall, on respire de solides airs de classic rock avec Joe Walsh et on se fait flasher par les solos de guitare de Joe Satriani. Les morceaux avec la génération plus récente sont davantage marqués par la modernité mais on sent bien que c’est toujours Todd Rungren qui a la maîtrise totale du processus créatif.
Et plus on pénètre dans cet album, plus on en distingue les subtilités et on se rend à nouveau compte de la formidable versatilité de Todd Rundgren, dont la variété et la complexité peuvent se comparer au génie d’un Bowie, par exemple. Pas à dire, Todd Rundgren nous démontre encore une fois qu’il y a encore des myriades d’idées qui fourmillent dans son cerveau fertile. Au moment où les rockers de sa génération tirent tous peu à peu leur révérence, Todd Rungren devient un survivant indispensable de l’âge d’or du rock et de la pop.
Pays: US
Cleopatra Records
Sortie: 2017/05/12