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ABORTED – Retrogore

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Depuis quelques années, les death métallurgistes belges d’Aborted connaissent une période faste en matière d’inspiration au service de la musique qui fait trembler les murs et qui donne envie d’étrangler le voisin. Après les surpuissants « Global flatline«  (2012) et « The necrotic manifesto«  (2014), voici le non moins surpuissant « Retrogore », qui vient ajouter un neuvième élément à la discographie déjà bien saignante du groupe, qui vient de fêter ses vingt ans d’existence.

Pour qui connaît Aborted, il est inutile de rappeler que ce groupe toujours mené par le fringant Sven de Caluwé, chanteur égosillé du combo, a toujours manifesté un intérêt évident pour la charcuterie fine, que ce soit par la musique ou par ces bons vieux films d’horreur des années 1980, où savants fous et tueurs pourrissants et griffus venaient terrifier les petits et les grands. On retrouve cette atmosphère horrifique dans le nouvel album « Retrogore », dont le titre veut bien dire ce qu’il veut dire. Cet hommage à l’horreur Eighties se reflète aussi sur la pochette de l’album, qui représente une scène de laboratoire digne d’un bon vieux « Ré-animator » ou d’une petite visite sur Terre des cénobites de « Hellraiser ».

Et le contenu vaut le contenant avec un assaut d’une douzaine de morceaux qui viennent faire rissoler les neurones et expédier l’auditeur pantelant dans une machine infernale qui réduit les tympans en compote. Sven de Caluwé et ses sbires JB van de Wal (basse) et Ken Bedene (batterie), aidés par les guitaristes Mendel Bij De Leij et Danny Tunker, sont plus en forme que jamais et contribuent à l’élévation du réchauffement climatique en assénant d’impitoyables éboulements de riffs dorés au cupronickel.

On démarre sans ménagement avec un monstrueux « Retrogore », plage titulaire juste annoncée par une petite introduction gentille qui ne tarde pas à dégénérer (et dont le titre « Dellamorte dellamore » est une référence directe à un film d’horreur de 1994). Les créatures sonores sont donc lâchées et nous font un festival d’ultra-violence garantie par l’amicale des bourreaux iraniens. Ça hache menu sur « Cadaverous banquet » avec des tempos qui frisent la vitesse du son. Pareil pour « Whoremageddon », qui fait intervenir au passage des breaks nourris à la graisse d’ours. Citons encore l’inquiétant et colossal « Termination redux » qui semble être la musique d’attente du standard téléphonique de l’enfer, et le rassurant « Bit by bit » qui est annoncé par un extrait d’un vieux film d’horreur des années 40 (avec la voix de Bela Lugosi, si je ne m’abuse).

Le traitement inhumain se poursuit dans la joie et la bonne humeur avec « Divine impediment », « The mephitic conundrum », « Forged for decrepitude » ou « In avernus », pour citer d’autres exemples qui montrent encore Aborted en accélération constante, en rage permanente, trouvant son inspiration soit dans le cinéma gore, soit dans la critique d’une société contemporaine en décrépitude avancée. La production signée Kristian Kohlmannslehner (Benighted, Crematory, Powerwolf) vient parfaire le travail et se pose comme une continuation de la collaboration entre Aborted et Jacob Hansen sur les deux albums précédents.

Aborted poursuit donc sa courbe ascendante avec ce nouvel album qui viendra compléter excellemment la discographie de ce groupe, qu’on espère encore fertile et inspirée pour les temps à venir. La route de l’enfer se trouve ainsi solidement pavée par ces cantonniers démoniaques.

Pays: BE
Century Media
Sortie: 2016/04/22

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