ETHMEBB – La quête du Saint Grind
Vous l’aurez compris dès le titre de leur premier album, les gens d’Ethmebb sont là pour sacrifier à la tradition de la fine plaisanterie en matière de métal. Dans la lignée de petits comiques troupiers du genre Ultra Vomit, ce quatuor composé de Rémi Molette (guitare, chant), Victor Tunidjah (guitare et chœurs), François Santenoff (basse et chœurs) et Damien Baissille (batterie) se distingue non seulement par les jeux de mots d’esthètes bien nés qui illustrent leurs pseudonymes mais également par un épanouissement dans un power death épileptique et black doom progressif pour enfants, comme il se plaît à qualifier sa musique.
Avec une telle carte de visite, inutile de préciser que ces citoyens de la bonne ville de Tournan-en-Brie, en Ile-de-France, ne vont pas hésiter à tourner en dérision toute la philosophie et les préceptes fondateurs du métal épique et du grindcore. Du grindcore, d’ailleurs, il n’en sera pas trop question dans cet album. Ce style extrême sera en fait plutôt le fil conducteur théorique d’une invraisemblable histoire de recherche d’un Saint Grind digne du seigneur des anneaux au pays du gendarme de Saint-Tropez. Le concept est simple : un musicien séducteur de filles grâce à ses capacités à jouer du grind, perd soudain ses pouvoirs et part à la recherche de son grind disparu avec la complicité d’un gobelin. Je ne sais pas si ce scénario trouvera les faveurs d’Hollywood mais en tous cas, on passe une heure entière à se fendre la pêche en lisant les paroles (malheureusement incompréhensibles à l’oral) et en chevauchant son fauteuil en imaginant combattre des dragons en carton-pâte ou gravir les pentes de la montagne sacrée du temple de la mort qui tue.
Côté intitulés des chansons, on est encore dans la référence potache et le jeu de mots grassouillet. « Tathor, l’échalote de ses morts », « Orlango Blum », « GPS : gobelin par satellite », « A la recherche de la quête de la découverte pour trouver le Saint Grind », « Pirates of the caribou » ou « Bruce Lee mena l’amour » sont non seulement des titres idiots mais ils ont la particularité d’être classés par ordre de durée. On démarre ainsi autour des trois minutes et on termine avec 17 minutes, dans un bain épique où les guitares fulminent dans le grandiose et où les musiciens nous reconstituent l’assaut du gouffre de Helm avec des épées en plastique mou et des béliers achetés chez IKEA. En fait, le dernier titre est long car il est suivi d’un morceau caché signé The Other Days, groupe mystérieux qui vient achever le délire avec un exercice d’électro niais qui ferait passer les Buggles pour une troupe de djihadistes assoiffés de sang.
Donc, si vous aimez le jeu de mots à deux balles, le calembour frelaté et une certaine vision burlesque du heavy metal, vous pourrez laisser traîner vos oreilles et muscler vos zygomatiques à l’écoute de ce petit album sans prétentions mais bien joué. C’est bien connu, ce n’est que lorsqu’on maîtrise bien un sujet qu’on peut le tourner en ridicule.
Pays: FR
Autoproduction
Sortie: 2017/01/13