SERENIUS – Cocoon
Le site technicaldeathmetal.org recense pas moins de quarante sous-genres de métal extrême et encore, il s’agit ici principalement de death metal. Avec un tel classement d’essence quasiment entomologique, comment un groupe de death peut-il encore se distinguer, être original sans être immédiatement rangé dans un des innombrables tiroirs qui composent la galaxie métallique?
Cette question est intéressante mais elle ne va pas vraiment trouver une solution définitive avec les Français de Serenius, qui pratiquent un death metal traditionnel sans vraiment être capables de transcender le genre. Mais ne soyons pas trop sévère tout de suite et laissons une chance à Serenius de défendre son bifteck.
Ce groupe se forme à Paris en 2005 et sort son premier album « Coming from Serenius » en 2010. A l’époque, on trouve Louis Borel à la guitare, Larry Etienne au chant, Jeremy Plantaz à la guitare, Robin Hedier à la basse et Yann à la batterie. Peu de temps après, le bassiste et le batteur sont remplacés respectivement par Antoine Verdier et Cyril Gromoff. Suit alors « Equilibrium » en 2016 qui voit le groupe transformé en trio autour de Louis Borel, Larry Etienne et Cyril Gromoff. C’est la même équipe qui sort « Cocoon » cette année.
Ce nouvel album n’est pas ce qu’on pourrait appeler un modèle d’optimisme et de gaité. Les messages qu’il véhicule tournent autour du doute, de la perte d’identité, de la manipulation par le « système » et des titres comme « Shadows of misery », « Business of fear » ou « Hate by all means » parlent d’eux-mêmes. Les hommes de Serenius nous mettent en garde sur les dangers du monde qui part vers sa propre perte. Pour comprendre ces avertissements, il faut plonger le nez dans les textes reproduits dans le livret du CD car si on se fie uniquement aux grognements de troll du chanteur, on ne pige pas grand-chose.
C’est pourtant par le biais de ces paroles que l’on s’attache à Serenius car on ne peut pas vraiment dire que le côté purement musical, avec ses codes death metal complètement traditionnels, soit une source d’originalité. Mais c’est aussi avec quelques écoutes et la découverte d’un style qui emprunte à Sepultura, Gojira, Arch Enemy ou Entombed que l’on se familiarise avec des titres dont certains valent le détour (« The shell », « Hate by all means », « Core depths », « Infinity »). On perçoit également une progression intéressante dans la complexité et la subtilité, entre un début somme toute assez conventionnel (« World », « Identity ») et une fin beaucoup plus riche (« Papers », « D.M.P. », « The candle flame »).
Donc, si Serenius n’est pas le groupe le plus révolutionnaire de la scène death metal contemporaine, il possède cependant quelques outils pour faire valoir sa capacité à défendre le genre et à manifester une sincérité sans failles envers ce dernier.
Pays: FR
Autoproduction
Sortie: 2017/05/12