RED NOSE – Quitter La Ville
En 2010, Les Red Nose réveillaient en moi une certaine « fibre Rock’n’roll francophone » en envoyant à notre webzine un « Snack Bar Boogie« jouissif au possible ; une plaque si attachante que j’avais éprouvé bien des difficultés à lui faire quitter ma platine laser pour pouvoir passer à la chronique suivante.
Depuis, plus de nouvelles. Pas une lettre, pas un coup de fil, pas un décibel à me mettre sous l’oreille. Rien ! J’étais presque inquiet… Pour rien, apparemment, puisque contrairement à ce que j’avais imaginé, le groupe n’avait pas succombé à une overdose de son tord-boyaux préféré (1/3 de Jack Daniels frelaté, 1/3 de Saint-Émilion bouchonné et 1/3 d’essence de camembert coulant), mais il avait tout simplement décidé de… « Quitter La Ville » !
Après sept ans d’absence, les Rockers franciliens reviennent au devant de la scène Boogie Rock française armés d’un opus flambant neuf. Dans l’intervalle, il ont égaré le ‘Les’ qui francisait agréablement leur patronyme angliche et il convient désormais de les désigner sous le nom de Red Nose. Au rayon des changements, il faut également signaler le départ de l’un des deux six-cordistes et l’arrivée d’un nouveau batteur. Cette nouvelle configuration, bien sûr, a eu un impact sur les compositions et sur le style musical. Les Nez Rouges ont, semble t’il, mis un peu de côté la touche festive qui caractérisait leur plaque précédente pour devenir un brin plus féroces et légèrement plus incisifs. Bien que toujours présent, le côté Boogie Rock qui m’avait fait remuer sur « Snack Bar Boogie » semble avoir cédé un peu de terrain à un Blues/Classic Rock aux racines musicales ancrées dans la culture du Sud des États-Unis. Le Stetson « Stevie Ray Vaughanien » qu’arbore fièrement le guitariste Claude Valtrat sur toutes les photos du livret et ses nombreux recours à la guitare slide y sont probablement pour quelque chose.
Côté textes, on est un peu loin des cactus, du désert des autres préoccupations typiquement texanes. Entre l’histoire du musicien déprimé qui fait la manche sur les bords de la scène en jouant du Blues (« Il Joue Du Blues »), celle de la famille (imaginaire?) d’un magouilleur de comptoir mythomane (« Le Fils de Bob ») et les déboires d’un joueur malchanceux poursuivi par des créanciers maffieux (« Quitter La Ville »), on ne s’éloigne pas vraiment des charmes de la banlieue parisienne tels qu’ils étaient décrits dans les films de Michel Audiard.
Si « Snack Bar Boogie » et « Quitter La Ville » sont deux albums relativement différents, ils ont toutefois un point commun indéniable : Ils tuent à petit feu. Les rythmiques accrocheuses, les guitares envoutantes et les rimes savoureuses (NDR Ah, le joli ‘Elle fait ça tellement bien que je me serais presque cru un virtuose du gourdin’ sur « J’ai Pas de Monnaie » !), l’album s’insinue dans l’esprit au fil des écoutes et il sera encore difficile de passer à autre chose. Allez, je me le repasse encore une fois et puis …. « Demain J’Arrête », promis (ou pas).
L’album (47’54) :
- A Double Tour (4’02)
- Touche Pas À Mon Âme (6’43)
- Il Joue Du Blues (5’15)
- J’ai Pas De Monnaie (3’33)
- Le Fils De Bob (4’44)
- Quitter La Ville (4’40)
- J’Demande Pas Grand Chose (4’11)
- Tenir Debout (5’44)
- Western Blues (5’36)
- Demain J’Arrête (3’23)
Le groupe :
- Patrick Dimascio : Chant et Harmonica
- Claude Valtrat : Guitare
- Thierry Caget : Basse
- Philip Peter : Batterie
Pays: FR
Rebel Music RM 8934
Sortie: 2017/02