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OWUN – 2.5

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Long cheminement que celui d’Owun à travers le temps! Ce groupe grenoblois affiche en effet cette année un quart de siècle d’existence, tout en semblant irrémédiablement voué aux couches les plus basses de l’underground. Mais tout vient à point à qui sait attendre et nous allons nous efforcer de rendre à Owun la lumière qu’il mérite. Car il faut quand même reconnaître que son nouvel album « 2.5 » est plutôt impressionnant. Mais pour cela, il faudra afficher quelque goût pour le post-rock drone et ambiant, avec une petite touche new wave et un soupçon de postcore.

L’histoire d’Owun commence donc à Grenoble en 1992. Au départ axé sur un quintet, ce combo enregistre son premier album « Petits contes pour enfants » en 1996. On est alors sur une base de pop noisy trempée dans une bassine de hardcore et de new wave. En pleine époque marquée par la décadence du grunge et l’émergence du postcore et de l’expérimentation (les premiers Mogwai, les premiers Converge…), les temps étaient assez favorables à un groupe comme Owun. Le groupe s’active pas mal sur scène aux côtés de formations hexagonales comme Ulan Bator, Hint, Portobello Bones, Seven Hate, Tantrum, Condense, ou étrangères comme UI, Laddio Bolocko, Cave.

Owun affine un peu plus ses sonorités sur son deuxième album « Sillon », qui se veut un peu plus kitsch et marqué par la pop synthétique des années 1980. On est alors en 1998 et le groupe effectue une tournée française en première partie des Japonais mythiques d’Acid Mother Temple. C’est après le troisième album « Ostensible? » en 2001 que le groupe se dissout, au moment où il mettait au point une musique fortement teintée de drone et d’électro.

Six ans plus tard, en 2007, Owun renaît de ses cendres sous l’impulsion de trois anciens membres qui remettent leur groupe sur les rails. Alexandre Turpin (chant, guitare et claviers), Ludovic Turpin (basse) et Cédric Corréard (batterie) émettent dans l’atmosphère en 2011 leur quatrième album « Le fantôme de Gustav », œuvre instrumentale torturée et tendue, toujours au service d’épaisses couches électroniques pas éloignées du shoegaze. Ici, le groupe commence à se faire davantage reconnaître par la critique.

Il semblerait que la consécration arrive avec ce nouvel album « 2.5 » qui sort sur le label [reafførests], une maison grenobloise spécialisée dans le noise pop. Entre propos entêtants (« i.a », « All of us »), ambiances étouffantes et sombres (« Araignée »), new wave ligotée dans des câbles électriques (« Foul »), Owun évolue à l’aise, propulsant son écriture dans de longs titres épiques et cybernétiques (« Tom tombe », « Raison »). Plus on avance dans le disque, plus l’étau se resserre et on finit captif de sons bruts et envoutants, répétitifs et gluants, nerveux et angoissés (« Frost »). L’achèvement n’est plus très loin avec l’épileptique « Post », prélude au final « Raison », longue procession lourde et cyclique qui nous en met pour plus de douze minutes de peurs électroniques.

Owun aurait réalisé ici son grand œuvre que ce ne serait pas étonnant.

Pays: FR
[reafførests]
Sortie: 2017/02/16

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