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HOLY ESQUE – At hope’s ravine

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Attention, talent en vue! Pour ceux qui aiment le post-punk et la new wave, en tous cas. En effet, avec Holy Esque, on replonge directement dans le son des années 80, à l’époque où les synthétiseurs remplaçaient les guitares électriques et où les coupes iroquoises vert fluo avaient laissé la place à des chevelures noires de geai et mal peignées. Mais Holy Esque fait bien plus que de reproduire une musique héritée de Simple Minds, The Cure ou Echo & The Bunnymen. Ce groupe écossais formé en 2011 explore le post-punk en ayant assimilé les leçons des années 1990 et 2000. On sent aussi que quelques écoutes de Nine Inch Nails, The National, Interpol ou LCD Soundsystem ont laissé des traces.

On ne comprendrait pas la musique de Holy Esque sans savoir d’où vient ce groupe. Pat Hynes (chant et guitare), Hugo McGinley (guitare), Keir Reid (claviers) et Ralph McClure (batterie) ont grandi à East Kilbride, une ville nouvelle de la banlieue de Glasgow, toute en béton et en rues tracées à la règle. Cette ville a vu également naître le groupe Jesus & Mary Chain, encore une grosse influence d’Holy Esque. L’ennui urbain est propice au vague à l’âme et les gens d’Holy Esque développent leur univers musical autour de la tristesse et de la mélancolie. L’ombre de Joy Division n’est pas loin non plus.

Holy Esque se forme alors que ses membres ont rejoint les murs plus hospitaliers de Glasgow, une ville qui voit se développer des groupes de la nouvelle génération comme Mogwai, Glasvegas ou Chvrches, sans parler des magnifiques et référentiels Franz Ferdinand. Pour se faire connaître, Holy Esque diffuse ses premiers morceaux sur Internet, et la chanson « Rose » commence à faire impression. Suivent alors une poignée d’EPs en 2012 (« Holy Esque ») et 2014 (« Sovereign ») qui continuent d’attirer l’attention sur la Toile.

Et enfin paraît le premier album d’Holy Esque, un disque d’une rare puissance évocatrice dominé par le chant particulier de Pat Hynes. Celui-ci avoue s’être rendu compte assez tard qu’il avait une voix exceptionnelle. Pas vraiment dans le timbre ou la tessiture mais dans le caractère, avec une voix poisseuse, saline, cassée, un carrefour entre Marianne Faithfull, Bonnie Tyler ou Rod Stewart, plus un je ne sais quoi qui rappelle aussi le regretté Jim Diamond, chanteur de l’éphémère groupe PhD, qui eut son petit succès en 1982 avec « I won’t let you down ». Un Ecossais lui aussi.

Bref, la voix de Pat Hynes ne laisse pas indifférent. On aime ou on déteste. Pour ceux qui auront survécu au test de la voix, ils pourront alors entrer dans l’univers grandiose et désespéré d’« At hope’s ravine », un album qui déploie de lourdes nappes de synthétiseurs et fait cavaler des rythmiques syncopées et haletantes. Dès le départ, on est capté par l’impressionnant « Prism », aux références eighties imparables. On pense aux ambiances d’Echo & The Bunnymen, à la tension de New Order, à la profondeur du son des premiers U2. C’est cette atmosphère tendue et synthétique qui prédomine tout au long de l’album, avec de jolis épisodes comme ce « Rose » immédiatement mémorisable, « Hexx », le cérémonieux « Covenant (ill) », l’urgent « Silences », le faussement langoureux « Strange » ou le pleureur « Doll house ».

Le dernier tiers de l’album ne révèle plus autant de surprises mais Holy Esque continue d’y affirmer sa forte personnalité musicale. Ce groupe commence à monter en puissance grâce à des passages à la BBC ou à la station KEXP de Seattle. Une tournée anglaise est prévue en avril mais rien du côté de l’Europe continentale. La percée d’Holy Esque serait un événement extrêmement sympathique mais l’inconnue reste de savoir si une majeure partie du public pourrait apprécier la voix si particulière de Pat Hynes.

Pays: GB
Beyond The Frequency
Sortie: 2016/02/26

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