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ULAN BATOR – Abracadabra

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Connaissez-vous Ulan Bator? Je ne parle pas ici de la capitale de la Mongolie mais d’un groupe français qui officie dans un carrefour musical occupé par le noise rock, le post rock et l’art rock. C’est vrai que peu de personnes connaissent ce groupe – à commencer par moi – ce qui est d’autant plus impardonnable qu’Ulan Bator existe depuis 1993. Cela fait en effet plus de vingt ans qu’Amaury Cambuzat anime ce groupe qui est aussi et surtout sa créature et le projet sur lequel il règne en maître exclusif.

Amaury Cambuzat a ainsi réalisé une dizaine de disques sous la bannière Ulan Bator, d’abord avec une équipe stable composée de Franck Lantignac (batterie) et Olivier Manchion (basse) durant les années 1993-1999 (les albums « Ulan Bator », 1995; « 2° », 1996; « Végétale », 1997; le EP « D-construction », 1999), puis avec Matteo Daniese remplaçant Franck Lantignac en 2000 (les albums « Ego : Echo », 2000; « OK : KO », 2002; « Nouvel air », 2003 et « Rodéo massacre », 2005). Puis à partir de 2005, le line-up devient plus changeant autour d’Amaury Cambuzat et surtout très italien puisque l’on voit défiler des musiciens nommés Manuel Fabbro, Alessio Gioffredi, Diego Vinciarelli, Luca Andriola, Giordano Ceccotti ou Raffaela Mastricciano. Ainsi, Amaury Cambuzat poursuit l’existence d’Ulan Bator au travers du EP « Soleils » (2009) et des albums « Tohu-bohu » (2010), « En France/en transe » (2013) et le nouveau « Abracadabra ».

Le style du combo d’Amaury Cambuzat a évolué de sonorités très noisy aux débuts (comme le montre la compilation « Ulanbaatar » qui assemble des inédits des premières années 1993-1998) à des ambiances beaucoup plus arty et aériennes, à partir de 2000, date où sort l’album considéré comme le plus important d’Ulan Bator, « Ego : Echo ». Depuis, Amaury Cambuzat distille une musique à la fois alambiquée, planante et psychédélique d’où émerge une voix diaphane qui possède à peu près autant d’octaves que celle d’Etienne Daho.

On ne déroge pas à cette règle sur le dernier album « Abracadabra » qui propose une dizaine de titres hantés par une poésie sombre (« Chaos », « Longues distances ») et jalonnés par des atmosphères douces, dont la douceur est davantage synonyme de langueur dépressive que de tranquillité d’esprit. Rythmiques répétitives et sonorités languissantes constituent le gros des ambiances de cet album, qui dévie néanmoins vers des mélodies plus légères (« Ether », « Protection ») ou de l’énervement quasiment tribal (« Evra kedebra »). Un peu de bruitisme vient aussi varier les plaisirs (« Holy wood », « Golden down ») et « Radiant utopia » résume en quelque sorte à lui seul la philosophie de cet album, avec un début délicat laissant peu à peu la place à des interventions instrumentales plus pesantes et angoissantes.

Amaury Cambuzat projette ici ses états d’âme, entre poésie et rêverie, avec une science pertinente de la construction d’atmosphères prenantes qui ne peuvent laisser indifférent. En découvrant Ulan Bator, même vingt ans après, on ne perd pas son temps et on tombe sur une œuvre intemporelle et éminemment intéressante.

Pays: FR
Overdrive ODR 022
Sortie: 2016/01/26

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