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PIRE, Alain EXPERIENCE – Songs from the 13th floor

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Il nous avait enchanté les oreilles avec son excellent premier album « Cambridge«  en 2014 et nous sommes donc heureux de voir revenir l’Alain Pire Experience pour de nouvelles aventures rock psychédélique de haut vol. Et de l’expérience, le belge Alain Pire en a pas mal avec un passé solide d’accompagnateur et d’animateur de groupes divers (Big Bunny & The Carrots, Acoustic Jam, Aleph, Huy!, Jo Lemaire, Michel Drucker Experience, Abbey Road, Such a Noise) au cours des quarante dernières années. Avec sa nouvelle formation, il a déjà eu l’occasion de nous montrer l’ampleur de son talent à trousser du psychédélisme cultivé et poignant et c’est avec une certaine excitation que j’enfourne son nouveau CD dans ma machine à tonnerre.

Et comme il fallait bien évidemment s’en douter, Alain Pire remet le couvert et signe un nouveau coup de maître. Il faut dire que le titre de ce nouveau disque en disait déjà long : « Songs from the 13th floor » placardait des références évidentes aux mythiques 13th Floor Elevators, un des groupes fondateurs du rock psychédélique en cette riante année 1966. C’est donc vers un nouveau voyage dans la musique des années 60 auquel nous convient Alain Pire (guitare et chant), Marcus Weymaere (batterie) et René Stock (basse) mais il faut admettre ici qu’un renforcement de la personnalité propre du groupe va apporter une nouvelle plus-value à l’ensemble.

Sur le précédent album, on devinait en effet facilement les influences héritées des Doors, de Cream, des Beatles, des Master’s Apprentices et d’une flottille de groupes de série B des Sixties qui méritent néanmoins le détour. Ici, Alain Pire a réussi à imposer sa marque personnelle sur des morceaux qui se revendiquent toujours du psychédélisme Sixties mais qui laissent suinter une originalité propre.

Et dans le décompte des morceaux présentés, on continue de se régaler avec des compositions ciselées et évocatrices, des solos de guitares inspirés et aériens, des montages spatio-temporels qui montent très haut et une poigne de fer dans un gant de velours pour ce qui est de la maîtrise rythmique. On remarque que la disposition des morceaux suit une logique d’allongement de la durée des chansons au fur et à mesure que l’on progresse dans le disque. On démarre avec les apéritifs de trois minutes (« The sun don’t shine », l’excellent « Smoking DMT », « Lazin’ in the afternoon »), puis les entrées de cinq minutes (le grand « When the Moon is on the rise », « Our life », « Do you remember those days? ») puis les plats principaux à six/sept minutes (« You walk around », « Learn to fly ») et enfin le dessert faramineux culminant à douze minutes (« Turn on, tune in, drop out »). Ce dernier titre est une référence à une formule célèbre du professeur Thimothy Leary, le pape du LSD, qui préconisait cette méthode pour bien partir dans le voyage lysergique. Mais ce titre reste une composition originale d’Alain Pire, comme toutes les autres chansons de l’album, d’ailleurs.

Et plus on se perd dans la durée, plus les morceaux deviennent impressionnants. Ça percute dans des formules rock à la Cream ou Electric Prunes sur les premiers titres, ça affine un peu les propos façon Procol Harum ou Byrds sur les trois suivants puis ça ouvre les vannes sur un « You walk around » qui claque comme des Shadows Of Knight hypernerveux ou des Kinks juvéniles. On est alors prêts pour la montée vers l’Himalaya sur le cosmique « Learn to fly » et le grandiose « Turn on, tune in, drop out » qui part chasser les soucoupes volantes entre Mars et Saturne. Plusieurs phases planantes et électriques se succèdent dans ce titre exemplaire. Les guitares giclent de partout et c’est un grand festival de sonorités ondulantes et chahuteuses.

Dans ce parcours, Alain Pire semble reconstituer l’évolution qu’a connue le rock psychédélique dans les années 60, transitant de la pop des Beatles vers le hard rock du tout début des années 70. On peut encore une fois confier ses tympans en toute confiance à ce petit maître du revival rock psyché, qui bonifie avec le temps.

Pays: BE
Autoproduction
Sortie: 2016/01/15

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