NEUMEIER, Mani – Talking Guru Drums
Mani Neumeier est un batteur légendaire. Leader de la fameuse formation Krautrock Guru Guru qu’il avait fondée en 1968 et avec laquelle il a mis en boite une bonne trentaine d’albums, le musicien allemand est également célèbre pour ses collaborations avec des artistes aussi divers et variés que la pianiste Free Jazz suisse Irène Schweizer, l’artiste expérimental suisse allemand Dieter Möbius, le guitariste Jazz américain Sonny Sharrock et, plus récemment, le groupe psychédélique japonais Acid Mothers Temple (NDR : l’un des albums issu de cette étonnante collaboration germano-nipponne a d’ailleurs fait l’objet d’une chronique dans nos pages).
Purple Pyramid Records (NDR : l’une des divisions du label américain Cleopatra Records) publie aujourd’hui « Talking Guru Drums », le dixième album solo de l’artiste. Je l’avoue sans honte, je ne suis pas familier avec le musique de Guru Guru, pas plus d’ailleurs qu’avec celle des nombreux projets sur lesquels Mani Neumeier à posé ses percussions magiques. La toile, cependant, n’hésite pas à décrire l’artiste comme l’un des percussionnistes les plus influents de tous les temps et à vanter les mérites de son jeu particulier. Le batteur, qui vit (ou a longtemps vécu) au Japon, aurait même sa propre statue au musée de cire de Tokyo, ce qui, on s’en doute, n’est pas donné au premier cogneur venu.
Aujourd’hui âgé de 76 ans, Mani Neumeier n’est toujours pas décidé à prendre sa retraite et plutôt que de végéter seul dans son coin, il a tenu à nous faire partager son ennui. C’est en tout cas la seule explication que j’ai pu trouver pour justifier le calvaire auditif qu’est « Talking Guru Drums ».
Les quatre premières minutes de « Time Drops » s’égrainent au son (insupportable) d’une goutte d’eau qui tombe. De subtiles percussions, de nombreux bruitages et quelques murmures indistincts viennent peu à peu se greffer sur l’atroce supplice chinois afin de former une plage de plus de seize minutes. C’est long quand on souffre ! Vient ensuite l’enjoué « Shaman Dancer » et ses onze minutes de couinements d’oiseaux, de percussions dansantes et d’incantations shamaniques qui pourraient très bien servir de bande son au prochain épisode des aventures de ‘Blu’, le perroquet bleu du film d’animation Rio.
Percussions expérimentales et (imitations de) bruits d’oiseaux, encore, pour les neuf minutes de « Mori No Kaeru », tandis que les huit minutes et cinquante six secondes de « Maori Haka News » tentent de faire fusionner des coassement de grenouilles et des percussions tribales Maori avec un solo de batterie. « Im Zaubergarten », qui vient ensuite, est un titre lancinant qui semble avoir été créé à partir d’instruments japonais traditionnels. Une dame répondant au nom d’Etsuko Watanabe y fredonne d’ailleurs quelques étranges lignes de chant. Il me faudra encore ronger mon frein durant les treize minutes de flute, de bruits de rivière et de percussions expérimentales du titre « Om Mani Tom » pour que se termine ce qui fut pour moi une véritable torture mentale.
Respect pour l’artiste et sa carrière. Je ne comprendrai décidément jamais rien à l’art.
L’album (71’49) :
- Time Drops (16’21)
- Jingle A (0’17)
- Shaman Dancer (11’18)
- Jingle B (0’18)
- Mori No Kaeru (9’22)
- Jingle C (0’21)
- Maori Haka News (8’58)
- Jingle D (0’27)
- Im Zaubergarten (10’12)
- Om Mani Tom (13’23)
- Jingle Shiva Bells (0’59)
Le groupe :
- Mani Neumeier : Batterie, cymbales, gong, handsonic, percussions, kalimba, voix
- Jan Fride : e-drums, darbuka, percussions, iron-gamelan
- Etsuko Watanabe : voix
- Eiko Yamada : Flute
Pays: DE
Purple Pyramid Records CLO0211
Sortie: 2016/05